Un documentaire agrémenté de nombreuses images de concerts, témoignant de la relation unique que le « Boss » entretient avec ses fans à travers l'Amérique et le monde.
Très peu de stars internationales peuvent se valoriser d’une aura toujours aussi impeccable, dans laquelle dominent la simplicité et la force créatrice permanente. C’est le cas de Bruce Springsteen, un acteur majeur de la scène rock international, qui brille en permanence par son goût du partage, mais également par la générosité qui émane de ses concerts fleuves où priment le bonheur de jouer pour un public qui ne boude jamais son plaisir, même si le concert atteint quasiment les 5 heures. Et Baillie Walsh (Nowhere Boy)a bien compris que les mieux placés pour parler de la star, ce sont justement les fans, pas les hystériques des attentes de portes d’hôtel, non ceux qui ont une histoire à raconter, ceux qui vivent la musique du « Boss » intérieurement, que les mots de cet insatiable auteur ont pu toucher au cœur, par une histoire ou par une blessure que les mélodies ont su panser. C’est tout ça Springsteen, et encore plus, puisqu’avant tout c’est une expérience scénique hors du commun, très loin des grosses machineries américaines, à grands renfort d’effets visuels, de pyrotechnie, etc…
« Le Boss », c’est un type sur scène avec son groupe, qui occupe tout l’espace, qui regarde ses fans dans les yeux, les prends par la main, dans ses bras, leur donne ce qu’ils viennent chercher, une proximité même dans l’espace immense des stades, qu’il remplit comme une grande messe. Comme le démontre si bien le film « Springsteen and I », la musique de Bruce Springsteen n’est jamais aussi cohérente que lorsqu’on la découvre sur scène. Dans ce documentaire, on découvre des anecdotes amusantes, comme celle de jeune homme qui accompagnait sa mère et qui a eu la chance de serrer la main de la star alors que sa voiture quittait la salle. Une anecdote toute en simplicité, où le Boss apparait dans toute sa lumière, ou encore celle, un peu raccourcie dans le film », où Springsteen invite un sosie d’Elvis, qu’il a repéré dans la fosse, et le fait monter sur scène pour chanter un morceau du King. Une expérience inoubliable pour le jeune homme qui raconte cette histoire le regard brillant de mille étoiles. Les fans dans ce film sont aussi divers que tendre, ce ceux qui ont une aventure intérieur avec la musique du Boss, à ceux qui ont vécu la simplicité de l’artiste dans toute sa lumière, comme ce guitariste de rue, sans le sou, qui alors qu’il allait jouer pour un auditoire invisible, croise Springsteen et lui propose de jouer dans la rue avec lui.
L’intelligence du film « Springsteen and I » c’est de montrer à quel point la générosité de l’artiste est le point culminant de la passion de ces fans, finalement assez conscient qu’il n’y a plus d’artistes comme Springsteen, capable d’improviser devant des stades de 95 000 personnes, ou au coin d’une rue, juste pour le plaisir, ou encore d’artiste capable de jouer jusqu’à ce que les organisateurs finissent par menacer de couper le courant… Alors, on peut toujours reprocher au réalisateur et à Ridley Scott son producteur, un parti pris évident, mais il faut reconnaitre que le personnage vaut le coup et que l’on soit fan ou non, on ne peut lui reprocher cette générosité qui le pousse jusqu’à l’épuisement sur scène, ou jusqu’à se mettre en danger dans une rue devant une foule médusée de voir « Springsteen » jouer pendant un peu plus d’un quart d’heure, avec un musicien qu’il ne connait pas.
En conclusion « Springsteen and I » est un documentaire à destination des fans, certes, mais pas seulement, et je dirais même surtout à destination des néophytes, qui découvriront à travers le regard de passionnés, un artiste unique en son genre, proche de son auditoire et en même temps dans les hautes sphères de la célébrité artistique. Une star qui sait descendre au niveau du commun des mortels pour mieux se ressourcer et redonner ensuite. Un film magnifique de simplicité à l’image de l’artiste.