Depuis quarante ans, le photographe Sebastião Salgado parcourt les continents sur les traces d’une humanité en pleine mutation. Alors qu’il a témoigné des événements majeurs qui ont marqué notre histoire récente : conflits internationaux, famine, exode… Il se lance à présent à la découverte de territoires vierges aux paysages grandioses, à la rencontre d’une faune et d’une flore sauvages dans un gigantesque projet photographique, hommage à la beauté de la planète. Sa vie et son travail nous sont révélés par les regards croisés de son fils, Juliano, qui l’a accompagné dans ses derniers périples et de Wim Wenders, lui-même photographe.
Le réalisateur Allemand, Wim Wenders, auteur de chef d’œuvres tels que « Les Ailes du Désir », nous entraîne alors dans les pas d’un témoin de l’histoire. En mettant en lumière autant les photos que les témoignages de son auteur. Le réalisateur nous raconte l’histoire de ce photographe hors norme au regard puissant. Les photos sont saisissantes et le parallèle avec la personnalité de l’artiste autant que celle du couple qu’il forma avec on épouse ouvre une vision différente de ses photos, instants de paix comme de traumas de sociétés en pleins conflits.
Chaque photo de Salgado est un choc visuel, mais culturel aussi qui entraîne le spectateur dans les visions sombres de l’histoire. Dans les méandres d’une histoire en constante mutation, que ce soit du bon côté pou du mauvais côté. Sans concession, le photographe pose son objectif au cœur des personnages qu’il croise au fil de ses voyages, de ses périples et pourquoi pas de ses rencontres. Jamais en avant, il passe d’une histoire à une autre d’un conflit à un autre, d’un peuple à une terre et d’une terre à un peuple avec un goût évident pour les lumières soignées, mais surtout pour les arrières plans.
Car, à travers « Le sel de la terre », Wim Wenders nous présente le travail de ce photographe qui, comme il le dit lui-même, est un tout ! Il y a le personnage et l’action qu’il mène bien évidemment, mais il y a surtout tout ce qui se passe autour et particulièrement en arrière plan. D’un seul coup, le travail de l’artiste prend un tout autre sens, et le spectateur se retrouve du coup à explorer d’un œil nouveau la moindre photo, s’arrêtant au moindre détail et à la moindre lumière, cherchant le message de l’artiste explorant une nouvelle fois la mémoire du monde, mais également celle de l’auteur du cliché.
Avec « Le sel de la Terre », Wim Wenders nous donne la possibilité de découvrir un travail minutieux et précis qui se représente un peu décousue mais qui donne toute l’ampleur de son travail. Que ce soit en Irak lors du premier conflit en 1991, ou en Amérique du Sud lors de leur retour dans le pays qu’ils avaient fui depuis de trop nombreuses années. Comme pour mieux mettre en lumière le travail du photographe, Wim Wenders l’accompagne dans ce qui étaient ses derniers périples, en se posant lui aussi comme témoin de celui qui garda intacte les traces des conflits, des dictatures passées mais des joies aussi d’un monde perpétuellement en mouvement.