L’histoire :
Un jeune policier décide de se venger personnellement du serial killer ayant tué sa femme.
Critique subjective :
Succédant à The quiet family, Deux sœurs, A bittersweet life et Le bon, la brute et le cinglé, J’ai rencontré le diable est le cinquième long-métrage de Kim Jee-Woon. Après avoir fait forte impression au festival de Gérardmer (Prix de la critique, Prix du public) et bénéficié d’une sortie cinéma dans l’hexagone, il nous parvient aujourd’hui en vidéo.
J’ai rencontré la diable s’inscrit dans cette mouvance de films noirs coréens carburant à la vengeance, des œuvres sombres où la cruauté psychologique l’emporte sur une violence graphique pourtant bien corsée (avec un net penchant pour l’agression brutale au marteau). Parmi les fleurons du genre, on compte Sympathy for Mister Vengeance, Old boy et Lady Vengeance, tous trois signés par Park Chan-Wook. I saw the devil paie son tribut à cette « trilogie de la vengeance » via la présence au générique de l’excellent Choi Min-Sik (Old boy, Lady Vengeance). A noter que si la filiation est évidente, J’ai rencontré le diable n’est pas pour autant un ersatz des travaux de Park Chan-Wook, loin de là.
Un policier traque un tueur en série (Choi Min-Sik ou l’art de bouffer l’écran). Un postulat de départ tout à fait commun mais qui va faire l’objet d’un traitement imprévisible et bien tordu, la fameuse « touche coréenne ». Ici, la Loi du Talion sera le creuset d’un concept grinçant d’escalade vengeresse. La croisade vindicative s’exercera en effet en pointillés (n’en disons pas plus) jusqu’à un climax forcément jusqu’au-boutiste. Une nouvelle fois, le cinéma coréen se plaît à faire voler en éclats tous les préceptes moraux. Le personnage positif se voit ainsi contraint d’abîmer son âme pour venger son femme assassinée. Pour combattre un monstre, doit-on soi-même en devenir un ? Voilà tout l’enjeu narratif de J’ai rencontré le diable.
Virtuose de la mise en scène, Kim Jee-Woon démontre à nouveau toute l’étendue de son talent. Sens du cadre hyper affuté, filmage au cordeau, la réalisation est d’une précision … diabolique. La scène de carnage dans un taxi (!) ou la séquence chez le couple cannibale imprègnent ainsi durablement la rétine. A noter enfin que si le film est totalement explicite en matière de violence physique (ça fait très mal), il ne verse jamais dans une quelconque forme de complaisance. I saw the devil est tout sauf un torture porn.
Verdict :
J’ai rencontré le diable, un nouveau joyau noir pour le septième art coréen.