A la mort de son père, vendeur d'armes à feu, Nessa Stein reprend l'affaire en mains. Alors qu'elle milite pour la réconciliation entre Israël et la Palestine, elle se retrouve prise dans un tourbillon d'ennuis.
« The Honourable Woman » fut annoncé comme un événement télévisuel par la chaîne Canal +. Et dès les premières minutes, le mot « événement » prend tout son sens. Car le ton est très rapidement donné, avec une scène d’introduction percutante et une ambiance résolument sombre, qui plonge littéralement le spectateur dans un environnement fermé et sombre. A l’image du personnage principal de Nessa Stein dont on comprend tout de suite qu’elle est la petite fille de la scène d’ouverture. Les personnages apparaissent un à un, mais de façon un peu rugueuse, qui amène de manière décousue les bases d’une intrigue solide et profonde, qui va nous plonger au cœur du conflit Israelo-Palestinien.
Et la mise en scène appuie, tout au long des huit épisodes que contient la série, au cœur d’une intrigue complexe où chacun des personnages est lié de manière directe ou non aux autres. Entre scandale financier, politique et espionnage à grande échelle. Tout au long de la série, on peine parfois à définir les frontières du bien et du mal, les deux évoluant dans un monde où les règles semblent autonomes. Certains viennent trouver une nouvelle vie, peut-être même se cacher et apparaissent au grand jour, d’autres plus en lumière masquent une part d’ombre. Qu’ils soient proches éprouvés par un passé ou une mission difficile à assumer ou espion à la recherche de failles ou cherchant à en créer, tout ce petit monde gravite autour d’une intrigue minutieusement ciselée, qui tient, sans jamais défaillir, le spectateur en haleine et l’entraîne là où il en a envie pour arriver sur le résultat d’un dénouement redoutable de froideur et de maîtrise.
Le scénario ne s’arrête d’ailleurs pas à une simple intrigue sur fond d’espionnage, il plonge littéralement dans une peinture très pointue d’un conflit tout en nuance où ceux qui luttent pour la paix se confrontent en permanence aux ambitions financiers et politiques des autres, où chacun des personnages se dessine doucement, pour mieux imprégner le spectateur d’une ambiance âpre entre douleur, dérive, et innocence. Chaque élément de l’intrigue cache toujours une forme de mélancolie par des blessures anciennes ou soudaines qui viennent provoquer une cassure dans une communauté éprouvée par une tension permanente. Par des plans rigoureux et inventifs, le réalisateur tient le spectateur en haleine malgré une mise en scène lente et une atmosphère quelque peu suspendue à une narration toute en douceur pour mieux contraster avec les actions criminelles de certains protagonistes.
Et la distribution participe allègrement à donner corps aux personnages avec une certaine inspiration. Maggie Gyllenhaal White House Down) se matérialise en femme d’affaire aux idéaux intransigeant mais à la fragilité évidente. L’actrice signe une prestation cristalline ou chaque pas semble fragilisé par l’intrigue. Face à elle
Andrew Buchan (Broadchurch) compose un personnage tout en ambiguïté, à la fois lunaire et parfois terriblement ancré dans la froide réalité. Sans oublier la composition toute en émotion et en dureté de
Lubna Azabal (La marche), l’actrice Belge transcende une fois de plus son personnage tout en retenue et en nuance pour mieux mettre en valeur la dualité qui torture son personnage.
En conclusion, « The Honourable Woman » est une série remarquablement construite qui mêle avec beaucoup de précision le grand et le petit, cisèle avec une certaine réussite des personnages tout en nuance et en ambiguïté. Enfin une véritable grande série sur le conflit Israélo-Palestinien, mais pas seulement !