Boudu, clochard parisien, se jette à la Seine. Repêché par un libraire aux idées libérales, il sème l'anarchie dans la famille.
Adaptation d’une pièce de théâtre de René Fauchois, « Boudu Sauvé des eaux » raconte l’histoire d’un couple de libraire bourgeois, au cœur de Paris, dont le mari va sauvé de la noyade un clochard qui vient de se jeter par dépit. Emu par la situation précaire de l’homme, le libraire va alors lui offrir l’hospitalité, mais le clochard ne parvient pas à se faire à une vie cossue et préfère être libre, il va alors semer un désordre incroyable dans l’univers du couple.
« Boudu sauvé des eaux » n’est pas seulement un film dans lequel Michel Simon fait exploser son talent, c’est un film où l’acteur se révèle comme incarnant tout ces pauvres hommes abandonnés sur les trottoirs, oubliés de la société, dédaigné des classes moyennes. Le comédien ne surjoue jamais, il donne à son personnage une sorte de naïveté, de folie décalée qui le met en relief par rapport au jeu un peu trop théâtrale et maladroit du reste de la distribution. Car il est vrai que le premier constat alarmant de cette œuvre reste certainement le jeu très « amateur » de certains acteurs comme la jeune Séverine Lerczinska qui ne semble pas avoir poussé plus loin l’expérience cinématographique.
Par contre côté mise en scène, Jean Renoir, ne signe peut-être pas là la meilleure œuvre de sa carrière, mais le cinéaste donne une couleur à son film, qui transperce le noir et blanc de la pellicule, que ce soit dans sa façon de mettre Paris en valeur, le quartier des quais de scènes avec les badaux, les bouquiniste, la foule qui se masse sur le pont des arts pour assister à la noyade d’un homme, etc… Le réalisateur utilise certains flous pour mettre en lumière ses comédiens et mieux faire apparaitre le malaise qui s’installe au sein du foyer.
Le scénario, quand à lui, s’attaque forcément à des sujets difficiles qui sont certainement les raisons de son échec critique, puisque dans l’histoire on peut comprendre qu’Albert Valentin et Jean Renoir n’hésite pas à prôner une certaine liberté dans les relations amoureuses : Le libraire couche avec la bonne, la femme avec Boudu et tout ce petit monde finit par s’aimer comme cela. Si, à notre époque, rien n’est particulièrement choquant, il apparait évident que le film ait pu irriter les biens pensées de l’époque d’avant guerre.
En conclusion, « Sauvé des Eaux » est un film de Jean Renoir qui met parfaitement en valeur le désastre de l’arrivée d’un clochard dans un couple de libraire aux idées libérales. Michel Simon y est grandiose et le scénario s’offre un sujet transgressif.