En quatrième vitesse

L'histoire
Une jeune femme blonde court sur une route près de Los Angeles en pleine nuit, essayant désespérément de se faire prendre en stop, et parvient à arrêter la voiture du détective privé Mike Hammer. La femme, nue sous son trench, dit s'appeler Christina et s'être échappé d'un asile psychiatrique où on l'avait internée de force. Ils sont alors rattrapés par un groupe d'hommes qui les enlève : Christina est torturée et tuée tandis que Mike est battu et laissé pour mort. Mais celui-ci survit miraculeusement et, sur son lit d'hôpital, décide d'enquêter, obsédé par les derniers mots de Christina: "Souvenez-vous de moi".

Critique
Beaucoup connaissent le détective privé Mike Hammer à travers la série TV avec Stacy Keach, mais peu de monde connait ses précédentes incarnations, notamment celle du film de Robert Aldrich En quatrième vitesse (Kiss me deadly - 1955) en Noir & Blanc.

Ce qui aurait pu être une simple transposition à l'écran d'une histoire de détective privé dans une enquête policière sans grand intérêt, se révèle être un petit bijou du cinéma et du film noir grâce aux changements et les rajouts de petits détails par le réalisateur Robert Aldrich. A commencer par le personnage principal complètement détestable, car misogyne, égoïste et narcissique. Les personnages secondaires qui l'entourent ne sont pas mieux dépeints. Tout ce petit monde vit dans une ambiance bizarre, surréaliste, paranoïaque, et totalement nihiliste. Et pour cause, nous sommes au milieu de la Guerre Froide avec la menace nucléaire et le Maccarthysme. Comme souvent dans ses films, Aldrich porte un regard critique subtile sur la société à travers des films de genre, et En quatrième vitesse n'échappe pas à cette tradition.
Côté enquête policière "pure", le film réussit à tenir le spectateur en haleine en gardant le mystère jusqu'au bout. Et encore, même à la fin du film, on n'est pas sûre de connaitre la réponse à cette intrigue pour le moins étrange.

Le film est également remarquable dans sa réalisation. La photographie en Noir & Blanc ainsi que la composition des plans sont d'une classe inégalable, et contribuent à renforcer l'ambiance de paranoïa et étrange du film. La scène d'ouverture résume à elle-seule toutes les qualités artistiques du film.  

Le casting est un sans faute avec des acteurs plus ou moins connus du public comme Albert Dekker, Wesley Addy, Cloris Leachman... Mais celui qui porte le film par sa présence, c'est Ralph Meeker, qui incarne un Mike Hammer inégalé.

Conclusion
En quatrième vitesse est sans aucun doute le meilleur film de Robert Aldrich, et le meilleur film noir tout court. Son influence est grande sur des réalisateurs tels que Scorsese, Steven Spielberg ou encore Tarantino... Le film a été sélectionné pour faire parti des films les plus importants à préserver à La bibliothèque du Congrès américain tels que Les hommes du président, Malcom X, L'exorciste.

Le Blu ray est encodé en AVC au format 1.66:1 d'origine respecté en Noir & Blanc. L'image présentée par le Blu-ray est de très belle qualité (utilisant probablement le même master que celui de Criterion), sans griffures, ni poils ou autres dégâts. Le Noir & Blanc du film est parfaitement restitué avec une définition accrue par rapport à l'édition DVD. Le grain cinéma est préservé. Et enfin, les traces de compression sont très peu visibles. Une image presque parfaite.

La VO et la VF sont encodées en DTS HD MASTER AUDIO 1.0. Tout comme l'image, le son est "propre", stable, ne connaissant aucune coupure, grésillement... Les dialogues sont restituées avec la plus grande clarté. La VO et la VF jouent jeu égal, avec un doublage d'époque de qualité.