La première semaine de Benoit dans son nouveau collège ne se passe pas comme il l’aurait espéré. Il est malmené par la bande de Charles, des garçons populaires, et les seuls élèves à l’accueillir avec bienveillance sont des « ringards ». Heureusement, il y a Johanna, jolie suédoise avec qui Benoit se lie d’amitié et tombe sous le charme. Hélas, celle-ci s'éloigne peu à peu pour intégrer la bande de Charles. Sur les conseils de son oncle, Benoit organise une soirée et invite toute sa classe. L’occasion de devenir populaire et de retrouver Johanna.
Chaque décennie, un film sur les adolescents vient casser les codes, marquer une génération par un discours résolument proche de son sujet, ou par une peinture fine des problèmes que peuvent rencontrer nos enfants lorsqu’ils découvrent l’amour ou commencent à rêver d’indépendance. Mais le point commun de ces films, quelles que soient leurs réussites, c’est qu’ils se posent toujours avec une certaine distance par rapport aux ados. Comme un regard d’adulte un peu moins enfermé dans ses principes et dans ses obligations. Et bien la bonne idée du scénario de Rudi Rosenberg, justement, c’est de ne pas marquer cette frontière. Pour cela, il n’impose que très rarement des adultes aux enfants qui évoluent dans son histoire, hors mis, un oncle un peu « borderline », qui a gardé une âme d’ados et va devenir une sorte de guide pour le héros.
Et puis il y a surtout cette sincérité qui rend le film si attachant. Pas d’effets de mise en scène pour rendre le film plus commercial, juste une histoire solide, qui parle à tout le monde, presque même à tous les âges. Car nous avons tous été un jour ce petit Benoit, nouveau dans son collège, qui découvre un monde déjà structuré, avec ses fortes têtes, ses enfants décalés, d’autres moins populaires, les filles qui se moquent, les garçons qui harcèlent, les intelligents, les ambitieux, les suiveurs, les « Geeks » etc… Et le nouveau qui doit trouver sa place, se faire des amis, se raccrocher à ceux qui voudront bien poser un regard sur lui, qui voudront bien les connaitre.
Ecrit avec une rare intelligence, le scénario délie une histoire tout en simplicité du point de vue d’un garçon intelligent, certes, mais un peu maladroit qui doit trouver sa place, déjouer les pièges des rivalités et comprendre ceux de l’amour. Avec une maîtrise surprenante pour un premier film, Rudi Rosenberg (Les toits de Paris) signe une mise en scène précise qui laisse l’improvisation des jeunes comédiens prendre parfois le pas sur un scénario précis qui prend toute sa substance dans la folie de ces gamins attachants et têtes à claques parfois. Comprenant que l’entreprise ne marcherait pas si le scénario ne se mettait pas à la hauteur des collégiens, le réalisateur les laisse, d’une certaine manière, évoluer à leur manière et permet ainsi à son film de prendre une couleur particulièrement surprenante de justesse.
Côté distribution, même Max Boublil (Les Gamins) se laisse voler la vedette par les jeunes comédiens, notamment Rephael Ghrenassia et Joshua Raccah, qui, pour une première fois, illuminent l’ecran d’une sincérité saisissante. Que ce soit dans la luminosité du regard chez le premier ou la pétillance un peu gauche chez le deuxième. Les deux jeunes comédiens font preuve d’une incroyable douceur et d’une remarquable énergie qui donne toute sa signification au film. Un petit mot, tout de même, de la jeune J
ohanna Lindstedt, précise dans une langue qu’elle ne maîtrise pas forcément, mais qui lui donne tout son charme. Un charme dont elle ne manque pas d’ailleurs du haut de son jeune âge.
E
n conclusion, « Le Nouveau » de Rudi Rosenberg est un remarquable film de sincérité et de folie collégienne. Le scénario est d’une rare intelligence et se met totalement au service de ses personnages et plonge ainsi le spectateur au cœur d’une intrigue douce et sincère que l’on prend plaisir à suivre.