D’un petit village du sud de l’Iran aux cités parisiennes, Kheiron nous raconte le destin hors du commun de ses parents Hibat et Fereshteh, éternels optimistes, dans une comédie aux airs de conte universel qui évoque l’amour familial, le don de soi et surtout l’idéal d’un vivre-ensemble.
A première vue, le film de Kheiron (Bref), humoriste, scénariste et donc réalisateur avec ce premier long métrage : « Nous trois ou rien », fait un peu peur, notamment par un risque évident de donner un discours soit trop lisse, soit trop ouvertement politique, puisque la première du film semble s’interresser à la politique menée par le Shah d’Iran puis après par l’Ayatollah Khomeiny.
Et effectivement, le film se scinde de manière parfaitement distincte en deux parties : la première passe en revue, à travers la souffrance et la mémoire d’un homme :Hibat Tabib, le père du réalisateur, qui passa sept ans en prison pour refuser de faire l’éloge du Shah et pour avoir osé dénoncer ses exactions. L’homme sera emprisonné et torturé, jusqu’à sa libération au moment de la chute du Shah, mais obligé de quitter l’Iran sous le régime de Khomeiny. La deuxième partie s’intéressera à l’arrivée en France et aux difficultés d’intégration d’une communauté qui, dans les années 80, ne se reconnait ou très peu dans la vie social et culturelle du pays.
Alors bien sûr, on pourra dire beaucoup de choses négatives au sujet du film de Kheiron, notamment son aspect très appuyé et fort peu nuancé de la première partie de son scénario, et une deuxième partie très image d’Epinal, masquant un discours de volonté de « Vivre ensemble » et d’intégration volontaire et positive. Mais qu’est-ce qu’on s’en fiche en fait de tout ça ? La démarche est tellement positive, porteuse d’ondes que l’on souhaiterait recevoir plus souvent, à l’inverse de toutes celles véhiculées par des parties politiques ou de faux sociologues pleutres et revanchards.
Le film de Kheiron, manque effectivement de nuance et peut-être de finesse, mais il a le bon goût de rendre un hommage appuyé et sincère à des parents dont le courage soulève le respect et devrait être une leçon que l’on devrait apprendre dans les écoles, pour qu’enfin nos concitoyens puissent se rappeler qu’il n’y pas eu que la résistance en France comme vecteur de courage, que dans certains pays l’horreur a fait de nombreuses victimes, qui ont dues fuir leur pays et se réfugier dans nos frontières pour que les idéaux survivent aux générations. Mais également que ces hommes et ces femmes, dont la détermination est une leçon de vie, ne sont pas devenus des délinquants mais ont également aidé à faire naître des couleurs dans ces cités que nous avons érigés comme on entasse des cages à lapins.
Au-delà de cet hommage à ce père remarquable et volontaire, il y a une envie de parler d’espoir, de détermination et de non repli identitaire pour s’ouvrir à l’autre. Kheiron, à travers une galerie de personnages volontairement caricaturaux nous offre une vision intéressante d’une société où la jeunesse doit surmonter ses obstacles en aidant ses aînés à ne plus avoir peur des origines et s’intégrer dans un pays qui ne cesse d’évoluer et de s’imprégner de ces cultures qui le rende si passionnant.
En conclusion, en s’appuyant sur une distribution inspirée et remarquable, Kheiron signe avec « Nous trois ou rien », un film, certes pas parfait, mais qui fait du bien ! On en sort revigoré d’espoir et enchanté d’avoir suivi une histoire émouvante et édifiante à la fois. Le scénario donne à imaginer d’ores et déjà des répliques promises à devenir cultes.