Stéphane, Cathy et Thierry sont les meilleurs employés de l'Agence pour l'Emploi de leur ville. Mais leurs résultats sont tellement bons que l'agence va devoir fermer faute de chômeurs ! Les trois collègues ont alors la folle idée de créer du chômage pour sauver leur poste.
Les têtes de l'emploi, nouveau film du duo Alexandre Charlot et Frank Magnier, déjà réalisateurs de « Boule et Bill » vient nous raconter l'histoire d'un trio qui, à force de bons résultats : Ils ont réussi d'une certaine manière à éradiquer le chômage dans leur quartier. Une situation qui va considérablement compliquer leurs situations personnelles, car une entreprise a décidé de s'installer dans les locaux de leur agence pour l'emploi, mettant ainsi au chômage nos trois experts en éradication de chômeurs.
Le thème est évidemment d'actualité, puisque le chômage est au cœur des préoccupations des français et de nos politiciens. Cette sacro-sainte courbe du chômage ne cesse d'augmenter, même si y'a un léger frémissement de la course vers le bas, la ligne rouge est depuis très longtemps dépassé. Alors pour autant, fallait-il en faire une comédie ? La réponse peut être un petit peu plus nuancé car, si le film est évidemment une comédie, son discours est parfois assez cynique et la peinture de ses personnages, même s'ils sont caricaturaux, parvient tout de même à décrire une société, qui oscille entre social, et capitalisme. Ici, sous couvert d'une action sociale, les employés de l'agence sont là pour aider les chômeurs à trouver un emploi, on se rend compte très rapidement que la politique du chiffre, viens transformer de façon radicale, ces personnages dans leur métier au quotidien.
Effectivement difficile d'être sensible lorsque l'on passe ses journées à se faire insulter, difficile de prendre le temps d'écouter les gens lorsque l'on a l’esprit de compétition, et encore plus difficile de s'intéresser à la personnalité et à la vie des chômeurs, lorsque l'on est déjà, dans sa propre vie, un personnage en errance. Et c'est toute la force de ce scénario, que de ne pas sombrer totalement dans le gag gratuit, mais au contraire d'y insuffler une certaine finesse et une certaine intelligence. Pour que le spectateur se retrouve finalement en terrain connu et qu’il ne se dise pas que cette histoire ne peut pas arriver. Effectivement impossible de ne pas réfléchir à ce que peut-être notre vie à la place de ses employés d'agence pour l'emploi, et quelle serait notre réaction si, du fait d'avoir fait correctement notre travail, nous nous retrouvions de l'autre côté de la barrière.
Et s’il y a une réserve à émettre, ce serait plutôt du côté de la réalisation qui a choisi volontairement ou non un cadre très austère et un rythme assez lent qui a tendance parfois à perdre le spectateur ou à lui faire espérer que quelque chose va se passer et que le film va se réveiller. Mais malheureusement cela n'arrive jamais totalement, puisse que le long metrage s'enferme dans son univers austère pour n'en sortir qu'à de très rares occasions.
Pour ce qui est de la distribution Franck Dubosc (Boule et Bill) joue clairement la carte du contre-emploi avec un personnage sombre, renfermé sur lui-même, qui n'arrive jamais totalement à séparer sa vie de Famille ou du moins sa vie personnelle, vide d'existence et de couleurs, et qui du coup n'arrive jamais à s'ouvrir aux autres.
En conclusion, les têtes de l'emploi est un film sympathique, qui n'arrive toutefois pas à sortir de son univers austère, et qui a tendance, par faute de rythme et ce, malgré un scénario particulièrement solide et jouant sur la finesse et l'intelligence, à nous passionner du début à la fin. On se dira tout de même la prestation particulièrement remarquable de Franck Dubosc.