1945 : Après sa défaite, le peuple japonais vit dans la crainte de l’arrivée des forces américaines. Au nord du pays, dans la minuscule île de Shikotan, la vie s’organise entre la reconstruction et la peur de l’invasion. Ce petit lot de terre, éloigné de tout, va finalement être annexé par l’armée Russe. Commence alors une étrange cohabitation entre les familles des soldats soviétiques et les habitants de l’ile que tout oppose. L’espoir renaît à travers l’innocence de deux enfants, Tanya et Junpei…
L’animation Japonaise brille toujours par la qualité de ses histoires, et la poésie qui se dégage quasi systématiquement de ses sujets, particulièrement lorsqu’ils sont puisés dans le passé du pays. Ici, on parle d’un pays en crainte à la répression des vainqueurs, mais également à l’inconscience du pacte qui a unit les alliés face à l’Allemagne nazis et aux japons. Dans ce long métrage d’animation, l’action se situe en 1945, dans un Japon ravagé qui attend, un peu fébrile sa sanction d’avoir défié les autres puissances mondiales. Une sanction qui se concrétisera par la présence des troupes soviétiques sur son sol. Comme à son habitude, le réalisateur Mizuho Nishikubonous livre un récit tout en innocence et en sobriété, qui montre plusieurs visages de son pays à l’époque, celui de la fierté et de l’honneur Nippon, même dans les moments les plus difficiles que sont la défaite et la sanction. Puis celui de la lutte permanente pour survivre face à un pays rationné ou encore celui de l’innocence.
Comme dans les séries d’animation des années 80, le réalisateur choisit un style qui mêle parfois le burlesque et la légèreté à l’insoutenable gravité de la situation. Comme pour mieux dépeindre la petite fleur qui finit toujours par fleurir, même dans les instants les plus grave de notre existence, la narration se fait légère, dynamique et parfois s’arrête sur la véritable histoire et l’obscurité prend le pas.
Inspirée d’une histoire vraie notamment celle de Mr Hiroshi Tokuno, qui raconta un jour son histoire aux producteurs qui trouvèrent là un moyen de dépeindre avec beaucoup d’intelligence qui reste encore actuellement une blessure béantes dans le cœur des japonais. Comme on le voit régulièrement dans les animations japonaises, le ton y est parfois un peu caricatural, mais les scénaristes, le réalisateur et son équipe d’animateurs ont su trouver un ton juste pour émouvoir, parfois même jusqu’aux larmes, notamment lorsque les enfants veulent aller voir leur père, prisonnier dans un camp. Les scénaristes ne cherchent pas à en rajouter dans le mélo, mais donnent au contraire une tonalité plus en retenue et beaucoup plus tournée vers l’avenir et vers le sacrifice honorable, que le sensibilisme récurrent des animations américaines.
En conclusion, « L’ile de Giovanni » est une œuvre remarquable de sensibilité et de sobriété qui lève le voile d’une histoire moins connue du Japon, celle de l’après guerre et de ses frustrations. Un long métrage d’animation, avec des graphismes soignés et un scénario solide qui offre un spectacle magnifiquement mis en scène. A voir, même sans être fan des mangas.