Basket Case 3 (La Progéniture)

Catégorie
Cinéma
Titre Original
Basket Case 3
Genre
Pays
USA
Date de sortie
07/09/2016
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Amaray
Producteurs
James Glickenhaus, Edgar Ievins
Scénaristes
Frank Henenlotter, Robert Martin
Compositeur
Joe Renzetti
Editeur
Edition
Standard
DureeFilm
90
Support
Critique de Charly Halper

Il peut être vivement recommandé d'avoir vu les deux précédents films pour (me) lire (et, au passage, d'en avoir lu mes précédents avis pour plus de détails), afin d'éviter quelques légers spoilers mais des spoilers tout de même.


S'il était question dans le premier de la vengeance sanglante et comiquement gore de deux frères siamois, Duane et le « petit » Belial
, séparés par leur père et de complices médecins, et d'une crise identitaire pour revenir aux sources (derrière une poursuite et une fuite médiatique) dans sa sequel de 1990, alors que l'on peut s'attendre à y aborder le thème de la famille -avec cette « Progéniture » qui sous-titre dans sa version française le film (« Basket Case3 : The Progeny »)- mais pas que, « Frère de Sang 3: La Progéniture » continue toujours et « en gore » sa crise identitaire...

Désormais prisonnier sous haute surveillance (sans vouloir vous spoiler le précédent opus) dans la maison de leur protectrice « Grand-Mère » Ruth (Annie Ross), Duane Bradley (Kevin Van Hentenryck, fidèle au poste), qui va devoir se racheter pour se faire pardonner ses fautes (non, je ne vous spoilerai pas le 2!), n'en démord pas de fuir cette vie de « fous »... non sans avoir cherché à s'expliquer avec ce frère siamois (Belial) dont même le lien télépathique qui l'y unissait semble brisé !
Et ce voyage à la campagne (pour une raison évidente que je vous tairai jusque-là) pourrait bien être le moment de négligence qui va permettre à ce dément -ou crétin de- Duane de réussir son évasion.
Ou de vraiment accepter enfin sa nature et sa famille, aussi horrible soit-elle...

Après dix années de cons et joyeux sévices -qu'affectionnent tout comme lui un public qui a su fouiller dans les fonds de stocks plutôt que de s'arrêter aux têtes de gondoles des vidéo-clubs pour affiner un sens de l'humour, aussi tordu soit-il, en commun et s'abreuver de films d'exploitation, bisseries et autres zéderies sans le sou mais juste débordant d'imagination scénaristiques et pour la récupération budgétaire, etc- le trublion du cinéma underground US, Frank Henenlotter (réalisateur et scénariste de « pépites » déglin-gorement trash comme les deux « Basket Case » précédent, un « Elmer, le Remue-Méninge » et « Frankenhooker », deux ans plus tôt), va signer là ce qui sera son dernier film... avant longtemps.
Retraite volontaire ou traversée du désert, le bonhomme s'arrête étonnamment de tourner après ce dernier film d'une série débutée il y a dix ans. Comme si, dans sa vie professionnelle, la boucle était également bouclée.

Parce qu'il avait eu des difficultés pour financer son second film (« Elmer... »), le new-yorkais underground eut l'idée d'aller chercher de l'aide auprès de cet autre new-yorkais underground avec lequel on l'a souvent comparé, le réalisateur et producteur James Glickenhaus de Shapiro-Glickenhaus Entertainment (SGE), pour lui apporter de l'aide et des fonds pour son futur projet de « Franken-Pute »... mais, en échange, le collectionneur de voitures lui demanda d'offrir une suite à son cultissime premier film, « Basket Case » : Frank Henenlotter s'exécuta et amorça les lentes descente et compromission de son indépendance artistique et créatrice avec la comédie horrifique bien plus professionnelle « Basket Case 2 » qui devait ressusciter les frères Bradley.
Sous contrat (ou par envie ou besoin?) et en s'éloignant de la fin du précédent (que non, je ne vous spoilerai pas), Frank nous livre donc là son dernier film (avant de revenir avec « Sex Addict (Bad Biology » en 2008 et « Chasing Bansky » en 2015) et le dernier « Basket Case » : le trois, « La Progéniture ».

