À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié.
Alors, on le sait depuis leurs débuts, mais Lana et Andy Wachowsky ne savent pas faire des choses simples. Leur œuvre est parsemé de films tous plus « tarabiscotés » les uns que les autres ! Et des fois ça passe comme avec « Matrix » et « V for Vendetta » et puis des fois non, pas du tout comme pour les deux autres volumes de « Matrix » ou encore « Speed Racer ». Pour le cas de « Cloud Atlas », l’avis est peut-être un plus mitigé, notamment à cause de la complexité de l’œuvre. Mais seulement lorsque l’on parle de « complexité » de l’œuvre, le roman de David Mitchell, ne se prêtait de toute façon pas à la simplicité, puisqu’il raconte six histoires différentes imbriqué dans plusieurs époques, sans lien apparent entre elles.
Il fallait donc toute l’intelligence, et tout le talent des réalisateurs aidés dans leur tâche par Tom Tyckwer (Inglorious bastards) pour venir à bout d’une telle œuvre pharaonique. Et le résultat est là, un film complexe, mais saisissant, où le spectateur se laisse porter par une mise en scène rigoureuse, énergique et parfaitement chorégraphiée, comme on a l’habitude de le voir avec ces réalisateurs. Il suffit de citer pour cela, la scène d’évasion d’Hae-Joo Chang (Jim Sturgess) et son amie Sonmi 351 (Doona Bae), pour comprendre que les réalisateur de « Matrix » ont toujours ce sens inné de la chorégraphie. La mise est fluide et les plans réservent de bien belle surprises.
Sur le plan scénaristique, on frise la schizophrénie, tant le passage d’un monde à l’autre se fait sans forcément de structure narrative défini. Du moins c’est ce qu’il parait, puisque l’auteur du roman lui-même, s’était amusé à tout démonter pour créer un monde à part qui ne répondait qu’à ses règles. Au cinéma, ce type de narration ne se fait pas sans victimes, notamment le spectateur qui aurait un peu tendance à se laisser aller la distraction. « Cloud Atlas » est un film qui demande de la concentration, notamment pour comprendre le point commun qui unit chacune des histoires, pour parvenir à suivre un bout ou l’autre d’une trame autour de tel ou tel personnage.
« Cloud Atlas » est un film « puzzle », dont chaque pièce est visiblement indépendante, mais qui se réalise lorsqu’elle est collée aux autres. Et dans ce cas, l’interprétation des comédiens est essentielle. Alors si, évidemment, on ne peut que saluer à grand renfort de « Ola », les compositions toujours aussi minutieuses de Tom Hanks (Il faut sauver le soldat Ryan) et Halle Berry (A l’ombre de la haine), on remarquera la percée de la relève que représente l’incroyable Jim Sturgess ( Across the Universe) qui brille littéralement et vient faire de l’ombre aux plus anciens, et Ben Whishaw (Skyfall) qui semble bien parti pour une carrière de grand niveau.
En conclusion, « Cloud Atlas » est une œuvre grandiose, complexe et en même temps hypnotisante, où les Wachowsky parviennent encore à faire des merveilles, même si on peut regretter parfois de perdre pied. L’interprétation de la distribution suffit à valoir le déplacement, notamment la nouvelle génération de comédiens.