L’histoire :
Voulant sauver sa femme de l’emprise d’un truand, un pauvre bougre s’improvise justicier masqué.
Critique subjective :
« Face the wrath of the Crimson Bolt ! »
Deuxième long-métrage écrit et réalisé par James Gunn (après Horribilis en 2006), Super nous parvient aujourd’hui sous forme de direct-to-video.
Déconstruction du mythe du super-héros, Super succède à Defendor et Kick Ass et peut ainsi donner l’impression d’arriver après la bataille, voire même d’exploiter le filon. Aux esprits chagrins qui s’empresseraient de taxer James Gunn de vilain copieur, on rétorquera que le script date de 2002 et que, si le sujet est identique, l’approche s’avère radicalement différente.
Super, c’est l’histoire de Frank Darbo (excellent Rainn « The office » Wilson), un pauvre type au physique ingrat, raillé et rejeté depuis sa plus tendre enfance (très court, le prégénérique est cependant loin d’être anodin). Lorsque sa femme (Liv Tyler), junkie repentie qu’il aime plus que tout, lui est ravie par un truand (Kevin Bacon), il décide de devenir Crimson Bolt, redresseur de torts vêtu de rouge (un costume bricolé dans lequel Darbo est encore plus laid) et armé d’une clé anglaise.
Avec Super, James Gunn se livre à un incroyable numéro d’équilibriste, oscillant sans relâche entre drôlerie et gravité. Un art consommé de la rupture de ton qui s’illustre parfaitement dans la séquence de la file d’attente, une scène où l’on passe du rire à la gêne en un claquement de doigts. Le film entier fonctionnera sur cette ambivalence, opposant une forme sympa (visuels fun, BO joyeuse) à un contenu parfois très âpre (graphiquement et émotionnellement). Intenses, douloureux, les rappels à la réalité s’abattront comme des couperets. Le personnage principal, à la fois pathétique et attendrissant, symbolise aussi la démarche. A noter également que Super ne serait pas tout à fait pareil sans un côté cheap et trash qui vient nous rappeler que Gunn a fait ses premières armes chez Troma.
Loin de s’endormir sur ses acquis et de laisser ronronner son film, James Gunn n’aura de cesse d’explorer son concept et d’en repousser les limites. La croisade de Darbo sera ainsi habilement remise en perspective avec l’arrivée de Boltie (Ellen Page), acolyte barrée et sexuellement agressive qui viendra questionner la morale du « héros ». Le crescendo narratif continuera de plus belle lorsque les deux personnages s’équiperont plus sérieusement. L’escalade dans la violence s’accompagnera alors d’une sensation de malaise accentuée, sans que le réalisateur ne renonce pour autant à l’humour ou renie sa tendresse envers les personnages.
Verdict :
Surclassant Defendor et Kick Ass, Super s’impose comme le meilleur film de « super-héros amateur » jamais tourné à ce jour. « Shut up crime ! ».