Dans les années 60 et 70 de nombreux festivals, ont eu à cœur de réunir les amateurs de musiques psychédéliques et leurs artistes. A l’instar du festival de Woodstock, certainement le plus célèbre, le Newport Folk Festival vit naitre le mouvement de paix et d’amour qui fut à l’origine du mouvement hippies.
Le film de Murray Lerner s’arrête longuement sur cet état d’esprit nouveau, presque révolutionnaire en alternant prestations live et interview prises sur le vif de nombreux artistes du moment, présent à ce festival. Au-delà de l’aspect nostalgique du programme, « Festival » nous plonge au cœur de la naissance d’un mouvement. Les artistes s’y révèlent spontanés, entiers. Une grande leçon de musique qui nous permet de comprendre les mécanismes de la musique folk, ses inspirations, ses ambitions. Le regard de ceux qui inspirèrent le mouvement est particulièrement saisissant, notamment parce que le réalisateur a su, pendant quatre années, faire une synthèse d’un mouvement hippies en train de naitre et de prendre de l’importance.
Il est d’ailleurs particulièrement interressant d’entendre les intervenants célèbres (Joan Baez, Bob Dylan, Mississippi John Hurt, etc.) revenir sur leur vision de la folk, de la société qu’ils veulent faire avancer, des combats qui seront à venir : Anti-militarisme, amour et liberté. Un discours qui se renforcera au fil des années pour prendre une véritable dimension dans les années 70 et faire bouger les mentalités. Mais il est tout aussi interressant de se plonger dans les réflexions d’inconnus qui intervinrent dans ce film comme témoins d’une musique qui les touche, d’une façon de penser qui commence à prendre corps, de l’exemple de reflexion que sera durant de nombreuses années encore les textes d’un certain Bob Dylan dont on connait l’impact qu’il a pu avoir sur beaucoup d’artistes actuels. Ces jeunes d’une époque, pas si éloignée que cela, qui veulent sortir d’une société aux critères imposés à la bienséance bien pensante et ainsi de suite. Le débat sur la longueur des cheveux, celui de ces festivals qui réunissent autant de personnes en si peu de temps dans une seule et même communion. Une société qui n’hésitait pas à montrer sa jeunesse du doigt en s’interrogeant sur leur avenir, avec nostalgie guérrière et ambition conservatrice.
En conclusion, « Festival » est un film qui subjugue par le pas qu’il marque entre les différentes pensées qui se rejoignent entre célébrités et public. Des frontières si peu existantes qu’elles laissent rêveur dans une société où les concerts sont devenus de véritables machines de guerre inaccessible. Dans « Festival » la proximité entre le public et les artistes est réelle et le film parvient a nous en montrer les nuances, y compris de la manière la plus simple en laissant les intervenants exprimer leurs pensées sur la musique et sur la société. Un véritable plaisir.
Une image qui semble marquée par le temps. Le noir et blanc étant un choix du réalisateur, le film n’en ressort qu’avec plus d’impact. Mais le travail de restauration du film ne semble pas avoir été à la hauteur de l’entreprise, car de nombreuses tâches subsistent encore. On croirait presque voir un film datant d’avant guerre.
Une piste DTS 5.1 qui se veut dès le départ efficace avec des ambiances soignées, même si la bande sonore d'origine semble, elle aussi, marquée par le temps. On apprécie une certaine spontanéité dans le son qui colle parfaitement à l'image reflétée par le film. La spatialisation est minutieuse et l'ensemble ne manque pas d'intéret.