Viktor Navorski est l’un des milliers de touristes, venus des quatre coins du monde qui débarquent chaque jour à l’aéroport JFK de New-York. Mais à quelques heures de son arrivée, voilà qu’un coup d’état bouleverse sa petite république d’Europe centrale, mettant celle-ci au ban des nations et faisant de Viktor… un apatride. Les portes de l’Amérique se ferment devant lui, alors même que se bouclent les frontières de son pays. Viktor est bel et bien coincé dans la zone de transit.
Inspiré d’une histoire vraie, « The terminal » de Steven Spielberg est surtout l’occasion pour le réalisateur de mettre en lumière les absurdités d’une situation hors normes, tout en utilisant l’ensemble des qualités de son cinéma afin de donner l’humanité nécessaire à sa trame. Car avant tout « The Terminal », c’est l’histoire d’un homme simple, porté par une promesse faite à son père malade, et qui se retrouve coincé dans un imbroglio hors norme, où son pays se retrouve, suite à un coup d’état, subitement inexistant et celui qui l’accueil incapable de lui proposer une solution adaptée à sa situation. Mais derrière cette histoire, on retrouve les stigmates d’un 11 Septembre encore très présent, notamment dans la scène où Viktor comprend que son pays est à feu et à sang. Le réalisateur prouve à nouveau, avec toujours autant de couleurs et d’intelligence, la place de l’étranger dans une société occidentale qui vit dans une sorte de paranoïa permanente. Car autour de Viktor, gravitent plusieurs personnages qui doivent à leur manière, par leurs histoires, vivre et parfois même survivre dans un monde où il est préférable de devenir invisible pour ne pas être la proie des traumas post 11 Septembre 2001. Spielberg et son scénariste trouvent alors toute la finesse nécessaire pour faire s’opposer deux mondes qui pourraient en venir une fois de plus à se détester.
Ici, les minorités sont en bas de l’échelle sociale, et les américains en haut, mais dés lors que la situation devient complexe, les deux mondes s’échangent leur place et le colosse laisse apparaître un pied d’argile, pendant que les minorités prouvent par leurs dons de solidarité qu’ils peuvent être en fait le support de tout empire. Loin d’une peinture simpliste de cette histoire hors norme, Steven Spielberg nous brosse un portrait sans concession, même si délicatement distiller, d’une société qui se perd dans sa rigidité, dans sa paranoïa, pour, au final, être démunis face à l’imprévu. On ne sait pas ? On laisse faire le temps ! Un peu le syndrome de l’Autruche. Et puis dans une réflexion parallèle, l’histoire de l’Amérique arrive au grand jour, des émigrés volontaires ou non se rencontrent et s’unissent pour faire naître les valeurs d’une nation. Un discours faussement nationaliste qui apparaît d’un seul coup universel.
Bien sûr tout repose en majeure partie sur la prestation de Tom Hanks (Il faut sauver le soldat Ryan), qui montre une fois de plus toute la finesse de son jeu. Même lorsqu’il force le trait comme dans toute la première partie, il instigue à son personnage une naïveté plutôt bienvenue, qui traite ainsi l’histoire avec humour et sensibilité. On éprouve forcément de la sympathie pour ce personnage perdu dans une histoire qui le dépasse et l’on s’émeut de cette histoire d’amour presque impossible entre une hôtesse de l’air, interprétée par une Catherine Zeta-Jones tout en émotion et en séduction.
En conclusion, « The Terminal » est un film drôle et émouvant qui offre un regard sensible et intelligent d’un réalisateur à l’humanité toujours grandissante.