Dans le Londres de l'époque Victorienne, Vanessa Ives, une jeune femme puissante aux pouvoirs hypnotiques, allie ses forces à celles d'Ethan, un garçon rebelle et violent aux allures de cowboy, et de Sir Malcolm, un vieil homme riche aux ressources inépuisables. Ensemble, ils combattent un ennemi inconnu, presque invisible, qui ne semble pas humain et qui massacre la population...
Un peu d’histoire pour commencer : les « Penny Dreadful » furent des journaux bon marchés vendus pour un penny, dont les londoniens de l’époque Victorienne raffolaient et dans lesquels il était raconté des histoires de meurtres violents, d’enquêtes incroyables et de monstres assoiffés de sang. On dit même que c’est l’un des plus fameux « Penny Dreadful » : « Varney the Vampire » qui fut l’une des sources d’inspirations de Bram Stocker pour créer son comte Dracula. Il était donc assez naturel, qu’à un moment donné, Hollywood s’intéresse de plus prêt à ces nouvelles gothiques et horrifiques qui passionnèrent les londoniens, alors en pleine psychose : « Jack l’Eventreur ».
C’est donc à John Logan qu’incombe la lourde tâche de s’amuser avec tous les styles abordés par ces petits journaux. Et le monsieur, qui signe d’ailleurs le scénario du prochain James Bond : « Spectre », a trouvé la bonne idée dans les plus grands succès de la littérature anglo-saxonne de l’époque notamment : « Frankenstein » de Mary Shelley, et « Le portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde et bien sûr le « Dracula » de Bram Stocker. Parti de cette base, le producteur-Scénariste a donc tissé une toile où tout le monde se rencontre à Londres et s’unie pour combattre une redoutable créature nocturne qui sévit au cœur de la capitale Britannique.
Mais, surtout l’intelligence du scénario n’en oublie pas pour autant les traumas personnels de chacun des personnages, à commencer par Frankenstein et sa créature qui lui demande un service que le médecin n’est pas très enclin de lui rendre. Dorian Gray dont l’existence est liée à son portrait enfermé dans une pièce de sa demeure. Du coup la série ne cesse d’osciller entre les bases de l’histoire de « Dracula » et celle des autres personnages. Le tout dans une mise en scène très inspirée, qui s’est évertuée à retranscrire le plus fidèlement possible l’atmosphère sombre et paranoïaque d’un Londres gangrené par les écarts de fortunes et les faits divers sordides dès la nuit tombée.
Loin de s’interdire quoi que ce soit, la série n’hésite pas une seule seconde à utiliser les armes du film d’horreur, à y mettre ce qu’il faut de sensualité pour donner un sens à ces inspirations nombreuses qui ont permis l’élaboration soignée et minutieuse du scénario. Du coup le spectateur se laisse porter par les histoires et tremble au fil de sa progression.
La distribution y est bien sûr aussi pour beaucoup, à commencer par le trio : Eva Green (Whitebird) toujours aussi réjouissante en femme à double facette, Timothy Dalton a laissé depuis longtemps son costume de James Bond (qu’il ne mit qu’une seule fois) pour un rôle plus en nuance de père à la recherche de son enfant et prêt à se battre contre toutes les forces du mal, et Josh Hartnett (Pearl Harbor) fait un comeback réussit avec ce personnage de cow-boy plus complexe qu’il n’y parait. Mais c’est surtout les interprétations de Harry Treadaway en Victor Frankenstein, Reeve Carney en Dorian Gray et Rory Kinnear en Créature qui sont les plus surprenantes, à la fois de justesse et de nuances pour interpréter des personnages attirants et pourtant si obscur au fond d’eux
En conclusion, « Penny Dreadful » est une série absolument remarquable, que l’on peut visionner avec un plaisir non coupable. C’est l’occasion de plonger dans un Londres Victoriens angoissant et possédé par les fantasmes gothiques de ses auteurs. C’est surtout l’occasion de voir une distribution en accord parfait avec leurs personnages, sans caricatures ni hors sujet.