Si dans l’espace personne ne vous entend crier, il était essentiel que la bande son de Gravity permettent de comprendre qu’au-delà des dialogues radio l’espace est un assourdissant silence. Comme l’indique le réalisateur dans les bonus « On ne peut pas ne pas mettre de son car ça ne crée par de silence ! ».
Ce sont les séquences ou les débris viennent pulvériser la navette ou la station spatiale russe qui permettent de réaliser que dans l’espace la destruction d’un engin fabriqué par l’homme se fait dans un silence absolu. Le réalisateur a eu l’excellente idée d’éviter toute partition musicale lyrique mais de rendre la situation impressionnante par une musique brutale, sans réelle mélodie. De fait, l’expérience visuelle est amplifiée par ce bruit diffusé par les cinq canaux non compressés de cette édition Blu-ray.
Saluons d'ailleurs les efforts répétés de Warner France pour offrir une VF en format non compressé, même si cela est pour l'instant réservé aux plus gros titres. En parlant de la VF on regrettera que le mixage rend une moins bonne intégration des voix et, surtout, que le placement des voix sont plus centré que la VO.
La séquence la plus impressionnante à ce niveau est sans aucun doute quand la caméra passe à travers la visière pour nous amener en vue subjectif de Sandra Bullock. Le son alors étroit et presque monophonique éclate littéralement sur les cinq canaux, nous faisons corps alors avec le personnage dans son habitacle. Les effets sonores tournent autour de nous, créant une sorte de vertige sonore permettant de mieux nous identifier dans cette situation dramatique. La séquence de atterrissage est également impressionnante avec une dramaturgie puissamment complétée par des vibrations et des chocs sonores qui oppressent encore plus le spectateur.
La dynamique sonore est ample et vous serez certainement comblé que silence et fort environnement sonore cohabitent pour mieux appuyer la tension permanente que véhicule cette histoire.
Avertissement
Gravity est une expérience sensorielle qui doit se vivre brute de forme, idéalement dans des conditions de parfaite tranquillité. Je vous déconseille fortement par conséquent de découvrir les bonus avant d’avoir regarder le film.
A noter qu'en plus des documents sur le film (tous en VOST) vous trouverez dans cette édition deux autres bonus :
"Point de collision : la course à un espace sans débris" : un documentaire de 25 minutes raconté par Ed Harris et revenant sur la problématique des débris qui se multiplient au dessus de nous.
"Aningaaq" est un court métrage de 7 minutes de Jonas Cuarón (avec une introduction optionnelle de 3 minutes) permettant de comprendre l’existence de ce court métrage mettant en scène la personne qui parle dans l'interphone quand le personnage de Sandra Bullock capte un signal radio venant de terre.
Vous trouverez ci-dessous le chapitrage des documents vidéo présentés. Retenez surtout qu’il s’agit de bonus relativement sérieux dans la mesure ou ils abordent les conditions de production, de tournage et de post production avec un angle purement technique. Les auto satisfactions ne sont guère de mise et le propos descriptif et explicatif est la règle.
Le premier documentaire se nomme Contrôle de mission", accessible en lecture complète ou par chapitre.
Tout commence par l'histoire
Premiers défis : plans larges et apesanteur
Prévisualiser Gravity; Les couleurs de l'espace
Apesanteur
Technologie spatiale
Sandra et George : un couple dans l'espace
Animation finale
Silence Absolu
Le second documentaire s'intitule "Amerrissage : Découpages techniques", accessible en lecture complète ou par chapitre.
Derrière la visière
Incendie dans la station spatiale internationale : La renaissance du Dr. Stone
Le son de l'action dans l'espace
Amerrissage
L’innovation technologique au service de l’émotion
Il ressort de ce long parcours (près de trois heures) le sentiment de partager une réelle innovation dans la manière de tourner un film. Un ensemble de trouvailles que l’on retrouve sur de multiples étapes et parfaitement découpées dans les documents présentés. Le plus impressionnant est certainement la découverte de ce cube lumineux ou vont évoluer les deux acteurs. Un cube qui rassemble à lui seul une quantité incroyable de nouvelles idées. Les documents mettent également bien en perspective l'inconfort et la solitude de Bullock dans ce cube, seule méthode efficace retenue pour apporter le meilleur réalisme possible aux mouvements dans l'espace.
Un réalisme troublant
Certes il s’agit d’un réalisme que nous ne connaissons pas vraiment mais en regardant le film on ressent étrangement que tout est vrai, que les étonnant déplacements, l’absence de bruits, l’impuissance de l’humain dans sa capacité à maîtriser ses mouvements dans l’espace…
L’apesanteur aura été un des principaux challenges et est régulièrement abordé dans les différents documents. On retiendra les parties ou nous découvrons comment a été géré l’apesanteur des acteurs, notamment pour les intérieurs, mais aussi la séquence de l’explosion ou celle ou Bullock doit gérer la pression de l’extincteur.
Le plus étourdissant dans la découverte des conditions d’élaboration de ce film est de découvrir qu’il s’agit en fait d’un film en images de synthèses ou les acteurs, filmés uniquement sur le haut de leur corps, sont ensuite intégrés. De ce tournage hautement technologique il ressortira cependant une véritable émotion tout au long du film et les nombreuses (mais trop courtes !) séquences de tournage offertes dans ces bonus permettent de vérifier la complexité et la dureté des conditions de tournage.
L’émotion passe par la respiration
Autre exemple permettant de découvrir les enjeux « virtuels » avec la visière, totalement inexistante lors des prises de vue et entièrement créée en post production. Les explications permettent de bien comprendre la complexité d’ajout de traces, de griffures, des réflexions mais aussi de la buée liées à la respiration. La démonstration permet également de mieux comprendre comment et pourquoi le réalisateur amène un regard caméra objectif ou subjectif… en passant d’une coté à l’autre de la visière. Là encore, l’artifice est complet lorsqu’on regarde le film et la prouesse technique est totale.
Je vous laisse découvrir en détail ces bonus et comment toute cette articulation a pu accouchée d’un film aussi époustouflant. Rien que pour cette partie, je suis certain que vous ne regretterez pas l’achat de ce Blu-ray.
Ci-dessous une sélection de captures d’écran