Cette saison débute par la bataille que se livrent les différents protagonistes à travers Westeros et Essos pour s’accaparer une place au pouvoir laissée vacante. A Châteaunoir, Jon Snow a du mal à contenter les membres de la garde de nuit et Stannis Barathéon, fraîchement arrivé, s’autoproclame Roi de Westeros. Pendant ce temps-là à Port-Réal, Cersei voit son autorité contestée entre l’influence croissante de la famille Tyrell et la montée en puissance d’un groupe de religieux, mené par l’énigmatique « Grand Moineau », alors que Jamie embarque pour une mission secrète. De l’autre côté du détroit, Arya est à la recherche d’un vieil ami, pendant que le fugitif Tyrion rejoint une nouvelle cause. Alors que le danger s’intensifie à Meereen, Daenerys Targaryen se rend compte que pour maintenir le peu de contrôle qu’il lui reste sur la ville, elle doit faire des sacrifices importants.
La société HBO, a toujours su se tenir en avant de toutes les séries qui fleurissent chaque années sur les écrans américains, avec un goût certain pour les produits originaux, parfois choc (Oz), toujours en explorant des univers souvent mal traités par les créateurs de séries américaines, pour en faire des événements, comme celui des vampires dans « True Blood » ou encore celui du western avec « Deadwood ». Cette fois-ci, le studio nous propose l’Héroic Fantasy avec « Game of Thrones ».
David Benioff que l’on connaissait comme le scénariste de grandes réussites telles que « Les cerfs-volants de Kaboul » ou encore « Brothers », et son co-équipier D.B. Weiss qui avait travaillé sur « Kashmir », se sont attaqué à une œuvre majeure pour les amateurs d’Héroïc : « Le trône de fer » de George R.R. Martin. Une entreprise risquée aux vues de toutes les productions du genre, à l’image du désastreux « Camelot » de Michael Hirst ou encore le « très inégal » : « Légend of the Seeker ». Ici les auteurs s’approprient une œuvre riche et très empreinte de l’univers de Tolkien, avec cela de particuliers que le livre de l’auteur mêle en permanence le point de vue de chacun des personnages à chaque étape de la construction de l’histoire. Pour l’adaptation télévisée, les auteurs ont trouvé matière à créer une série riche en rebondissements et profitent d’un démarrage un peu confus pour garder un déroulement haletant pour le spectateur.
Impossible évidemment de ne pas faire le parallèle avec la trilogie de Tolkien, tant l’univers y est aussi sombre, avec des personnages torturés, tristes, oscillant, à l’image, de l’intrigue entre les saisons qui symbolisent à elles seules les différentes nuances de l’œuvre de Georges R.R. Martin. L’univers Heroïc est ici poussé à son meilleur niveau et, de la même manière que Peter Jackson le fit, les créateurs de la série, jouent sur les perspectives, autant que sur les ambiances. La narration bénéficie, au final, d’une certaine fluidité qui permet au spectateur de mieux s’imprégner de l’esprit de la saga.
Et pour cette Cinquième saison, les auteurs qui avaient signés une quatrième en peu en-dessous des précédentes, ne l’ont fait que pour nous préparer à une cinquième hors gabarit, où tout est remis en question et en perspective. Nos personnages favoris doivent faire des choix inédits pour assurer leur propre survie ou celle de leurs alliés. Et même si pour cela il faut s’écarter des livres de Georges R.R. Martin et laisser de côté un personnage important, les auteurs n’hésitent pas à brouiller les pistes et à jouer à leur jeux favoris : « Qui c’est qui va mourir cette fois-ci ? ». Cersei tente plus ou moins habilement d’imposer sa soif de vengeance, Tyrion tente une reconversion surprenante, Jon Snow doit également faire des choix, même s’ils faut qu’ils soient contre nature, et Sansa n’en n’a pas fini de ses mauvaises surprises, sans parler d’Arya qui continue de vouloir venger la mort de son père. Même Daenerys qui avaient enfermé deux de ses dragons doit apprendre toutes les nuances du pouvoir et les conséquences que ses choix peuvent avoir sur son peuple et sur son avenir.
Nous l’aurons bien compris, la cinquième saison est certainement celle du grand changement. Les scénaristes autant que l’auteur de la saga se donnent à fond et plongent un peu plus le spectateur dans un univers plus fantastique à chaque fois. La recette ne change pas, chaque personnage est potentiellement amené à changer radicalement et l’on peut même voir dans cette cinquième saison une parabole sur notre société avec les choix parfois douloureux de certains états et les montées en puissance d’ordres religieux fanatiques. Et c’est ça toute la force de cette série, nous faire aimer ou détester n’importe quel personnage aux grès des envies et des besoins de l’histoire, nous en dire sans en avoir l’air beaucoup sur nous et sur notre société telle qu’elle peut être perçue ailleurs ou dans le regard d’un personnage neutre.
Et cette fois-ci des épisodes marquants, il y en a plus d’un, puisque dès le deuxième, les surprises commencent et s’enchaînent d’épisode en d’épisode avec une sorte de sadisme sympathique de la part des auteurs. Le spectateur est médusé, captivé, ne sait plus à quel personnage se vouer et commence à comprendre un peu plus quel type de danger représente cette phrase mythique des Starck « Winter is coming (L’hiver arrive) ».
En conclusion, « Game of Thrones : Le trône de fer » est une série remarquable qui, malgré un début un peu confus, a su prendre ses marques et trouver une oreille et un esprit attentif de la part du spectateur. La cinquième saison est à n’en pas douter l’une des meilleures puisqu’elle s’amuse à redistribuer les cartes et nous prépare à une sixième saison qui devrait voir les intrigues renouvelées et les pièges se refermer. Toujours le même regret à la fin du dernier épisode, une attente quasi insoutenable de la sixième saison.