Par une nuit à la météo inquiétante, 10 personnes au caractère affirmé sont confinées dans un motel et vont disparaitre brutalement les unes après les autres, sans arriver à identifier qui les extermine. Premier thriller du réalisateur James Mangold, Identity est proposé par Columbia Tristar Home Vidéo dans une version Blu-Ray à l’image superbe. Un film manipulateur au casting bien fourni qui vaut la peine d’être regardé ne serait-ce que pour l’originalité de son scénario dont le coup de théâtre final est inédit.
Orage, eau, désespoir.
Une nuit de déluge, alors qu'un orage violent noie les routes et empêche toutes les communications cellulaires, une femme se fait renverser sous les yeux de son mari (John C. McGinley) et de son enfant par le chauffeur d’une limousine (John Cusack). Ne pouvant joindre les secours, le chauffeur inattentif décide d’emmener tout le monde au motel le plus proche pour y trouver du secours. Dans le même temps, un policier (Ray Liotta) et son détenu arrivent au même motel pour y faire étape en attendant que le ciel soit plus clément. De fil en aiguille ce sont finalement 10 clients de tous horizons qui doivent se côtoyer pour la nuit, contraints qu’ils sont par l’orage de se retrancher dans un motel de seconde zone, seul lieu hospitalier du coin.
Mais alors que les caractères se confrontent pour palier aux urgences, l’ambiance tendue tourne à la terreur lorsque la tête d’une des clientes est retrouvée dans un machine de la laverie. La suspicion commence à naître au sein de la petite communauté et la tension monte encore d’un cran alors qu’un second meurtre survient, sans qu’aucun témoin ne puisse confondre l’assassin. Détail troublant, chacun des corps est retrouvé avec une clef de chambre dont la numérotation décroit depuis 10 à chaque meurtre, tel un compte à rebours, ce qui n’augure rien de bon.
Un cauchemar sang issue
Entre les pétages de plombs et les pertes de sang froid des uns et des autres, la tension monte crescendo tout au long du film et donne lieu à nombre de confrontations violentes entre les protagonistes luttant contre l’extinction de leur communauté improvisée. Le problème c’est que l’enchainement des décès défie toute logique et que les survivants peinent à trouver un point commun entre tous les meurtres jusqu’à ce qu’ils se rendent compte d'un détail troublant qui apporte bien évidemment son lot de questionnement supplémentaire. Suit alors un enchaînement de situations qui tournent au cauchemar pour chacun des individus qui se fait occire. Des personnages d’horizons divers, tous intrigants : une prostituée rebelle, une starlette arrogante, une famille reconstituée au père introverti, un ancien flic devenu chauffeur pour on ne sait quelle raison, un policier trouble en activité promenant un détenu dont on ne sait rien, un obscur gérant du motel plutôt pouilleux, un couple à peine marié qui se dispute en permanence, etc.
Dribbler thriller
Comme dans tout bon thriller, chaque fois que l’on pense avoir cerné l’assassin, un rebondissement remet en question l’hypothèse et les compteurs sont remis à zéro. En attendant, ça découpe, ça tranche, ça étouffe, ça pulvérise et le nombre de personnages s’amenuise. On se fait facilement chahuter par le scénario qui fait reporter à plusieurs reprises les soupçons d’un personnage à l’autre ce qui n’empêche pas d’être ému par l’histoire personnelle et souvent pitoyable de chacun de ces pions qui constituent l’échiquier de l’histoire. Pour un premier essai de James Mangold dans le monde du thriller Identity, tout en étant très bon, n’évite pas certains clichés comme le confinement d’une troupe de palanquins servis en pâture au tueur ou comme la grognasse de service qui fait justement ce qu’on lui a recommandé de ne pas faire. Mais dans l’ensemble le cinéaste s’en sort plutôt très bien, tant grâce à la distribution fort appétissante du film qu’au coup de théâtre final qui remet en question toutes les hypothèses construites par le spectateur.
Mobide mais sans excès, le film suggère les assasinats plutôt que de filmer leur violence. Très peu d'hémoglobine donc, juste quelques cadavres ou leurs restes filmés avec une certaine pudeur ce qui permet au spectateur de se concentrer avant tout sur l’intrigue servie par des acteurs de qualité qui donnent de la crédibilité aux personnages dont les énergies et les cadences sont des plus variées : aura philosophique et sagesse pour certains, sens pratique et instinct explosif pour d’autres. Ce contraste entre les protagonistes de l’histoire accentue la manigance générale dont le secret reste invisible aux yeux du spectateur jusqu’à la toute fin du film.
Conclusion
Un film casse-tête envoutant mêlant l’horreur et le mystère, qui ne ménage pas les méninges du spectateur. Frissons, violence, angoisse, suspens et émotion sont au programme grâce à un scénario finement déroulé par la mise en scène et très habilement servi par le montage du cinéaste. Un film d’atmosphère, tantôt lugubre, tantôt tragi-comique, dont le rythme soutenu ne laisse pas de place à l’ennui.