L'histoire
20 ans après avoir arnaqué son groupe de potes en leur dérobant les 16000 livres du deal d’héroïne, Renton, en pleine crise existentielle suite à plusieurs déconvenues personnelles, revient à Edimbourg pour faire face à ses amis et à son passé.
Critique subjective
Attendu depuis une dizaine d'années, T2 Trainspotting fait désormais partie de cette grande vague nostalgique de suites tardives qui déboulent sur nos écrans. Tout était loin d'être pourtant gagné d'avance tant les embuches de taille se dressaient devant le projet. Livre original boudé par le réalisateur (le script final n'en garde presque plus rien), casting occupé et difficile à réunir, autre projets prioritaires et surtout une brouille tenace entre Danny Boyle et Ewan McGregor datant du projet La plage où le réalisateur, après avoir promis le projet à son acteur alors fétiche, le congédia brutalement à la faveur d'un certain Leonardo DiCaprio tout juste sortit de Titanic. Voir le film se concentrer alors sur les vieilles rancœurs et l'amendement suite à une trahison n'est dès lors guère étonnant.
Ici pourtant il ne s'agit en rien d'une suite se bornant à reprendre les recettes de l'original. Le film prend au contraire des risques considérables en s'éloignant de cette zone de confort qui consisterai à uniquement flatter sa fanbase. Ainsi la drogue est quasi absente du film, les lieux ne sont plus des squats sordides mais des maisons (à peu près) normales, les personnages ont perdu toute leur insouciance et sont en pleine crise de la quarantaine, les rêves de jeunesse ayant laissé place aux désillusions de l'âge adulte. Le rythme même du film est différent, bien plus posé. Le premier film, on y revient pourtant sans cesse, mais sur une note nostalgique et désenchantée.
Le véritable thème du film est en effet le temps qui passe, comment vieillir et faire la paix avec son passé. Arrivé à la mi-quarantaine, les personnages font le point sur leur vie, et n'ont pas énormément évolué en 20 ans. Renton reste principalement un égoïste, Spud est toujours un drogué, Sickboy un opportuniste et Begbie un psychopathe incontrôlable. Leur vie à changée en revanche, tous ont subit des déconvenues majeures. Divorces, séparations, enfants qu'ils ne voient jamais, difficultés financières... les espoirs d'hier font face à la réalité d'aujourd'hui. L'arrivée de Mark va bouleverser tout ce petit monde et provoquer une remise en question générale.
La réalisation de Danny Boyle est d'une grande efficacité, se permettant toutes sortes de fulgurances ou plans originaux aux cadrages complètement barrés. On retrouve ici plus le réalisateur de Trance ou 127 heures que celui du premier Trainspotting. L'ensemble du casting semble ici apporter une joie communicative de se retrouver après tant d'années. On pourra néanmoins regretter la minceur de l'intrigue, tout l'effort étant porté sur les personnages et seulement eux. Pas de grandes péripéties, pas de but (hormis une vague arnaque à l'union européenne et la vengeance de Begbie). Le film virevolte entre ses protagonistes pour finir, à la fin du film, par les faire évoluer, plus ou moins selon les cas (parfois aucunement).
Pourtant le film emporte largement le morceau au final, et l'intérêt de retrouver le bande dans cette nouvelle tranche de vie lui fait gagner la mise. Même s'il faudra fermer les yeux sur certaines incohérences manifestes (quid de la famille de Bebgie, et ce dernier qui va et vient après son évasion sans jamais être inquiété, toute l'intrigue du sauna qui fini en queue de poisson...) on pardonne de bon cœur à ce film attachant qui ne paye même le luxe d'être assez touchant dans son final.
En conclusion
Danny Boyle signe ici un retour réussi même s'il risque de décevoir ou décontenancer les fans de la première heure. Plutôt loin de l’esprit anar du premier film, T2 Trainspotting est un film avant tout basé sur la nostalgie et la mid-life crisis.
Loin de l’esthétique crasseuse et granulée du premier opus, T2 Trainspotting nous propose une image d'une grande précision et à l'aspect assez numérique qui tranche donc avec son prédécesseur. Un changement qui a sa logique en rapport avec les thèmes du film en tout cas. Les couleurs sont éclatante et la définition au top.
On a le plaisir, en version française, de retrouver les doubleurs originaux des principaux personnages qui, mis à part celle de Begbie, n'ont pas beaucoup changées. En VO on aura évidement droit à l'accent écossais si prononcé qu'on en a parfois du mal à le comprendre mais qui donne beaucoup de charme au film. Pour ce qui concerne la qualité même de ces pistes, cette dernière est assurée, principalement grâce à une belle mise en avant de la musique au travers d'une playlist presque aussi percutante que celle du premier Trainspotting. Le reste des effets et plus anecdotique, le film se composant surtout de scènes dialoguées.
Une édition assez chiche en suppléments surtout en regard de la longue attente suscitée par le film. Ceux présents restent pourtant tout à fait intéressants.
- Commentaire audio de Danny Boyle et John Hodge : un commentaire plutôt intéressant et assez classique, mélangeant anecdotes et analyses.
- 20 ans à réaliser : table ronde de Boyle et ses acteurs (à l’exception de Ewen Bremner). La discussion tourne principalement autour du premier film et de la mise en route du second.
- Le documentaire athlétique de Calton : focus sur un groupe d'aide aux anciens drogués et alcooliques d'Edimbourg qui combattent leurs addictions par le sport.
- Scènes coupées : le supplément le plus intéressant du lot, pas moins de 30 minutes de scènes coupées ou rallongées dont certaines auraient vraiment gagnées à figurer dans le film (le rôle de Kelly McDonald y était par exemple beaucoup plus important).