Le bossu

Sous la régence, Lagardère se déguise en bossu pour venger le duc de Nevers assassiné par Philippe de Gonzague et rendre ses droits à sa fille.

« Si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! », c’est une des répliques célèbres de ce film d'André Hunebelle, qui se lançait dans le film de cape et d’épée après avoir deserté les comédies qui firent sa réputation. Car si son nom ne dit rien au néophytes, son œuvre est connu du grand public et souvent rediffusée durant les périodes de vacances, à commencer par la série des Fantomas, ou encore les premières adaptations des aventures de OSS 117 avec Kerwin Mathews dans les années 60 qui sonnait comme une réplique aux aventures de James Bond, mais aussi des adaptation dynamique des « Trois mousquetaires » ou du « Capitan ». André Hunebelle fut aussi celui qui crut et poussa Louis de Funès pour le laisser devenir ce qu’il est devenu par la suite : une star incontournable de la comédie à la française.

Pour son adaptation du roman de Paul Féval, André Hunebelle s’est alloué les services d’un jeune comédien de l’époque qui cherchait à casser son image de jeune premier de films sombres et intellectuels à l’image de « Orphée » ou des « Parents terribles » de Jean Cocteau : Jean Marais. Celui-ci, se prenant au jeu en fera presque une specialité. Pour « Le Bossu », André Hunebelle a compris que les meilleures comédies reposaient principalement sur des duos, et il trouva tout simplement en la personne de Bourvil, le comédien idéal pour le rôle de Passepoil, le compagnon et serviteur de Lagardère. Et si ce choix n’est pas forcément le meilleur qu’il ait put faire, le réalisateur donne tout de même à sa mise en scène, la direction qu’il faut pour que le film se suive avec beaucoup de plaisir. Car Bourvil était un acteur simple qui aimait se fier aux ordres d’un metteur en scène, mais dont le charisme devint finalement très rapidement un handicap lorsque le rôle s’avérait en dessous de l’image qui rayonnait de ce comédien. Ainsi Passepoil, est une pâle copie du personnage d’Antoine Marechal dans le « Corniaud » ou d’Augustin Bouvet dans la « Grande Vadrouille ». Ici, Bourvil semble un peu perdu dans un rôle qui ne lui convient pas et ne parvient pas à trouver ses marques pour exister face à l’énergie de Jean Marais qui saute, virevolte dans tous les sens, déclame ses tirades comme le grand tragédien qu’il était.

Avec tout cela, « Le bossu » est devenu un grand classique du film de cape et d’épée à la française. Un véritable plaisir pour les yeux et pour les oreilles. La mise en scène d’André Hunebelle est d’une grande éfficacité pour nous offrir un spectacle haut en couleur, même si le choix de Bourvil dans le rôle de Passapoil s’avère vite décevant pour les amateurs du comédien.

Une image correcte sans être brillante, les couleurs sont parfaitement retranscrites et les noirs donnent un léger volume bienvenue. Les contrastes permettent de mieux mettre en relief l’ensemble et donne aux textures une saveur différentes. Une seule fausse note, mais que l’on peut attribuer à l’âge, un grain qui a tendance à se rappeler à notre bon souvenir, ainsi que la mise en avant pas forcément volontaire, des erreurs de montage qui sont légions dans le film. Pas de quoi hurler tout de même !

Une piste DTS-HD Master Audio 2.0, qui tient ses promesses, les ambiances sont reconstruites avec beaucoup de brillance et l’on plonge aisément dans l’actions. Malgré une bande son d'origine ne lésinant pas dans les aigues, le travail de restauration est remarquable. Dommage tout de même, que le travail ne fut pas un peu plus poussé. Car l'ensemble manque tout de même au final de volume !