Quand la police leur amène le corps immaculé d’une Jane Doe (expression désignant une femme dont on ignore l’identité), Tommy Tilden et son fils, médecins-légistes, pensent que l’autopsie ne sera qu’une simple formalité. Au fur et à mesure de la nuit, ils ne cessent de découvrir des choses étranges et inquiétantes à l’intérieur du corps de la défunte. Alors qu’ils commencent à assembler les pièces d’un mystérieux puzzle, une force surnaturelle fait son apparition dans le crématorium...
Est-ce que les films d'horreur peuvent se réinventer ? Bien depuis quelques années avec l'arrivée de producteurs comme Jason Blum, il semble qu'effectivement le marché du film d'horreur soit en pleine mutation, et que de nouveaux réalisateurs aient décidé de lui donner une nouvelle direction à suivre. On l'a vu notamment avec "Get Out" de Jordan Peele, et cette fois-ci, c’est avec "The Jane Doe Identity" d’André Ovredale, que le film d'horreur prend une nouvelle dimension.
En effet en partant d'un principe de base déjà bien installé, celui de l'autopsie d'un corps inconnu, les scénaristes Ian B. Goldberg (Dead Of Summer) et Richard Naing, sont partis sur l'idée de développer la peur que peut provoquer en chacun de nous une salle d'autopsie avec tous ces corps inertes et sans vie rangés dans des frigos. Et bien sûr comme tout à chacun les couloirs d'une salle d’autopsie, tout comme les salles en elles-mêmes, sont une source de fantasmes et de peurs communicatives. Et à partir de là il est facile de tisser une histoire qui puisse donner corps à toutes ces légendes urbaines et toutes ces peurs intérieures liées à la mort et à tout ce qu'elle représente. Il est facile ? Pas si évident que ça en fait, car on se rend très vite compte que la restriction de lieu, de temps, peut amener, soit le spectateur à s'ennuyer, soit à sombrer dans la facilité d'usage.
Ici les scénaristes ont décidé de tisser une intrigue sous forme de huis clos qui tourne principalement autour du corps de Jane Doe (Nom que l'on donne à un corps féminin non identifié). Et loin de se limiter à une simple enquête policière, ils vont s'inspirer de nombreuses œuvres différentes, comme celles de Polanski : « Le Couteau dans l’eau» ou « Répulsion » pour cette sensation claustrophobique que provoque cette unité de lieu et cet univers dont les personnages ne peuvent s’échapper. Les scénaristes puisent dans toutes les peurs du spectateur et les ingèrent pour mieux les faire ressortir dans le corps de cette femme, morte depuis un certain temps semble-t-il, mais toujours en état de conservation intacte. Le scénario va donc faire du corps de cette femme, un mystère qui se désépaissira (ou pas ?) à chaque exploration des organes et des parties externes de son corps, au point de révéler de manière spectaculaire chaque pan de l’intrigue. Avec une précision remarquable et un sens évident de la narration, les scénaristes nous plonge dans une intrigue digne de Sherlock Holmes.
Et la mise en scène du réalisateur André Ovredal à qui l’on doit « Troll Hunter », pousse un peu plus loin les limites du spectateur, et nous impose, dans une unité de lieu, un film renversant qui, a chaque coup de scalpel, plonge un peu plus les spectateurs dans l'horreur d'une découverte qui va amener à des phénomènes étranges. Utilisant les volumes, les éclairages, et surtout les perspectives, le réalisateur parvient à créer une ambiance claustrophobique, qui entraîne le spectateur dans les dessous d’une intrigue particulièrement bien menée. Avec un goût du rythme évident, il parvient à capter l’attention du spectateur en utilisant chaque élément du décor comme arme pour nous effrayer ou encore en recyclant de vieilles recettes avec un sens de la narration remarquable comme celle du reflet dans le miroir ou encore des sons liés à une situation expliquée en amont du film.
Pour tenir le film, le réalisateur s’appuie sur la composition impeccable de deux acteurs remarquables : Brian Cox (Churchill) et Emile Hirsch (Into The Wild). Les deux acteurs forment un couple père et fils particulièrement efficace qui va bien plus loin que les simples relations conflictuelles si souvent décrites dans les films américains. Ici les personnages se complètent et vont s’unir pour tenter de trouver la solution à cet épineux problème : Qui est Jane Doe et quels sont ces évènements qui se produisent depuis son arrivée ?
En conclusion, « The Jane Doe Identity » vient donner un nouveau souffle au film d’horreur par le biais d’une intrigue tournant autour d’une unité de lieu et d’une intrigue s’articulant autour d’un corps inerte et sans vie. Remarquable !