A la mort de
son père, Peter hérite du domaine familial. Quelque peu désemparé par ce
changement de vie, il décide d’inviter ses anciens amis de l’université pour
fêter le nouvel an. Fous rires et règlements de comptes vont rendre cette
soirée inoubliable.
En grand
acteur shakespearien qui se respecte, Kenneth Branagh possède l’esprit de
troupe, et cela se ressent immédiatement dans la mise en scène de son film « Peter’s
Friends ». En faisant tourner ses anciens amis d’université, le
réalisateur impose dès lors une ambiance particulière à son histoire. Les regards
sont justes parce que vrais, les émotions précises parce qu’habituelles, les
répliques résonnent de justesses, car elles pourraient être dites hors caméra.
La force de
la mise en scène de l’acteur réalisateur, que les plus jeunes ont pu découvrir
dans le rôle de Gilderoy Lockhart, le prof nombriliste de « Harry Potter
et la chambre des secrets », c’est justement de rendre fluide sa caméra et
presque invisible pour pouvoir filmer des petits instants d’émotions tout en
soignant une direction d’acteur très théâtrale à l’image du personnage de Maggie
Chester interprété par Emma Thompson (Love Actually), très excessive dans ses
gestes, dans ses sentiments, fougueuse amoureuse et amie effacée. La
réalisation de Kenneth Branagh pourrait se résumer à cela. Il y a de la force
lorsque l’action le demande, notamment lorsque les vérités explosent avec violence,
et de la pudeur lorsque la réalité vient s’imposer de tout son poids dans une
soirée que tout le monde souhaite sauver malgré les douleurs intérieures.
Le scénario
de Rita Rudner (That’s Adequate) et Martin Bergmann (Un après-midi de chien)
joue en permanence cette carte de la soudaine explosion de vérité pour ensuite
revenir à un enchainement tout ce qu’il y a de plus courtois. Un peu comme si
les auteurs avaient voulu créer une peinture d’une société anglaise qui
parvient, quel que soit la situation, à trouver un moment pour contrôler l’incontrôlable.
Jouissif d’inventivité, parfois légèrement outrancier, le scénario fourmille de
répliques acerbes et de bons mots parfaitement ciselés. On rit beaucoup dans ce
film, on s’émeut aussi énormément devant la détresse de certains personnages,
qui apparait au fil de l’intrigue, et l’on verse une larme devant le courage de
certains autres.
C’est tout l’intérêt
de ce film de Kenneth Branagh, un film choral où chaque spectateur peut se
retrouver dans un des personnages. D’ailleurs la distribution est magnifique d’inspiration.
Que ce soit le réalisateur lui-même, merveilleusement théâtrale et
cinématographiquement juste. On jubile toujours au jeu d’un flegme associable
de Stephen Fry (Sherlock Holmes) ou encore à la justesse du couple Imelda Staunton
(Harry Potter et l’ordre du phénix) et Hugh Laurie (Dr House).
C’est bien
simple, « Peter’s Friends » se regarde sans ennuie d’aucune sorte et
nous donne un plaisir que nous n’aurons aucun mal à assumer. Pour conclure on
ne peut pas s’empêcher de parler de la bande son particulièrement bien inspirée
qui entrainera les spectateurs dans la nostalgie des années 80 avec des titres
de : Springsteen, Tears for Fears, Pretenders, Clapton, Tina Turner et
biens d’autres. Un film à consommer sans aucune modération !