Sur le papier, Vampire Diaries a tout d’un ersatz télévisuel de Twilight, les deux sagas partageant la même intrigue – une histoire d’amour entre un vampire et une humaine – et les mêmes origines – nos bibliothèques (les livres de Stephenie Meyer pour Twilight et les romans Le Journal d’un vampire de L.J. Smith, publiés en 1991 soit 15 ans avant le phénomène du moment !). Pourtant, la comparaison s’arrête là tant la série créée par Kevin Williamson, scénariste attitré de Wes Craven (les personnages et scénarios de Scream sont nés de sa plume ; le soap Dawson aussi), s’éloigne des carcans teenage dans lesquels on aurait tort de l’enfermer trop vite. Certes, il faut passer les trois ou quatre premiers épisodes gnangnan, qui posent l’intrigue amoureuse partagée par Stefan (Paul Wesley) et Elena (Nina Dobrev) et installent les décors délétères qu’offre Mystic Falls, théâtre de plusieurs disparitions mystérieuses.
Nimbé dans une nuit quasi éternelle, Mystic Falls abrite une foule d’adolescents malades. Qu’ils soient orphelins ou abandonnés par leurs parents, ils doivent grandir et affronter la vie dans un environnement crépusculaire, où les morts s’accumulent et les larmes coulent sur les visages meurtris à jamais. Au final, Vampire Diaries tire son épingle du jeu en s’intéressant moins au(x) histoire(s) d’amour qu’à ses protagonistes évoluant dans une nuit noire ne rimant pas avec espoir. Et contrairement à Twilight, le folklore vampire-sorcière-loup-garou est respecté et donne un cachet authentique à cette intrigue plus tragique que prévue.
Dans sa catégorie (un drama adolescent diffusé sur la chaîne américaine The CW), Vampire Diaries apparaît très violente, très dark. Ce constat est induit de la présence d’un personnage : Damon, le frère méchant de Stefan. Incarné par l’excellent Ian Somerhalder (Boone dans Lost), il est imprévisible, cynique, égoïste mais cache en réalité une solitude salvatrice, des maux sentimentaux en pleine cicatrisation et un passé trouble (que l’on découvre petit à petit via des flashbacks). Et si l’acteur a tendance à trop forcer son jeu – notamment sur les mimiques faciales -, ce n’est que pour mieux souligner la souffrance éternelle de ce vampire détesté puis adoré. Gros point fort de Vampire Diaries, Damon contraste sans doute trop avec le reste du casting, qui s’évertue souvent à faire du remplissage (Matt, Caroline, Tyler, Jenna sont autant d’exemples) pour gonfler les intrigues.