L’histoire :
Suite au décès de sa mère par overdose, le jeune Joshua Cody emménage chez sa grand-mère et renoue avec ses oncles, braqueurs notoires à Melbourne.
Critique subjective :
Premier long-métrage de l’Australien David Michôd, Animal kingdom arrive en vidéo précédé d’une réputation très flatteuse et … méritée.
Animal kingdom brille d’abord par son approche originale. Transcendant une intrigue classique (une organisation criminelle est menacée de l’intérieur), David Michôd signe un impressionnant drame humain. Projet documenté et longuement mûri (dix ans de gestation), le film s’affranchit des clichés et fait fi des figures imposées, au risque de s’aliéner une partie du public. Polar sombre dégraissé au maximum, le métrage est avant tout une puissante tragédie grecque. Ce n’est pas tant le gagne-pain des Cody qui intéresse Michôd (hormis les images d’archives du générique, vous ne verrez pas un seul braquage à l’écran) que leurs relations au sein d’un cocon familial pas comme les autres. Conscient des réels enjeux du film, le réalisateur accorde un soin tout particulier aux personnages et à la direction d’acteurs. Pope et Smurf (terrifiante Jacki Weaver, oscarisée pour le rôle) risquent de hanter le spectateur pour quelques temps.
Fort d’une mise en scène froide et élégante, Animal kingdom distille une ambiance terrible. Comme l’annonce la voix of du début, le métrage sera une plongée étouffante dans un monde gangréné par la peur. Le monde des Cody. Omniprésentes, les menaces qui pèsent sur la famille peuvent revêtir de multiples facettes (un antigang aux méthodes expéditives, un proche trop causant avec la police, …). Autant dire que la sérénité n’est pas franchement de mise. Tendue, explosive, l’atmosphère s’embrasera en libérant des éclats de violence d’autant plus ravageurs qu’ils sont rares et inattendus (mention spéciale à un final foudroyant). Choc garanti.
Verdict :
Quelque part entre le cinéma de Michael Mann (pour le don de créer des ambiances) et celui de James Grey (pour l’incroyable capacité à faire du neuf avec du vieux), David Michôd trouve sa propre voie et signe une envoûtante perle noire. Coup d’essai, coup de maître.