Chassé-croisés tour-à-tour amoureux, gourmands, intéressés ou mystiques dans un immeuble de la Contrescarpe, entre un gigolo italien et une entraîneuse de boîte de nuit, une famille de bouchers et un apprenti rocker, un tailleur mystique, un écrivain qui s'envoie à lui-même des télégrammes, une paralytique alerte, une concierge attentionnée, un éleveur d'oiseaux, un truand à peine libéré. Petit à petit, chacun se découvre avec son passé ou son présent plus ou moins trouble. Une mort mystérieuse va introduire la police dans l'immeuble, hâter les révélations, et bousculer ce petit monde.
« Du mouron pour les Oiseaux » est une comédie vaudeville réalisée par Marcel Carné. Le réalisateur des « Quai des Brumes » et « Les visiteurs du soir » sort de plusieurs échecs lorsque le producteur Jules Borkon le contacte pour mettre en image une adaptation d’un roman d’Albert Simonin dans lequel les héros se croisent dans un vaudeville léger sur fond d’un légère intrigue policière. L’intrigue est une peinture de la société française de l’époque avec des personnages sympathiques et légèrement caricaturaux. Copié sur les comédies musicales américaines de l’époque, le film dépeint une société où tout semble aller bien, où la légèreté et les sourires sont de mise, où les rues sont arpentées par des gens souriant et une population heureuse.
« Du mouron pour les oiseaux » n’est certainement pas le meilleure film du réalisateur, on pourrait même dire l’une des plus légers, mais il n’en demeure pas moins une comédie divertissante servie par des dialogues savoureux signés par Jacques Sigurd (Manèges) et Marcel Carné lui-même. Le duo s’amuse des situations et laisse son scénario plonger le spectateur dans les méandres d’une histoire où chacun des personnages se laisse piéger par ses sentiments dans une certaine insouciance, jusqu’à ce que les cartes soient redistribuées suite à la découverte d’un cadavre dans l’immeuble.
L’ensemble est notamment porté par une distribution remarquable à commencer par
Paul Meurisse (L’Armée des Ombres) nous ravit avec un jeu toujours très inspiré, classique, dandy et volontairement aristocrate, qui fait mouche à chaque fois.
Jean Richard (Maigret) nous ravit d’un jeu simple presque rural qui correspond à son personnage de boucher bonhomme, éprit d’une petite jeunette. Quand à
Dany Saval (Inspecteur La Bavure) elle apporte une fraîcheur faussement candide au reste du film. C’est d’ailleurs son personnage qui donne la tonalité au reste du film.
En conclusion, « Du mouron pour les oiseaux » reste tout de même un film divertissant sans être exceptionnel. Ce n’est certainement par le meilleur film de Marcel Carné, mais le génie du maître parvient à transpirer de quelques plans et nous laisse tout de même sur une touche de comédie finalement agréable à suivre.