Etienne, Daniel, Simon et Bouly, quatre amis inséparables, se lancent dans l'acquisition d'une maison de campagne. Leurs vies sentimentales deviennent de plus en plus compliquées, mais leur amitié indéfectible leur donne la force de braver tous les obstacles. Etienne soupçonne sa femme d'adultère, Daniel rencontre une femme plus âgée que lui, Bouly s'improvise patron et père de famille, quand à Simon, il doit se débattre avec les caprices d'une mère ultra-possessive. .
Ah les films chorales à la française ! Yves Robert (La guerre des Boutons) fut certainement l’un des grands instigateurs du genre. Et lorsque l’on parle de ce réalisateur français souvent boudé des critiques parce que jugé trop populaire, on pense bien évidemment à « Un Eléphant ça Trompe énormément » et à sa suite « Nous irons tous au paradis ». Ces deux comédies ont marqué le public, par une ambiance collective qui transpire à chaque plan. Une amitié collective qui se voit, qui se ressent, au milieu d’un scénario fortement axé sur la légèreté sans pour autant en oublier un certain sens de l’émotion, et parfois de la tragédie, comme lorsque le personnage de Bouli se voit plaqué par sa femme alors qu’il ne parvient pas à comprendre que son comportement est la source de la rupture, ou encore celui de Simon, cannibalisé par sa mère, trop envahissante. Chaque personnage représente une blessure et une raison de jour sur la sensibilité de leurs rapports.
Alors qu'Etienne devait être le personnage central du film, on se rend très vite compte que le groupe est indissociable et qu’il est certainement à l’origine du succès du film. D’ailleurs, il n’est pas difficile de souligner que le scénario ne brille pas forcément par une grande originalité, mais que la mise en scène minutieuse et précise du réalisateur, autant que ses connaissances méticuleuses des codes de la comédie en font une véritable réussite. Yves Robert ne cherche pas à en mettre plein les yeux, bien au contraire, il souhaite au contraire donner un film toute en simplicité, dans lequel la bande de copains se révèle plus efficace que toutes répliques bien pesées.
Et tout cela les deux films le doivent notamment à la qualité de l’interprétation, car les acteurs, sans en faire des tonnes, utilisent leur véritable amitié pour faire de la relation de leurs personnages une réussite. Yves Robert le savait d’ailleurs en choisissant dans ses propres amis ceux qui allaient donner vie à son histoire. Le charme très anglais de Jean Rochefort (Jappeloup) donne à son personnage une sorte de détachement bienvenue et très anglais, quand à la force brute de Claude Brasseur (Légitime Défense), elle se découvre une surprenante résonnance qui s’oppose à la folie latente de Victor Lanoux (Les démons de Jésus). Quand à Guy Bedos (Survivre avec les Loups), il amène une sorte de fraicheur de jeu redoutablement efficace, malgré un style déjà bien éprouvé sur scène.
En conclusion, « Un éléphant ça trompe énormément » et « Nous irons tous au paradis » sont deux comédies remarquablement réussit par le réalisateur Yves Robert qui put y voir la possibilité de rendre hommage à l’amitié.