La vie d'une autre

Marie, 40 ans se réveille en pensant qu’elle en a 25. Elle a oublié 15 ans de sa vie. Elle se réveille au début d’une histoire d’amour qui en fait se termine. Elle se réveille, et elle a en fait quatre jours pour reconquérir l’homme de sa vie.

« La vie d’une autre » pourrait être considéré comme un film de débutant, tant ses origines sonnent comme tel. Deux producteurs qui veulent produire leur premier film et qui choisissent pour le réaliser, une actrice qui n’a pas encore osé passer le cap de la direction. Mais en fait, on se rend compte très rapidement que ce film est aussi un symbole de maturité et d’un goût déjà bien assuré pour la mise en scène et pour la mise en image d’une histoire qui ne connait que l’imaginaire collectif. Sylvie Testud s’est investit totalement dans cette histoire qui l’a beaucoup touché et a  fait parler sa sensibilité. A mi-chemin entre la comédie et le drame, qui souvent aiment se mélanger, la réalisatrice a su capter les paradoxe d’un tel scénario où le personnage se retrouve plongé dans une vie qu’elle a oublié avec des idées naïves de jeune adulé alors que durant 15 ans son existence s’est forgée par ses expériences, ses influences et autres parasites de ces idéologies que nous rêvions de porter au plus haut, au plus loin. Loin des comédies américaines qui aime jouer la surenchère mélo et comique, Sylvie Testud offre là une œuvre sobre, où les situations drôles sont toujours accompagnées de leur contraires. Une technique qu’elle a su apprendre de son métier, une analyse qu’elle est parvenu avec beaucoup de maturité à mener au bout de son raisonnement.

Pour cela, Sylvie Testud a su s’entourer de deux acteurs formidables de sobriété et d’intelligence, à commencer par Juliette Binoche (Le patient Anglais), à la fois rayonnante et sombre dans ce personnage débranché involontairement. Perdu dans un univers qu’elle ne reconnait plus, avec des pensées qu’elles ne parvient pas à comprendre. Comme si son corps avait finit par et refuser le cynisme de sa vie pour appeler à l’aide la jeune femme de 25 ans pleine d’idéologies. Juliette Binoche trouve la composition idéale pour ne pas faire dans la caricature, bien loin de là. Dès les premières images elle nous touche par sa justesse de ton, son goût sûr pour la précision dans la manière d’approcher un personnage. En cela elle trouve un partenaire de choix avec Mathieu Kassovitz (Amen) qui n’ait jamais aussi brillant que lorsqu’il est devant la caméra, avec une sensibilité incroyable, des idées magistrale qui illumine une scène avec presque rien. Une phrase juste, un geste anodin, mais tellement bien posé qu’il donne toute l’exactitude à l’ensemble. Un talent indéniable qui nous fait oublier ses ratages réguliers en tant que réalisateur.

En conclusion, « La vie d’une autre », est un film simple, mais particulièrement efficace sur les sentiments, la remise en question d’une existence par un élément perturbateur inattendu. Sylvie Testud fait preuve d’une grande maîtrise et d’une grande sensibilité, un tout renforcé par des comédiens au meilleur de leur art.

Du côté de l’image, rien à dire ! Le contrat est rempli et bien rempli, avec des couleurs brillantes et des contrastes qui donnent une bonne profondeur à l’ensemble. Avec parfois quelques bonnes surprises, notamment la scène d’ouverture avec des niveaux de couleurs intéressants et une lumière parfaitement mise en valeur par le transfert sur le support Blu-ray.

Une piste DTS-HD Master Audio, qui tient ses promesses, les ambiances sont reconstruites avec beaucoup de brillance. Sans faire dans l‘excès (nous ne parlons pas d‘un film d‘action, non plus), la piste 5.1 fait des merveilles avec une belle spatialisation, une dynamique assez bien équilibrée et un surround assez discret pour ne pas se faire trop hors sujet.