L’histoire
1942. Après que leur appareil se soit abîmé au-dessus de l’océan, trois hommes font naufrage sur une île mystérieuse.
Critique subjective
Critique rédigée par Julien Sabatier
Petit budget confectionné en dehors des circuits classiques, L’île est une expérience rare dans le paysage cinématographique français. Un projet atypique qui mérite assurément que l’on parle de lui. C’est parti.
Ecrit, produit, réalisé et monté par Olivier Boillot, L’île est d’abord un pari ambitieux à plus d’un titre.
En effet, plutôt que de s’assurer un certain confort en tournant un énième slasher en forêt ou un huis-clos horrifique dans une cave, le réalisateur a préféré suivre sa propre sensibilité et opter pour un film d’aventures (avec un net penchant pour Jules Verne et le serial), fantastique et d’époque (l’action se déroule en 1942). Constat identique au niveau du financement. Là encore, Boillot ne choisira pas la solution de facilité, récoltant des fonds privés rhône-alpins au lieu d’inscrire son œuvre dans les traditionnels circuits de financement (aides régionales, subventions du CNC, etc.). Un long-métrage hors des sentiers battus qui nécessitera presque quatre années de labeur.
Esthétiquement, Olivier Boillot peut être fier de son bébé. La mise en scène est soignée, la photographie transcende le format HD, les effets spéciaux (nombreux pour une production de ce calibre) tiennent la route, les décors sont convaincants et la séquence animée fonctionne.
Evidemment, la finition n’est pas celle d’un blockbuster à deux cent millions de dollars mais n’empêche que jamais les contraintes budgétaires ne transparaissent à l’écran, ou si peu. L’île peut donc se targuer d’avoir de l’allure, une qualité qui était loin d’être acquise. Formellement, seule la musique, trop présente et « giacchinesque » en diable (le compositeur a du passer trop de temps devant Lost), déçoit quelque peu.
Si le film affiche de gros défauts qui l’empêchent d’être concluant, ceux-ci ne tiennent ni à ses visuels, ni à ses contraintes financières. Le problème est ailleurs, et plus précisément du côté de l’écriture. C’est en effet au niveau de la plume que le bât blesse. L’histoire manque de fluidité (la première séquence dans le trou semble interminable), les dialogues sont assez catastrophiques et les personnages fonctionnent mal (l’obsession de Franck pour le mystère de l’île paraît exagérée) ou pas du tout (Pierre est agaçant au possible). Manque aussi au métrage l’étincelle de magie, l’alchimie qui aurait pu le faire décoller vers d’autres sphères. Dommage.
Verdict
A l’arrivée, L’île est une expérience paradoxale, à la fois très inégale mais encourageante. Espérons qu’Olivier Boillot aura l’occasion d’enchaîner sur d’autres projets filmiques tout en sachant rectifier le tir.