Lâchés dans une paisible rivière texane, des piranhas mutants menacent de faire un carnage parmi les vacanciers venus se baigner.
Critique subjective :
Avec Piranhas, Joe Dante signe son troisième long-métrage et fait ses débuts dans un genre qui lui réussira particulièrement : l’épouvante. Comme pour son film précédent (Hollywood Boulevard), Dante travaille ici sous la bannière de New World Pictures et subit donc la pingrerie légendaire de son dirigeant, l’inénarrable Roger Corman. Tourné pour un budget dérisoire et emballé en un temps record, le titre rencontrera néanmoins un beau succès et deviendra une affaire financière très rentable.
Sorti trois ans après Les dents de la mer, Piranhas s’inscrit évidemment dans la vague des sous-Jaws. Deux éléments viendront néanmoins le distinguer des autres copies (Grizzly, Tentacules, Orca, La mort au large). D’une part, le métrage ne cherchera jamais à dissimuler sa nature de « sous-produit », bien au contraire (lors de sa première apparition à l’écran, l’héroïne joue à Jaws sur une borne d’arcade). D’autre part, Dante ajoutera un ingrédient bienvenu : l’humour. Ironie du sort, c’est Steven Spielberg lui-même qui, considérant Piranhas comme le meilleur dérivé de son film, dissuadera Universal d’intenter un procès pour plagiat. Par la suite, il travaillera même avec Mister Joe, produisant certains de ses films (Gremlins, L’aventure intérieure, Gremlins 2, Small soldiers) via sa société Amblin Entertainment. Joe Dante aurait-il eu la même carrière sans Piranhas ? Rien n’est moins sûr.
Malgré son aura culte, force est de constater que Piranhas est loin d’être un chef-d’œuvre. Son côté laborieux (toute la première partie se traîne) et bavard, notamment, frappe à chaque vision et tire le film vers le bas. Si l’ensemble ne convainc pas, on se console néanmoins avec sa patine de série B des seventies, son casting réjouissant (Kevin McCarthy, Paul Bartel, Dick Miller, Barbara Steele, …) et le style naissant de Joe Dante (le film est volontiers espiègle, référentiel et grinçant). On notera par ailleurs que Piranhas fut aussi un formidable vivier de talents qui ne demandaient alors qu’à exploser. Outre Dante à la réalisation, on retrouve Phil Tippett (Star Wars, Jurassic Park) et Rob Bottin (The Thing, Robocop) aux effets spéciaux, Mark Goldblatt (Terminator 2, Starship troopers) au montage et Pino Donaggio (Pulsions, Blow out) à la musique. Excusez du peu.
Verdict :
D’une valeur intrinsèque limitée (si si), Piranhas vaut surtout en tant que chapitre d’une filmographie passionnante. Qu’on se le dise : on peut aimer le cinéma de Joe Dante sans aduler ce film.