Tout va finir. Voldemort est en possession de la baguette de sureau, alors que Harry Potter et ses amis n’ont pas encore réuni tous les horcruxes. La bataille finale est proche, mais Harry peut-il la gagner ?
Critique de Sebastien Keromen
A quoi sert cette critique ? Y a-t-il une seule personne sur Terre qui attende un avis avant d’aller voir le 8e film d’une série, qui est de plus la deuxième moitié du 7e ? Alors on va juste supposer que ce qui vous intéresse, c’est de savoir si la série se termine en beauté ou en eau de boudin magique. Même si vous devez déjà avoir une petite idée, puisqu’il s’agit du quatrième film de la série porté par la même équipe. Qui sait de quoi elle parle. Et qui nous a donc préparé un final à la hauteur de la saga. Voilà, c’est dit, le huitième opus (qu’on va appeler HP7b parce que c’est trop long à citer à chaque fois, et d’ailleurs sur le ticket de ciné il y a marqué « HP 7 2eme P 3D VO », c’est presque pour les initiés) est dans la lignée des précédents, sans dépareiller, mais sans non plus hisser le niveau pour le dernier tour d’honneur. Grâce à la séparation en deux de l’adaptation du dernier livre, le film a tout le temps de résoudre l’intrigue, sans perdre d’événement majeur, tout en modifiant légèrement les détails, contraintes cinématographiques obligent. Mais finalement les simplifications se sont faites sans mal, toute la théorisation sur la nature des horcruxes, non reprise à la fin du 6ème film, a été remplacée sans que ça fasse artificiel, et même toute l’histoire des propriétaires de baguette magique est plus claire que dans le bouquin (qu’il fallait lire deux fois pour être sûr d’avoir bien compris).
Pas la peine de s’étendre sur les acteurs, qui sont tous parfaits dans leurs rôles, et qui sont bien gentils de venir, sauf pour les 3 principaux et Voldemort, pour deux ou trois scènes maximum, mais avec tout ce monde il n’y avait pas trop le choix. Les effets spéciaux sont à nouveau parfaits, le monde correspond toujours à ce qu’on en imaginait, on ne craignait pas grand-chose de ce côté-là. La musique, en plus du superbe thème de Harry Potter (pour lequel on ne remerciera jamais assez John Williams, franchement, une série de 8 films sans un thème mémorable, ça aurait été dommage), est assez superbe, variée, pas trop envahissante, vraiment du beau boulot, pas de faux pas. Si vous connaissez l’histoire, vous savez déjà que ce l’histoire recèle des passages noirs ou émouvants, et le film ne les rate pas, n’occulte rien. Le tout avec pudeur et réserve, ce qui est tout à son honneur, mais également sur certains moments qui auraient pu être plus emphatiques, non je ne dirai pas lesquels, et qui manquent un petit peu d’ampleur du fait de cette réserve. Peut-être juste un demi regret, mais sans mal compensé par tout ce que le film apporte de réussi, dans son déroulement, dans son univers, dans son ambiance.
On était resté frustré de la fin du Prince de sang-mêlé où on nous avait par magie escamoté une grande bataille, là on va être servi. Le combat n’atteint pas l’épique du Seigneur des anneaux, mais une grande bataille de sorciers fait toujours plaisir à voir et des sort lumineux partout. Sans compter d’autres scènes d’action qui font elles aussi plaisir à voir.
Et pendant qu’on parle de trucs qui font plaisir à voir, ne parlons pas de la 3D. Car elle est absolument inutile, invisible sur la plupart des plans, et peu convaincante sur les autres. Préférez donc les séances 2D si vous arrivez à en trouver, on sent que le film n’est pas vraiment pensé pour, et même les scènes qui donneraient envie en 3D ne rendent pas. Mais dans tous les cas, c’est un superbe spectacle qui vous attend, drôle par moment, sombre et désespéré par d’autres, ou encore émouvant, ou euphorisant. Le film ne peut pas prétendre avoir inventé tout cela car le livre était là avant, mais peut sans honte se féliciter d’avoir su le rendre à l’écran aussi bien. Même l’épilogue ne rend pas trop mal, et pourtant on pouvait craindre (oui, là je ne parle qu’à ceux qui ont lu le livre). Alors je sais déjà que tout ce que je viens de raconter là ne joue pas sur votre envie d’aller voir le film, mais si vous allez, vous pouvez y aller tranquille, pas de faux pas dans ce dernier film, vous y retrouverez toute la substance et l’émotion du livre, ou (si vous n’avez pas lu le livre) vous découvrirez un final qui vous fera faire les montagnes russes des émotions.
Je m’empresse donc de vous conseiller de voir non pas ce huitième film parce que vous n’attendez pas mon conseil pour celui-là, mais toute la série si par mégarde, ou par confusion, vous ne vous y étiez pas encore plongé. Chaque film a souvent quelques défauts qui contrebalancent ses qualités, mais l’ensemble forme une épopée cohérente et envoûtante qui vous emmènera dans un monde qui ne devrait vous donner qu’une seule envie : lire les livres !
