Cher Journal,
Tu sais quoi, ce matin, pendant que j’étais au téléphone avec Simon mon meilleur ami à lunettes à moi qui fait des blagues, je gribouillais un symbole bizarre sur un post-it. Je quitte la pièce et une fois revenue, Maman est là avec Luc, tu sais son meilleur ami à elle qui à des potes barbus qui font de la moto. Elle a confisqué mon dessin et elle a commencé à me poser des questions, genre savoir si j’allais bien, puis elle me dit de directement rentrer après la séance de lecture de poèmes au Coffee Art Magazines.
Mais tu me connais, j’ai mon petit caractère et j’aime trop pas qu’on me dise ce que j’ai à faire, non mais ho, allô, y a quelqu’un au bout du fil ? N’importe quoi la vieille.
Bref, je décide de ma vie en suivant mon instinct et les symboles que je vois partout, ça doit avoir un sens ...
Ça me fait arriver devant une boite de nuit le Pandemonium où un goth’ me fait entrer. Là qu’est-ce qu’il se passe ? Je vois 3 personnes en train de très courageusement le tuer à mort. Qu’est ce que je fais ? Bah je crie, c’est trop horrible comment ça fait flipper … Et les gens autour de moi de me regarder comme une folle et pas faire gaffe à ce qu’il se passe.
Et là, Cher Journal, tu devineras jamais : lors d’un échange de regards avec un des meurtriers, sur fond de son sourd et d’image ralentie, j’ai ressenti pleins de choses : à la fois peur et toute bizarre. Cotonneuse … Et j’ai même pas encore bu.
Le lendemain le meurtrier m’a retrouvé et s’est présenté : il s’appelle Jace Wayland, il est blond, on doit pas être loin d’avoir le même âge et il commence à me sortir une histoire à dormir debout comme quoi il traque des monstres en image de synthèse que si-je-les-vois-alors-qu’en-théorie-non c’est que je suis très spéciale, il doit retrouver une coupe magique pour sauver les siens, je sais pas quoi, sinon c’est la fin des «Terrestres». Il faut que je l’aide et en plus il dit que ma mère est trop connue dans son bled.
Quel baratineur !! En tous cas il mythonne vachement bien parce que justement Maman a été enlevée !! Entre le fait que je doive aller la chercher et le fait qu'il est trop mignon, maintenant je commence à me poser pleins de questions … et la plus importante de toutes c’est quels sont les sentiments que j’ai pour Jace. Allez, je te l’avoue, ça y est, je crois que je suis amoureuse. Hihihihihi. Si seulement il pouvait partager la même chose, je serais tellement trop heureuse !!
THE TWILIGHT ZONE
Malgré la fin du règne de la grande saga des vampires qui brillent au soleil et les maigres retombées des tentatives désespérées pour reproduire la formule (Créatures Célestes, Les Âmes Vagabondes), Sony tente sa chance et lance une version-live d’un des titres labellisé «best-seller de librairie jeunesse pour fifilles» de l’écrivain Cassandra Clare.
Elle met en scène Clary Fray (Lily Collins) qui doit sauver sa mère Jocelyn (Lena Headey) des griffes du méchant Valentine (Jonathan Rhys-Meyers) car elle serait l’ultime personne à avoir été en contact avec la Coupe, uns des 3 instruments sacrés du titre.
Clary va entrer dans ce qu’on appelle l’Institut tenu par l’agoraphobe Hodge (Jared Harris), abritant de ténébreux ½ chérubins traqueurs de monstres Isabelle (Jemima West) , Alec (Kevin Zegers) et Jace (Jamie Campbell Bower).
Sur ce postulat revu, rebouilli, reréchauffé et rereservi d’une vie banale qui s’écroule pour mieux mettre en lumière sa mystérieuse provenance, Clary va découvrir puis explorer un monde surnaturel parallèle qui, malgré quelques facilités, s’avère moins pénible que prévu … et même prometteur, d’autant qu’il est habité par une ambiance sombre bienvenue.
Les anges de cette réalité tirent leurs pouvoirs par usage de Runes Magiques, ce qui leur sera utile pour faire la chasse aux Créatures Obscures (grosso modo du vampire, loup-garou, sorcier et autres espèces démoniaques représentées sous un aspect bien peu ragoûtant). Adeptes des décalcomanies mais arborant des dégaines de filiformes emos à base de manteau en cuir et de jeans bien serrés qui ne gênent jamais pour faire des highkicks, notre groupe mixte s’en va occire ces sinistres bestioles dans de violents affrontements où, bien entendu, ça fait du salto dans tous les coins pour montrer qu’on est agile et ça utilise des armes blanches qu’on dirait forgées chez Cristal d'Arques …
Pour info, tandis qu’Abraham Lincoln hachait menu les suceurs de sang et Hänsel & Gretel flechettaient les sorcières, vous serez ravis d’apprendre que J.S. Bach est la nouvelle célébrité à avoir lutté efficacement contre des cauchemars ambulants via une méthode ignorée même de Wikipedia - sans en dire plus, sachez juste que si vous n’avez jamais supporté unes de ses compositions, inquiétez-vous !!
