Michael Oher ne sait pas ce qu’avoir une famille veut dire et ne connaît rien au football. Les rues et les HLM de Memphis : Voilà la réalité de cet adolescent sans foyer. Demeurant dans un quartier cossu, Leigh Anne Tuohy ne connait pas grand-chose à son univers. Mais lorsque leurs chemins se croisent, Michael sait qu’il a trouvé un chez soi. Cette rencontre bouleversera également la vie de la famille Tuohy qui compte un nouveau membre : Un fils et un frère bien-aimé.
Bon alors comment dire ? Il y a plein de bonnes choses dans ce film, mais surtout un sentiment gênant d’assister inlassablement à un outil de propagande Républicaine Américaine. A commencer par une foule de clichés insupportables aux premiers abords, dont celui d’une société faite de gentils blancs américains, riches, stables, quasi sans problème et d’une générosité hors normes, qui vont se laisser attendrir par le destin dramatique de Michael Oher, un jeune homme noir (Forcément), abandonné par sa famille, dont la mère est adepte au Crack (forcement aussi !) qui vit dans un quartier où règne la violence et la drogue, avec pleins de noirs méchants qui traînent dans les rues (Bien évidemment !). Si le film se revendique d’une histoire vraie, le film n’en demeure pas moins gênant, d’autant qu’il appuie systématiquement le trait de la différence et de ces valeurs qui font de l’Amérique ce qu’elle est !
D’ailleurs le scénario ne fait pas dans la finesse et les raccourcis choisis pour nous faire comprendre cet attachement de Leigh Anne Tuohy pour Michael sont parfois tellement grossier que l’on en rirait presque. Comme cette scène, où elle essaye de comprendre ce qu’était le passé de cet adolescent fermé : « Dis-moi un seul mot pour que je comprenne ton passé ! », un regard un peu hésitant le jeune homme relève la tête et dit : « Il n’y a rien à dire », la jeune femme redémarrant la voiture : « Ok, alors allons acheter des vêtements… », Et le spectateur médusé de se dire : « heuuu, je n’ai pas bien compris la force dramatique de cette scène !!! ». Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que tout le film est construit comme ça. Les personnages se suffisent de rien, les décisions sont prises sans aucune crédibilité, le scénario ne s’arrête que sur les clichés, mais ne va jamais au-delà ! Au détour d’un plan on nous offre une leçon de morale maladroite, une icône apparait « Georges Bush » comme le patron et tout est dit.
Et tout le film se construit comme ça ! Une multitude de « déjà vus » fourmillent dans la mise en scène, comme lorsque les entraîneurs reçoivent le dvd du match de Michael : Le collaborateur tend la galette, met la tête légèrement de côté, fait un clin d’œil et dit : « Vous devriez regarder ça ! », ou encore les différentes scènes où l’héroïne indique les prix : « je suis ravie de manger une salade à 18 $ avec vous ! » ou encore « Il faut que je te trouve un lit, car tu dors sur un canapé à 10 000$ », et on finit en beauté avec : « Il faut que je vous avoue quelque chose Mme Tuohy….Je suis démocrate ! » souffle Kathy Bates à Sandra Bullock. On nage évidemment en plein cauchemar.
Et parfois les Oscars se perdent dans des considérations que l’on ne parvient pas toujours à expliquer de ce côté de l’Atlantique. Comme cette distinction soufflée à Meryl Streep, pour le rôle de Leigh Ann Tuohy. L’actrice est certes convaincante mais pas plus qu’Eva Longoria dans le rôle de Gabrielle dans « Desperate Housewives ». Sandra Bullock semble d’ailleurs s’en être inspirée puisqu’elle reprend quasiment le même jeu, avec quelques nuances toutefois. Pas de quoi se révéler comme une actrice incroyablement douée et renversante. On peut toutefois saluer la prestation toute en retenue et en simplicité du jeune comédien débutant Quinton Aaron. L’acteur joue en toute sobriété, sans superflus, le rôle de ce jeune adolescent noir abandonné par les siens qui va se construire une nouvelle vie.
En conclusion, « The Blind Side » est un film qui intègre directement la liste de ces films de propagande honteusement centrés sur les valeurs discutables d’une certaine classe républicaine catholique qui ne cesse de marteler un discours de méfiance envers une population noire que l’on ne cesse de présenter comme décadente. Dommage, car la prestation du jeune comédien noir Quiton Aaron, pour le coup était supérieur à toutes les autres.