Les mariés de l'an II

En 1793, un homme qui a fait fortune dans le nouveau monde revient en France pour divorcer. Il retrouve sa femme dans le camps des royalistes.

Jean Paul Rappeneau ne garde pas forcément un souvenir très ému de ce tournage qui fut particulièrement difficile, pour ce jeune réalisateur qui signait le projet le plus ambitieux de sa carrière. Prit comme une sorte de défi, le film devint vite un enfer pour celui qui souhaitait se lancer dans un projet différent de ce qu’il avait fait avant en dirigeant des stars du moment. Et le film, au final reflète assez bien, lorsque l’on y réfléchit un peu plus en détail, au capharnaüm et peut-être au grand n’importe quoi que fut sa préparation. A commencer par les deux acteurs principaux qui ne se parlaient pas, et semble-t-il qui ne s’appréciaient pas. Le metteur en scène parvient toutefois à prendre le partie de cette expérience en montant un film léger qui se lit comme une symphonie pastorale, ou les images et les actions se succèdent au rythme d’une musique entrainante signée Michel Legrand, que l’on jurerait sortie tout droit de l’époque, avec ses envolées et ses fluettes virevoltantes.

On le voit tout au long du film, le réalisateur suit sans en démordre les lignes qu’il s’est fixé, il construit une comédie légère pleine d’entreint dans laquelle la véracité historique devient presque secondaire, tant la trame se suffit à elle-même. Sur un rythme difficile à tenir en tant que réalisateur, Jean-Paul Rappenneau parvient à garder une certaine logique et donne l’impression que les images dansent au fil des mouvements de caméra qu’il donne à ses plans. Utilisant les effets visuels autant que les clés d’une mise en scène particulièrement ciselée pour pouvoir donner à son film une dynamique résolument différente de ce qui se faisait à l’époque.
 
Côté distribution, les deux comédiens principaux ne brillent pas par leurs efforts, même si la mésentente cordiale qui régnait durant le tournage, ne transparait pas forcément à l’écran. Belmondo fait dans le minimum syndical et Jobert s’époumone un peu trop. L’intérêt réside plutôt dans les participations secondaires, à commencer par Sami Frey et Pierre Brasseur qui l’un et l’autre représentent deux générations d’acteurs qui s’amusent toujours autant à interpréter les personnages atypiques et méchants.

En conclusion, « Les mariés de l’an 2 » n’est peut-être pas le film du siècle, mais il a le mérite d’offrir au spectateur une vision différente de l’époque révolutionnaire, une manière différente de filmer, une dynamique musicale minutieuse. Dommage que les deux acteurs principaux ne se limitent qu’au minimum syndical. On peut tout de même se rabattre sur les prestation toujours inspirés des seconds rôles.

Une image correcte sans être brillante, les couleurs sont parfaitement retranscrites et les noirs donnent un léger volume bienvenue. Les contrastes permettent de mieux mettre en relief l’ensemble et donne aux textures une saveur différentes. Une seule fausse note, mais que l’on peut attribuer à l’âge, un grain qui a tendance à se rappeler à notre bon souvenir. Pas de quoi hurler tout de même !

Une piste DTS-HD Master Audio 2.0, qui tient ses promesses, les ambiances sont reconstruites avec beaucoup de brillance et l’on plonge aisément dans l’actions. Malgré une bande son d'origine ne lésinant pas dans les aigues, le travail de restauration est remarquable. Dommage tout de même, que le travail ne fut pas un peu plus poussé. Car l'ensemble manque tout de même au final de volume !