Le mythe du parent absent ou (sur)protecteur, le lourd héritage, les faux-semblants, l’attirance vers l’inconnu, comment dealer avec ses émotions, la lutte du Bien contre le Mal … Est-ce un exploit d’un peu mieux traiter ces thèmes typiques de ce genre de littérature tout en pratiquant régulièrement l’humour et la moquerie ? Bah à vrai dire c’est un poil plus sympa mais ce n’est pas la panacée non plus, 2/3 aspects en faisant un produit moyen.
Premièrement, la réalisation d’Harald Zwart (The Karate Kid) est moins une réinterprétation qu’une tentative assidue d’adapter au plus proche une source qui, à défaut d’être profonde, est réputée pour une certaine densité. Le développement se tient, il y a des idées … mais s’évertuer à raconter du scotchant sans omettre de respecter un certain rythme occasionne des aménagements qui ont une fâcheuse tendance à aller très, très vite sur tout : a peine on découvre l’envers du décor qu’il faut vite enchaîner sur le trauma d’un des héros puis vite devoir répondre aux objectifs enquillés tel un jeu de piste alternant recherches, révélations et distribution de coups … Certaines choses sont abandonnés en cours de route sans pitié pour ne revenir que rarement dessus par la suite. Alors oui, c’est adapté d’une suite de bouquins, on se doute bien que - comme le bestiaire - on en met sous le coude pour une(s des) séquelle(s) hypothétique(s) mais à ce tarif là, le format le plus adapté n’aurait pas été la série TV ?
Deuxièmement, l’inévitable rapprochement des sexes est de la partie pour celles et ceux qui n’ont pas fait le chemin pour de la bagarre ou des labyrinthes (scénaristiques) …
Les meilleures love-stories étant les plus compliquées et les plus impossibles, ils y vont gaiement avec de l’homosexualité inclus dans le quadrilatère amoureux (si on cherche bien, on peut même parler d’un pentagone) mais un autre facteur dérangeant qui va contrarier aussi bien à l’une des combinaisons qu’une partie du public ...
Et pour personnifier tout cela, les jeunes interprètes majoritairement du Royaume-Uni ne peuvent faire de gros miracles. Là aussi c’est moins fadasse qu’avec Bella et ses prétendants, les personnages restant fidèles à eux-mêmes … On ne demande pas des bêtes de charisme mais juste suffisamment de quoi les apprécier (ou s’identifier) sans abuser des clichés dont le script a massivement recours : entre l’ado-perso principal féminin qui suscite les convoitises, le dur à la virilité de carton et à la souffrance intérieure donnant aux midinettes l’envie de le consoler, l’ami rigolo, … si vous ricanez de leur sort alors que les moments drôles sont terminés depuis longtemps, c’est mauvais signe.
Malgré un casting qui fait le job, seuls Robert Sheehan ainsi que quelques acteurs plus confirmés aux rôles limités (Lena Headey, CCH Pounder, Aidan Turner, Jared Harris) offrent un peu plus de présence.
Le métrage pourrait néanmoins survivre si seulement il avait un truc pour lui … c’est précisément là que ça coince : entre un mélange de fantasmes et d’opportunisme, vous ne vibrerez d’absolument rien de bien nouveau si vous êtes au top de votre culture populaire de ces 15 voire 20 dernières années (entre la légèreté chronique et les maquillages de créatures Buffyesques, une imagerie Underworldienne, la découverte d’origines et capacités «naturelles» cachées très Percy Jackson / Identité Secrète / Numéro Quatre, des réminiscences de Jumper, Stargate et, en allant très loin, indirectement des mangas Marmalade Boy !) …
Certes ce n’est pas comme si c’était le seul film existant a avoir emprunté à droite à gauche quitte à devenir un plagiat éhonté (Eragon, Hunger Games) mais là où Harry Potter à son opulence, Eragon ses effets spéciaux, Hunger Games son actrice principale et Twilight les abdos de Taylor Lautner, Mortal Intruments n’a que peu de personnalité et quasiment aucune identité.
CONCLUSION :
Proposant une compilation à peine améliorée de morceaux de productions concurrentes et pressé par un rythme pour le moins effréné, la Cité des Ténèbres serait presque parvenue à faire son trou si seulement plutôt que d’écrémer ou pénétrer le marché elle ne s’était pas contenté de (bêtement) s’aligner. Comprendre ce choix de la prudence c’est également laisser passer de sa réalisation à ses acteurs tous sages … sauf si le manque de piquant et d’audace se fait cruellement sentir !! C’est d’autant plus dommage car niveau univers et atmosphère c’était pas mal parti (éventuellement quelques bons points pour la dimension humoristique ainsi que des combats bondissants). Les phases de sensiblerie sont condamnées à dépendre de la facilité à laquelle votre seuil de mièvrerie se titille ou si, fille comme garçon, vous collez plus ou moins au public ciblé. Sans parler des fans qui auront quelques longueurs d’avance …
Si vous voulez quelque chose dans le style "êtres fantastiques new-age" doté d'un point de vue féminin ni réducteur ni ridicule, testez à l'occasion l'injustement boudé "Nous sommes la Nuit".