L’histoire :
Tueur en série obsédé par les chevelures de femme, Frank Zito sillonne les rues de Los Angeles à la recherche de nouvelles victimes.
Critique subjective :
Parrainé par Alexandre Aja, Maniac est le troisième long-métrage de Franck Khalfoun (2ème sous-sol, Engrenage mortel).
Impossible de chroniquer ce remake sans faire un crochet par l’œuvre originale : le Maniac de William Lustig. Sorti au début des années quatre-vingt, Maniac est un monument du film de psycho killer, un mètre étalon du genre. Une œuvre glauque, poisseuse et macabre qui marque à jamais le spectateur. Un film inoubliable, culte. Logiquement, le projet de remake aura suscité une grosse levée de boucliers parmi les aficionados du film de Lustig. Avant même que la moindre image ne soit tournée, la nouvelle lecture était déjà copieusement critiquée. A ce stade, la question n’était pourtant pas de savoir si le remake allait faire aussi bien (impossible) mais s’il parviendrait à trouver une approche nouvelle et valable.
S’il reprend bien le squelette de l’œuvre de Bill Lustig et son penchant pour le gore graphique, le film de Frank Khalfoun va néanmoins prendre ses distances avec le matériau original. Ainsi, le Maniac cuvée 2012 sera moins crapoteux (image plus léchée), délocalisera son action à Los Angeles (les premières aventures de Frank Zito étaient intimement liées à la ville de New York), changera radicalement le physique de son personnage principal (on passe d’un ogre suant à un angelot dépressif) et présentera une dimension psychologique renforcée. Le principal changement se situera cependant du côté de la mise en scène, le nouveau Maniac étant intégralement tourné en vue subjective. Un choix visuel audacieux (pour ne pas dire extrêmement risqué) doublé d’un joli défi technique. Osé, le procédé vise bien sûr à susciter le malaise en plaçant le spectateur dans la tête du tueur. Intéressant (l’expérience est étrange et parfois un brin troublante), ce gimmick formel présente cependant deux limites. D’une part, il nous prive d’une prestation intense signée par un Elijah Wood habité mais que l’on n’aperçoit, hélas, que de manière furtive. D’autre part, sur la durée, le mécanisme a un côté un peu gadget et l’on se dit que, finalement, le film aurait peut-être eu davantage d’impact sans cela (certes, il y aurait perdu en originalité …). Paradoxalement, le métrage est même moins immersif que d’autres films tournés sans ce procédé (on pense au Maniac de 1980 et surtout à Schizophrenia).
Verdict :
A l’arrivée, Maniac affiche un résultat en demi-teinte. Il ne salit pas l’œuvre de Lustig mais ne la transcende jamais non plus. Aussi intéressante soit-elle, cette relecture ne parvient donc pas à s’imposer comme un nouvel incontournable de l’horreur