Les amours heureuses et tragiques de Rodolphe et Mimi, de Marcel et Musette peintres, poètes et cousettes dans le Paris 1900 d'après la Vie de bohème de Murger mis en musique par Puccini.
Persuadé, comme beaucoup, que l’Opéra financé en partie par des fonds public, devait être présenté à ceux qui payaient sans jamais avoir les moyens de monter les prestigieuses marches de Garnier ou de Bastille. Plusieurs œuvres furent alors présentées, des plus célèbres comme « Carmen » à d’autres moins connus, comme « Boris Godounov ». Et c’est Luigi Comencini qui réalisa donc « La bohème », une tragédie mise en musique par Puccini.
Avec un certain goût de l’avant-gardisme, Comencini signe un film sobre, presque une scène d’opéra pour décor, et des artistes jouant comme s’ils étaient en représentation. Car c’est ça toute la surprise du film. Nous ne sommes pas dans une adaptation, avec des séquences rajoutées ou encore des instants repiqués, nous sommes comme face à un opéra qui se joue devant nous, à la différence près que nous sommes au cœur de l’intrigue. Autre grande et belle surprise que nous réserve le réalisateur, alors que l’héroïne apparait sur toutes les scènes du monde : « Blanche », il choisit de donner le rôle principal à la divine et envoutante cantatrice Américaine Barbara Hendricks, qui a la particularité physique d’avoir la peau noire.
Bien évidemment le charme opère, et la diva nous illumine dès qu’elle entonne les premiers airs de l’opéra, sa voix cristalline et magique nous touche au cœur et nous pousse dans l’émotion la plus pure. Le duo qu’elle forme avec le ténor José Carrerras, en doublage puisqu’il ne pouvait être, pour des raisons médicales, présent durant le tournage, est tout simplement magique. On se laisse porter par la musique, on oublierait presque la tragédie qui se joue devant nous, et lorsque cette dernière se rappelle à nos esprits, c’est pour mieux nous toucher et nous émouvoir.
Datant de 1988, le film « La bohème » nous plonge au cœur même de la scène de l’opéra de Puccini. L’ensemble est d’une sobriété remarquable et d’une pourtant d’une complexité rare, pour synchroniser les voix, la musique et le tournage. Le réalisateur a fait les bons choix et les néophytes comme les plus amateurs (re)découvriront cet opéra avec une couleur et une émotion différente.