Patrick Orbéra, ancienne gloire du football, aujourd’hui alcoolique, risque de perdre la garde de sa fille. Contraint de retrouver un emploi stable, il part à Molène, petit île bretonne, pour entraîner l’équipe de foot locale. Face à l’amateurisme de cette dernière, il tente de convaincre des anciens coéquipiers de l’aider à hisser le petit club de Molène parmi les grands.
Une telle brochette de stars dans un seul film, cela fait toujours un peu rêver, mais surtout cela fait très peur aussi. Car, on le sait bien, ce genre de projet fait naître des guerres d’égos qui parfois viennent empiéter sur les qualités artistiques du film. Car chacun veut y imposer son style, sa patte, se démarquer des autres pour que la lumière brille un peu plus sur lui. Et c’est ce que l’on ressent lorsque l’on visionne le film, chacun des acteurs se livre à son numéro habituel : Franck Dubosc (Camping), fait du Dubosc, Gad Elmaleh (Chouchou) reprend son personnage un peu lunaire avec même une allusion aux sushis de « Chouchou », etc…
Côté scénario, on pense une à « La grande séduction » de Jean-François Pouliot, où le maire d’une île canadienne : Ste Marie La moderne, tentait de faire venir un docteur, seul caution possible pour permettre l’implantation d’une usine sur l’île, donnant ainsi du travail à tous les habitants. Ici on remplace le médecin par une équipe de foot, et l’usine est déjà en place mais menacée de fermer, si des fonds ne sont pas trouver rapidement. Tous les espoirs se portent alors sur les capacités de l’équipe à monter dans le championnat de France. On l’aura donc vite compris on ne navigue pas en territoire inconnu, et les scénaristes ont bien compris qu’il n’était pas nécessaire d’aller chercher plus loin. La simplicité et l’énergie de la distribution feront le reste, mais aussi et surtout l’intelligence de la mise en scène d’Olivier Dahan.
Et c’est bien là que l’on trouve la pépite. Car on peut évidemment reprocher plein de choses au film de Dahan : Une histoire trop simple, des gags un peu réchauffés dans les carrières de chacun des acteurs, des scènes de foot pas forcément très réussies…mais au final, force est de constater que la sauce prend et plutôt bien ! On rit, on s’émeut aussi parfois, mais surtout on ne s’ennuie pas. Car le réalisateur à l’ œil suffisamment aiguisé pour prendre tout ce qui ne se voit pas d’instinct, il fait avec du vieux du neuf, d’une scène un peu « casse-gueule » comme celle du but décisif, il parvient à capter de la simplicité dans un numéro particulièrement rôdé et finit par nous surprendre. Car c’est bien là toute la réussite du film, avec des jeux rodés depuis des années par des acteurs qui ne semblaient pas avoir envie de prendre trop de risque, Olivier Dahan parvient à créer la surprise et à nous divertir avec beaucoup d’intelligence.
Côté distribution, je l’ai déjà dit plus haut, mais les acteurs font leur numéro, c’est un fait ! Mais on en rit encore, parce qu’ils parviennent à utiliser leurs points faibles, et en faire des grands moments de partage avec le reste des co-équipiers. Ainsi Joey Starr (Polisse), se montre toujours aussi impeccable dans un film collégial, Omar Sy (intouchables) parvient même à nous émouvoir dans un jeu précis et méticuleux, et José Garcia (Vive la France) en maître de cérémonie nous offre une fois de plus toute son énergie de clown qui rit et qui pleur aussi. Une pensée toute particulière tout de même pour Jean-Pierre Marielle (Les galettes de Pont-Aven), toujours aussi bouillonnant de plaisir dès lors que sa voix se fait ronronnante.
En conclusion, il serait injuste de tirer à boulet rouge sur « Les seigneurs », tant le résultat est surprenant de drôleries, de sensibilité et, finalement d’intelligence en offrant une œuvre simple, dénué de complexité scénaristique qui l’aurait alourdie au final.