Don Salluste profite de ses fonctions de ministre des finances du roi d’Espagne pour racketter le peuple. Mais la reine qui le déteste parvient à le chasser de la cour. Ivre de vengeance, il décide de la compromettre. Son neveu Don Cesar, ayant refusé de se mêler du complot, c’est finalement le valet de Don Salluste, Blaze transi d’amour pour la reine qui va tenir le rôle du prince charmant.
Libre adaptation, voir même relecture assumé de « Ruy Blas » de Victor Hugo, « La folie des Grandeurs », fait certainement partie des plus grands classiques de la comédie française. Dirigée par Gérard Oury (La grande Vadrouille), cette revisite du chef d’œuvre de la littérature française est un véritable bonheur d’humour et de loufoqueries dont Louis De Funès reste le chef d’orchestre.
Le réalisateur aimait les duos et était responsable du plus grand et du plus fonctionnel de l’histoire du cnéma Français : De funès et Bourvil, c’était d’ailleurs à ce dernier qu’était prévu le rôle de Blaze, seulement sa mort força Gérard Oury à revoir sa copie et adapta le personnage à Yves Montand. Et la magie de sa mise en scène fonctionne à merveille : « La folie des grandeurs » fut l’un des plus grands succès de l’année 1971, et une sorte de répétition générale pour l’acteur comique qui rêvait depuis longtemps de jouer : Harpagon dans « L’avare », et qui trouva dans le rôle de Don Salluste, le compromis idéal en attendant d'avoir la maturité suffisante pour jouer Molière.
Louis De Funès joue ici l’un de ses plus grands rôle au cinéma. Sa composition de Don Salluste est tout bonnement rejouissante. L’acteur maitrise son sujet, même s’il estime toujours manquer de maturité pour un tel personnage, et offre à son public une succession de gags tous plus soignés les uns que les autres. Le duo qu’il forme avec Yves Montand, particulièrement ravi de ce rôle comique, est devenu l’un des plus cultes de l’histoire de la comédie, avec des scènes aussi marquantes que « Il est l’or, monseignor », ou encore celle du bain de Don Salluste. Et ainsi de suite pratiquement jusqu’à la fin.
Le scénario prend soin de ses acteurs et leur offre des rôle à la mesure de leur talent. Le personnage de Blaze (Yves Montand) est devenu une sorte de Scapin, qui n’hésite pas à utiliser son talent pour séduire la reine et se jouer de son maître. Quand à celui de Don Salluste, il sert à merveille les qualités comiques de Louis De Funès en lui offrant des gags à foison et un personnage d’avare et de fourbe incroyablement bien pesé. Son personnage est certainement l’un des plus sombres et des plus odieux de sa carrière. Gérard Oury, Daniele Thompson et Marcel Jullian ont créé un personnage cynique et perfide qui tente par tous les moyens, même les plus odieux de récupérer sa fortune, un homme qui n’hésite pas à opprimer le peuple pour son propre intérêt. Le scénario force le trait des personnages et peut aisément se mesurer aux œuvres de Molière tant la dérision y est présente avec justesse.
En conclusion, « La folie des Grandeurs » est un film cultissime, qu’il faut absolument posséder dans sa vidéothèque, tant le duo De Funès/ Montand fonctionne sous la direction du maitre du genre : Gérard Oury.