 

Scénaristiquement, rejoint par Robert Martin (l'éditeur et créateur du fanzine horrifique « Fangoria », avec qui il rédigea « Frankenhooker »), ce dernier film qui clôture la trilogie fait de nos deux « héros », Duane et Belial, des personnages largement secondaires (« la petite chose monstrueuse et grotesque » disparaissant même une bonne partie du film pour juste être évoquée quand le « grand benêt » aura réussi, du moins dans l'intrigue, son évasion, puisque absent lui aussi de pas mal de plans), concentrant désormais l'action et l'intrigue sur le personnage d'Annie Ross, « Mémé » Ruth, et sa galerie de gentils monstres tout plein.
Film de la rupture : rupture professionnelle pour son réalisateur (faut-il le répéter), rupture géographique (après avoir délaissé les rues interlopes de la 42ème Rue new-yorkaise typiques de ces eighties en pleine métamorphose pour le New-Jersey voisin et Staten Island, la production fuit en Géorgie à 930 miles de là), rupture stylistique (l'underground DIY du premier ayant disparu au profit de la comédie même horrifique, cet opus glisse vers l'actioner ou sa parodie involontaire également -non sans avoir tout de même retiré du script initial onze pages pour le rendre moins gore que les deux autres, selon la petite histoire), « Basket Case 3 » rompt donc aussi avec ses deux personnages principaux (qui ont eux-mêmes rompus entre eux et pas que physiquement : Belial ne semblant plus faire confiance à Duane au point de ne plus communiquer télépathiquement avec) !

Et si dans ma critique du second, j'évoque en même temps que le film « Cabal » ou la série d'anthologies horrifiques « Les Contes de la Crypte », les comics des « X-Men » (série dans laquelle des mutants nés avec des pouvoirs effrayant l'humanité choisissent soit de la protéger soit de l'affronter pour leur domination génétique), cette référence sera ici encore plus probante. Sans vouloir vous spoiler quoique ce soit.
Et en ajoutant à cet opus, une petite comparaison à ces « Dessous de Palm Beach » et autres programmes à l'érotisme brûlant, suggestif, transpirant et suintant mais rarement dévoilé ou « cut » qui auront fait les belles heures de troisième partie des soirées télévisées du samedi de TF1 : « La Progéniture », sans mauvais jeu de mots, tombant facilement dans l'érotisme ou plutôt la multiplication de ces plans nichons (et de préférence siliconés) débordant dans ces nineties jouissives.

Désormais centré sur l'étrange famille de Ruth (que la Mémé, qui n'est pas celle de Titi et Gros Minet, emmène à la campagne pour y accoucher les enfants de Belial et Eve -maintenant que je peux vous le dire), ce film DTV typique des nineties fait donc la part belle à l'actrice Annie Ross plus qu'à Kevin Van Hentenryck, qui malgré plusieurs collaborations avec Frank Henenlotter, n'en reste que toujours autant mais un peu moins amateur : s'appuyant sur la carrière de l'ancienne enfant-star anglaise, qui a débuté dans « Les Petites Canailles » en 1937 avant de collaborer avec le grand compositeur John Barry pour sa carrière musicale jazz ou de réapparaître chez Richard Lester (« Superman III ») ou Allan Moyle (« Pump Up The Volume »), le film fait de la soixantenaire une version alternative d'un Professeur Charles Xavier (le leader des X-Men) qui serait prêt à tout pour le bien de ses jeunes protégés, même à finalement devenir son ennemi intime, Magneto. Lorsqu'il s'agit de sauver la douzaine de rejetons nées de la tonitruante union de Belial et Eve, plutôt que d'en laisser la tâche à leur oncle Duane...


