Le 5 décembre 1492, l’évêque déchu Niklaas sillonait les campagnes hollandaises avec son équipage de malfrats : gare à qui n'avait pas laissé d’offrande(s) à sa porte sous peine de cambriolage, voire pire …
Les bonnes blagues ne durant qu’un temps, les villageois excédés finissent par s’unir pour leur faire la peau : les pillards fûrent brutalement assassinés et leur chef décadent jetté aux flammes.
Heureusement pour les petits enfants, il reviendra tous les 5 Décembre au soir (de pleine lune, autant dire pas très souvent) aux rennes de son cheval fou, prêt à tuer autant de monde qu’il pourra croisant sa route !!
Il tint sa promesse en 1968 … et il reviendra hanter la nuit qui consacre son nom …
VERY BAD SANTA
Des plus connus réalisateurs néerlandais (le grand Paul Verhoeven ou l’habile Jan De Bont), il y aura toujours une pensée pour Dick Maas, marquant les esprits avec quelques pelloches sympatiques (3 Flodders, 2 Ascenseurs, 1 Issue de Secours).
Il nous revient avec un projet qui n’est pas vraiment destiné à faire des amis auprès du grand public : un film mystifiant l’équivalent de Nöel aux Pays-Bas (et le Papa qui va avec) de manière horrifique, ironique et n’omettant pas d’allumer au passage la ville d'Amsterdam (ses touristes, ses habitants ; …) ! Pour cela, il puisera dans les ressources et codes du cinéma de genre des années 80.
Le déroulement des opérations : Les préparatifs de fêtes sont vécues pépères par les habitants de la capitale et le soir de celles-ci des morts sanglantes et mystérieuses se produisent. Un flic taciturne, sûr de connaîre la Vérité mais raillé par ses collègues, voit là une occasion unique d’en finir avec une affaire personelle. Il devra faire équipe avec le seul membre d’un groupe de jeunes (forcément plaisantins et immatures) indirectement lié au responsable des meutres mais faisant office de coupable idéal aux yeux de forces de l’ordre complètement à l’ouest des évènements. On y ajoute des demoiselles en fleur, un peu de sang et du persiflage à tout va : vu comme cela, ça sent la redite cheap maintes fois éprouvée dans les eighties mais le film saura se démarquer.
Il dispose d’une étonnante richesse plastique, magnifiée par un travail sur la photographie mettant Amsterdam à son avantage !! Ajoutez à ce charme européen un manière dynamique de filmer (un peu à l’américaine, Sint ne se restreint par ailleurs jamais en effets spectaculaires), une mise en scène lorgnant entre le fantastique de BD (la cavalcade sur les toits !!!) ou le fantastique de référence (quelques reminescences d’Halloween), des effets visuels sidérants (Maquillages à l’ancienne, retouches informatiques & images de synthèse correctes) et cet humour parfois un peu vache qui n’a jamais quitté le réalisateur (on dirait du Alex de la Iglesia en moins acide) … Une grosse moitié de la mission est accomplie.
La star du film, Saint Niklaas (Huub Stapel, comédien ayant déjà travaillé par le passé avec Maas), n’est pas descendu du ciel pour distribuer des joujoux par milliers mais pour descendre tout court. Loin de l’image d’un barbu rigolard bien connu qui fait assoir les petits sur ses cuisses pour leur demander ce qu’ils veulent pour le 24’, notre badguy sera un immonde évèque défiguré, bien dégoûtant, qui occit de l’ado à gogo le soir de la Sinterklaas.
Ce qui pourra d’emblée poser problème est le mythe en lui-même : le public non sachant / conscient de l’importance de ce fameux personnage dans la culture (entre autres) néerlandaise ne sera pas autant stupéfait par la noirçeur de ses agissements (il aurait été remplacé par un tueur au Harengs, l'émasculeuse du Quartier Rouge ou l’Homme-Gouda que cela aurait été pareil), détail sur lequel misait certainement le scénario pour choquer / intéresser. Il sera alors pour beaucoup réduit au rôle du classique croquemitaine digne d’un slasher du Dimanche soir apparaissant avec sa horde lors de conditions spécifiques, au passif ne mettant jamais en lumière les raisons de sa turpitude.
Quand les méchants sont originaux (et que les héros ne sont pas très entrainants), on met en valeur leur caractère ou on développe leurs méfaits dans des situations rigolotes (cf les Gremlins) avec autant de soin qu’un personnage principal. Ici il ne faudra pas trop espérer voir notre Saint Meutrier sous toutes les coutures, il se montrera discret mais toujours mortel lors de ces appartitions. Peut-être développer la mythologie pour un # 2 ?
Volontairement ou non, ce film ne fait pas bien peur. Il y a bien 2/3 situations qui jouent de l'effroi mais globalement son intervention tient plus de la comédie noire qu’autre chose (le public connaît bien les situations convenues … il attendra simplement l’effet et la réaction des interprètes).
CONCLUSION :
Maas signe une petite farce satyrique à l'ancienne, maitrisée techniquement, rôdée scenaristiquement et toujours divertissante qui ne fera jamais bailler pendant son visionnage. Certains (fans de films d’horreur) seront deçus que ça ne larde pas plus, d’autres (amateurs de gros délires en tous genres) embêtés que ça ne parte pas plus en vrille, quelques uns (bien pensants) seront un peu choqués par son contenu … Ce ne sera pas un classique (encore moins culte) mais son originalité, son fun-factor à revendre, son décalage maintiendront sans peine éveillé et content le spectateur. Et pour ce type de productions, ce n'est pas toujours gagné d'avance.
Vous aimez les belles images ? Qu’il s’agisse des journées immaculées ou des (longues) nuits de frayeur, Sint propose une qualité d’image constamment splendide !! Comme précisé un peu plus haut, la direction artistique mérite une compression exemplaire. Ici c’est lumineux, toujours précis et les contrastes, qu’on craindrait occasionner des fourmillements, sont toujours stables, même dans l’obsurité. Une belle affaire que voilà.
D’un point de vue qualitatif, toutes les enceintes sont utilisées avec brio pour offrir des sonorités claires, incisives et minutieuses qui ne dépareillent jamais avec ce que le commun des films propose d’efficace de nos jours. On peut parfois se suprendre de souhaiter que le son soit un peu plus rude et malmène d’avantage l’installation ... mais les 3 pistes DTS HD Master Audio 5.1 (hollandaise, allemande et française) de Sint ne vous fera jamais regretter le voyage.
D’un point de vue de l’appréciation, la VO et l’allemand ayant pas mal de consonnances communes, vous y retrouverez un naturel quasi-mutuel (également une meilleure spatialisation d’ensemble), mais la VF reste globalement de qualité plaisante et professionnelle.