Leader du groupe Genesis à la fin des années 70, Peter Gabriel s’est illustré dans la décennie suivante par une recherche presque effrénée aux ambiances et aux sonorités nouvelles. A l’instar d’artistes tels que Paul Simon, par exemple, la musique de Peter Gabriel fait constamment appel à des ambiances, des réflexions de voyages, des rencontres et des découvertes. Officiant comme un véritable électron libre dans une musique pop qui s’émancipe du cadre bien réglé du sex drugs and Rcok’n roll de la décennie, l’artiste s’imprègne du silence, et l’utilise comme la toile blanche du peintre qui va y voir apparaitre au fil de la créativité du maitre une œuvre complexe, autant sonore que visuelle.
Car, ce que ce reportage de la série classic album, nous permet de découvrir, ce n’est pas seulement, l’inspiration, l’écriture ou encore la composition, c’est l’ensemble des éléments qui ont fait de « So » une véritable réussite. On comprend ainsi que l’artiste avait déjà dans un coin de sa tête mis la main à l’une de ses plus belles réussite, son label « Real World» qui mettra en avant des artistes du monde entier, à l’image de Youssou N’Dour avec qui Gabriel enregistre un duo, on comprend aussi que le chanteur ne veut pas laisser l’image aux mains de bureaucrates assoiffés d’argent qui viendraient ternir les effets de ses morceaux, pour cela il s’implique autant dans la conception des clips que dans le titre de l’album ou dans la pochette qui doit être, à son sens, le premier reflet de ce que l’auditeur découvrira dans le voyage musical que lui propose l’artiste.
A travers les interviews des principaux participants à l’album, de l’ingénieur du son, ou encore du chanteur et de Peter Gabriel en personne, le reportage nous permet de plonger dans la conception quasi-organique de « So », à commencer par la naissance de cette demeure que l’artiste achète pour y installer son studio d’enregistrement, les tâtonnements de ce matériel flambant neuf, les recherches permanentes de sonorités nouvelles, comme le bassiste Tony Levin qui, pour donner un son plus étouffé sur le morceau « Don’t give up », utilise des couches culottes de sa fille, ou encore le hasard des rencontres, comme celle avec Manu Katché qui raccrochera trois fois le téléphone à la figure de Peter Gabriel persuadé qu’il s’agit d’une blague, et qui au final viendra amener une touche résolument différente dans l’approche de la musique. On y voit aussi la naissance d’un groupe, presque d’une colonie de vacances qui laissera aux protagonistes des souvenirs ineffaçables dans leur mémoires autant que dans celle du public qui vibra aux rythmes de « Sledgehammer » ou versa quelques larmes en entendant la complainte pleine de doutes d’un homme qui vient de perdre son emploi et que sa femme tente de réconforter dans « Don’t give up ». La voix de Kate Bush, l’influence magique de Youssou N’Dour dans « In your eyes ».
Ce reportage devient très rapidement addictif, tant il permet de réellement comprendre comment un album tel que « So » a pu naitre et tout ce qu’il changea dans l’univers de la pop de l’époque et de maintenant encore. Peter Gabriel ne s’arrête jamais à la simple reproduction d’influences musicales, il les assimile, les transforme, les malaxe pour donner ce qui reste l’un des meilleurs albums pop de tous les temps : « So ».
Des images d’archives, des interviews, des extraits de concerts, tout cela ne participe pas à avoir une image magnifique en tout point. Suivant la qualité des supports utilisés, le grain peut se faire plus ou moins présent sans toutefois gêner le plaisir que l’on a découvrir l’histoire de cette artiste de génie. Les couleurs restent de bonne tenue et lorsque la qualité d’origine le permet (c’est le cas lors de la première interview) les contrastes marquent suffisamment le trait pour donner un peu plus de relief à l’ensemble.
Un désastre, presque une catastrophe ! Une piste PCM Stéréo, horrible à écouter, en façade tout le temps, étonnamment le documentaire se semble pas vouloir mettre en avant la musique de l‘artiste. Une heure et demi de déception auditive, qui laisse réellement le spectateur sur le carreaux. L’éditeur n’a fait aucun effort et cela est particulièrement regrettable pour le vidéaste.