L’histoire :
Kidnappés par un chirurgien fou, trois jeunes gens vont servir de cobayes pour une terrible expérience.
Critique subjective :
Après avoir écumé les festivals du monde entier, The human centipede (First sequence) nous parvient finalement en DTV. Une sortie vidéo qui intervient au moment où le second opus (sous-titré Full sequence), vient de s’attirer les foudres de la censure britannique, écopant d’une interdiction aux moins de dix-huit ans malgré plusieurs coupes.
The human centipede, c’est d’abord un pitch fou. L’histoire d’un chirurgien dément qui décide de fabriquer un unique système digestif avec trois personnes, cousant bouches et anus entre eux. Le mille-pattes humain est né. Le concept est dérangeant et diablement original. Son inventeur, Tom Six, assure que l’idée lui est venue simplement après qu’il ait réfléchi au meilleur châtiment possible pour un criminel pédophile (lui coudre la bouche à l’anus d’un gros routier).
Malgré les apparences, The human centipede ne s’inscrit pas dans la veine du torture porn. Pas question ici de surfer sur la vague du gore glauque et complaisant. Dans First sequence, l’objectif du ravisseur est d’abord de réussir une expérience scientifique et non pas de faire souffrir ses trois cobayes. D’ailleurs, l’opération, réalisée sous anesthésie, n’est (quasiment) pas montrée, tout comme le fameux aspect « coprophagie forcée », abordé lui aussi de façon plutôt allusive. Conscient du côté suffisamment barré de son concept, le métrage ne cherche pas à verser dans le trash outre mesure. Plutôt que de céder aux sirènes des débordements graphiques, son auteur préfère cultiver une ambiance étrange, délétère. Huis clos macabre convoquant Cronenberg et Miike, The human centipede traite donc son sujet de manière inattendue, avec une certaine retenue que rien ne laissait présager. La démarche de Tom Six se veut réaliste (tout ce qui est montré à l’écran est chirurgicalement correct), clinique.
Le film se plait aussi à revisiter la figure du savant fou via le personnage du docteur Heiter. Chirurgien allemand au patronyme suggestif et à la silhouette connotée troisième Reich, il permet au métrage d’évoquer les pages les plus sombres de l’Histoire (les abominables expériences de Mengele ne sont pas loin). Heiter, c’est aussi la révélation de l’incroyable Dieter Laser, un acteur au physique singulier qui s’investit corps et âme dans ce rôle marquant. The human centipede doit beaucoup à sa prestation.
Pour un film concept, The human centipede tient bien la distance, capitalisant sur de bonnes idées (le Japonais en tête de file), une interprétation de qualité (on compatit pour les victimes) et un suspense rondement mené. S’achevant sur une note émouvante (le final est d’une tristesse absolue), le métrage nous surprend jusqu’au bout.
Verdict :
Film aux apparences trompeuses, The human centipede est une œuvre horrifique qui mérite le visionnage.