L’homme qui gère les crises, Ray Donovan peut régler tous les problèmes sauf les siens. Ray est l’homme à tout faire de la population huppée de Los Angeles, dont il efface toutes preuves des dérapages mais façon Boston. Masi son père, Mickey Donovan, un gangster irlandais, est le genre de soucis que même Ray ne peut pas gérer. Désormais en liberté conditionnelle, Mickey revient réclamer sa famille, sa vie et cherche à se venger de ce fils qui l’a envoyé en prison il y a vingt ans. Ray peut-il réparer les multiples fissures de sa famille avant qu’elles ne les détruisent ?
« Ray Donovan » est une série surprenante, par le ton, par la structure narrative en constante évolution, avec des rebondissements cohérents permanents, dans lesquels rien ne semble laissé au hasard, mais également une interprétation qui s’amuse à recycler toutes les caricatures du genre : le héros ténébreux, le père entre deux eaux, le frères mi homme mi enfant, et l’autre blessé par la vie, un gymnase de boxe et une coach black et sage. Tout y est et pourtant la série est d’une redoutable originalité, par la manière dont la créatrice Ann Biderman qui avait déjà travaillé sur des films tels que « Public Enemies » ou encore « Peur Primale ».
Car la scénariste ne s’arrête pas simplement à une description un peu caricaturale de la face cachée de la richesse de Los Angeles, elle s’amuse à transgresser les genres en y insufflant un esprit familial emplit des valeurs de l’Amérique avec ses rites, ses obligations, ses règles également. Le père n’hésite pas à utiliser des méthodes peu orthodoxes pour réparer les écarts de ses riches clients, mais lorsqu’il rentre chez lui, il est avant tout un père avec toutes ses responsabilités et notamment face à ses enfants, à qui il doit apprendre les règles de la vie. Certainement la mission la plus délicate pour cet homme aguerri aux combats de l’existence. En se basant ainsi sur une intrigue familiale complexe, elle parvient à créer un série parfaitement menée qi passionne littéralement le spectateur. D’autant que les divers rebondissements parsemé au long des 12 épisodes que compte la série, ne font pas dans l’exagération, bien au contraire, ils surprennent chaque fois par leur suites logiques, mais également par la simplicité et parfois même l’évidence avec laquelle ils sont assénés.
Côté distribution, Liev Schreiber (Le Majordome) incarne son personnage avec beaucoup de précision, ce qui est rare dans une série. L’acteur s’amuse à enchainer les contradictions, en étant à la fois froid et distant lorsqu’il s’occupe de ses clients, mais avec une sensibilité précise lorsque son personnage doit affronter les méandres en pleine désintégration de son cercle familial qu’il pensait naïvement solides. Il se retrouve face à un Jon Voight (Benjamin Gates et le trésor des templiers) particulièrement en forme qui oscille en permanence entre le père cherchant à tout prix une rédemption et l’immonde personnage qui n’hésite pas à menacer ses enfants pour défendre ses intérêts. L’acteur se prête à merveille à cet exercice qui consiste à perdre le spectateur dans la compréhension de son personnage. Car, il est difficile de définir de quel côté le personnage interprété par l’acteur, et cela pour notre plus grand plaisir.
En conclusion « Ray Donovan » est série criminelle particulièrement bien écrite, qu’une réalisation pointilleuse, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler les films de Scorese ou de Cimino, la série reprend tous les code du genre, mais s’amuse à en faire une série impliquant également les valeurs que l’on peut retrouver dans la plupart des séries américaines familiales. La distribution y est totalement réjouissante et l’on suit cette série avec une certaine addiction.