Même s'il peut sembler céder à un semblant de prise de contrôle budgétaire de James Glickenhaus (sous la coupe du monteur Greg Sheldon, Frank Henenlotter en abandonnant effectivement le poste?) et offre à son public plus un grand n'importe nawak (entre les répétitifs hurlements et tentatives d'évasion d'un Duane camisolé ou la séquence comédie musicale à bord du même bus scolaire de nos déviants monstres gentils : ce « Personality » illustrant les menus du du DVD/Blu-Ray et le générique de fin !) que du grand-guignolesque dans le sens traditionnel du terme, Frank Henenlotter restera pour ses fans le même délirant réalisateur alignant et multipliant des dialogues ininterrompus de crétinerie assumée et de non-sens (et là les commentaires de Little Hal durant la scène de l'accouchement en sont un summum référentiel) au milieu de situations étranges voire décalées (qui témoignent toujours autant de son amour pour les difformité et les monstres en plus d'un énorme appel à la tolérance envers les différences)... avant de, enfin, en revenir à ce bon vieux gore jubilatoire que l'on attendait depuis 65 minutes. Ne cédant pas totalement aux appels des sirènes productrices.

Devant oublier le subtil et séducteur art du bricolage, des idées tordues et du mauvais goût qui le liait héréditairement à Herschell Gordon Lewis, le pape du gore, et d’autres maîtres du film à petit budget (auquel il n'hésitera pas à rendre hommage avec son documentaire « Herschell Gordon Lewis : The Godfather of Gore » en 2010), et lui donnera ce statut de culte recherché par tant de monde via ses premiers films, mais perpétuant et prolongeant les production et technique professionnelles du second opus sous l'égide de SGE, non sans tenter de rester fidèle à ses racines d'un cinéma d'exploitation nourries dans les salles grindhouse de la 42ème Rue et pouvant se rapprocher en cela d'un cinéma « coquin » à la Russ Meyer avec ces deux derniers films d'alors, Frank Henenlotter conclue avec ce troisième film, dix ans après, cette trilogie, comme il ponctue sa carrière. Ou la saborde.

Offrant un pur produit excentrique et débordant d'idées et de trucs débiles plus que de références, (in)digne des films d'horreur des années 90, « Basket Case 3 » en s'éloignant tant du premier peut être à réserver aux fans du réalisateur ou de la saga, comme à conseiller aux amateurs de fantastique et de n'importe nawak. Ou aux curieux... comme ce film fut inédit en salles et même en DVD zone 2. Jusque-là.

Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
HD 1080p
Format Cinéma
1.78:1

Tourné en 35mm et 1,78 (ou 16/9, ce nouveau format vidéo proche du format cinématographique utilisé alors pour une exploitation télévisée, DTV ou non, permettant de reproduire des formats larges tout en limitant les bandes noires en haut et en bas, et permettant de profiter d’une plus grande surface d’image), quasiment à la suite du second opus qui jouissait déjà évidemment des avantages et de la qualité supérieure d'un matériau plus professionnel et moderne, ce « Basket Case 3 » permet à l'éditeur parisien, Carlotta Films, de ne pas se perdre en d'aussi minutieuse et hasardeuse restauration et transfert en 1080p que pour le premier film. Même s'il peut paraître un point granuleux pour certains.

Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Anglais
Non
Non
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Non
 
 
 

Si Carlotta vend cette nouvelle « Midnight Collection » comme « le meilleur de la VHS en DVD et Blu-ray », la livraison de ce troisième et dernier film de la série (nous) rappelle que le meilleur de cette époque bénie des vidéo-clubs était aussi dans l'import : ces K7 Pal en version originales et qui nécessitaient un matériel particulier venus directement des States (comme on aimait à dire) et achetées à prix d'or dans quelques boutiques spécialisées... ou ramenées, au mieux et en faible quantité, chaque été par un Oncle d'Amérique.
Carlotta ne nous proposant ce troisième et dernier film de la série que dans une puissante VO (Anglais sous-titré en français, selon votre désir), la mono d'origine boostée en stéréo DTS-HD Master Audio 2.0
pour ces supports Blu-ray et DVD haute définition.
No french, amis francophones et surtout non-anglophones !

Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 2 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage

Que vous dire de plus ?
Oui, Carlotta pourrait passer pour pingre en semblant ne se contenter que d'un minimum syndical: le film, la bande-annonce d'époque (en VO sous-titrée) et des crédits de remerciements..., mais le simple fait de nous proposer enfin en DVD et Blu-ray HD ce DTV inédit pour la plus part des spectateurs n'est-il pas en lui-même un magnifique cadeau bonus ?