L’édition Collector est composée de deux Blu-ray, les suppléments étant tous sous-titrés en Francais.
Premier disque
C'est indiscutablement sur le premier Blu-ray, accompagnant le film, que se situe le bonus le plus intéressant. Il est en effet permis de regarder le film dans un mode intitulé « Maximum Movie Mode », traduisant un mode image dans image (PIP).
Ce module est introduit par Matthew Lewis (Neville Londubat) mais est présenté également par le réalisateur lui-même, par les principaux acteurs du film, par le producteur et par les principaux responsables des effets spéciaux... Il s’agit d’une manière follement excitante de découvrir les à côté du film, des personnages, de la production, des effets spéciaux, le tout mis en image dans une dynamique ou bonus et film se mélangent tellement que l'on ne sait plus parfois ou l’on en ait. Un trouble qui provient du fait que les différentes interventions ont été calibrées pour une intervention appropriée dans le déroulement du film, les commentaires des intervenants débutant toujours par quelques mots permettant de comprendre pourquoi le film est interrompu et détaillant l’intérêt du document proposé. Parfois, il est également proposé de lancer un reportage qui complète le commentaire en cours.
Assez logiquement, ce mode est présenté en langue anglaise mais fort heureusement, et ce n'est pas si évident avec Warner, tout est sous-titrée en français.
Ce mode est tellement riche, qu'il vaut mieux prévoir une après-midi ou une bonne partie de la soirée, voire de la nuit, pour arriver au terme du film. Mais l’ensemble est tellement bien construit, les modules complémentaires fabriqués avec tant de pertinence dans les séquences du film, que l'on ne voit pas le temps passer. Une vraie expérience représentative du potentiel du format Blu-ray, c'est tellement rare qu'il faut l’apprécier sa pleine saveur.
Deuxième disque
Le deuxième disque est composé de supplément beaucoup plus traditionnel.
Toutefois, je dois absolument vous parler du document intitulé « Quand Harry quitte Poudlard ». Ce documentaire est en fait un petit miracle dans le monde très marketé qui à toujours entouré la sortie des DVD, puis des Blu-ray de cette licence cinématographique. 45 minutes qui filent à toute allure pour un montage de séquences de tournage et de courts mais intéressantes commentaires des principaux acteurs et responsables techniques. Il est d’ailleurs à noter que pour une fois nos acteurs ne sont pas affublés de leur costume du film mais sont « en civil », c’est un peu comme s’ils étaient déjà libéré de leur rôle et partagent avec franchise leur ressenti à quelques jours de l’arrêt de cette aventure.
Et c’est bien la fin de 10 ans de complicité et de travail que matérialise ce documentaire, traduisant bien un mélange de désarrois, de nostalgie et de craintes pour un futur qui ne sera plus magique mais bien réel.
De fait, le documentaire présent habilement l’esprit de famille qui s’est construit autour des 10 ans de tournage des 8 films, avec quelques séquences d’adieux chargées d’émotion. Mais le plus intéressant c’est de découvrir la vie sur un plateau, pas toujours fun et glamour, souvent empreintes d’attente et de solitude. Il est aussi intéressant de découvrir les préoccupations sur de multiples points fonctionnels du tournage comme par exemple la gestion de dizaines d’enfants pour les séquences dans l’école.
L’interview croisée de Dan Radcliffe et de J.K. Rowlings de 53 minutes est également intéressante car elle présente, pour la première fois, le ressenti et les souvenirs de l’acteur principal et de l’auteur. Une petite heure un peu longue toutefois car la discussion qui anime nos deux compères désinteresse parfois le spectateur que nous sommes, même si de croustillantes anecdotes et informations sont apportées dans cette discussion.
J.K. Rowlings partage également sa vue « Des femmes dans Harry Potter » dans un entretien d’une dizaine de minutes. Intéressant, dans la mesure ou ces commentaires permettent de comprendre en partie la mécanique d’écriture de la Rowlings.
Enfin « Les Gobelins de Gringott » met en avant le monde de Gobelins que l’on a découvert dans le premier volet et qui prend la vedette dans la première partie de ce dernier film. Warwick Davis est ici mit en vedette.
Vous avez également la possibilité de visionner les scènes coupées, où l'on peut supposer une fois de plus que le retrait est plus lié à une question de rythme qu'à autre chose. Malheureusement aucune introduction ne vient confirmer le pourquoi du retrait. La lecture peut se faire en enchainant toutes les séquences ou par sélection de séquence coupée.
Pour terminer, en moins de 2 minutes, une bande annonce vous allèche en annonçant l’ouverture des Studio Warner Harry Potter London qui seront ouvert à partir du printemps 2012 et l'ouverture du site Internet pottermore.