Des premiers essais en costumes aux effets spéciaux de maquillage, de l’animatronique aux images de synthèse, Le Complexe de Frankenstein revient sur plus d’un siècle de techniques qui ont donné naissance aux célèbres monstres que sont Godzilla, Yoda, la Reine d’Aliens ou les tyrannosaures de Jurassic Park. Les réalisateurs Alexandre Poncet et Gilles Penso donnent la parole aux artistes qui se cachent derrière chaque créature, comme Phil Tippett et Rick Baker, et aux cinéastes dont les films ont marqué l’histoire des effets spéciaux, comme Joe Dante et Guillermo Del Toro. Le Complexe de Frankenstein célèbre cet art en perpétuel mouvement et rend hommage à ces nouveaux Dr Frankenstein, qui continuent d’émerveiller des générations de spectateurs grâce à leur inventivité et leur savoir-faire unique.
George Méliès apparaissait comme un doux dingue lorsqu’il s’amusait à faire ses films dans ses studios, et il fallut attendre de nombreuses décennies avant que le cinéma ne lui rende un véritable hommage au travers du film « Hugo Cabret » de Martin Scorcese. Pourtant, l’industrie cinématographique, lui doit tellement ! Car de nombreux films sont entrés dans le panthéons du culte grâce à une bande de doux dingues qui voulait à tout prix repousser les limites de l’imaginaire et donner naissance aux rêveries comme aux plus grandes frayeurs des spectateurs. Et chaque décennie du cinéma a vu des créatures envahirent les écrans : King Kong, Godzilla, Yoda, Aliens ou encore la créature du lac noire, celle de Frankenstein ou encore les Gremlins ou les Dinosaures de Jurrassik Park. Tous ont en commun d’être nés de l’imagination des hommes mais aussi du travail acharné et du goût du défi d’autres que rien ne semble pouvoir arrêter.
Et le reportage d’Alexandre Poncet et Gilles Penso (Ray Harryhausen : Le Titan des Effets Spéciaux) s’intéressent justement aux coulisses de ces évolutions, à toutes ces révolutions artistiques qui n’ont eu de cesse que de rendre crédible les délires de réalisateurs tels Murnau (Nosfératu), ou Georges Wagner (Le Loup-Garou) ou encore Georges Lucas (Star Wars) qui propulsa le cinéma dans une nouvelle ère qui prendra un nouveau cap quelques décennies plus tard avec son ami Steven Spielberg et ses dinosaures de Jurassik Park. Et c’est à travers le regard de grands noms des effets spéciaux : Phil Tippett qui a travaillé notamment sur « Star Wars », « Jurrassik Park », Tom Woodruff Jr. Et Alec Gillis le duo qui se cache derrière les créatures d’« Alien 3 », de « X-Men le commencement » ou encore « Percy Jackson », Rick Baker que les fans connaissent pour être l’un des artisans de « Star Wars » ou encore des « Men In Black ».Tout ces grands noms et bien d’autres encore ont traversé l’âge d’or des effets spéciaux et ont vu l’évolution avec notamment l’arrivée du numériques et des techniques redoutables comme la Motion Capture.
Ce qui est intéressant dans l’approche des deux réalisateurs ce n’est pas tant un survol de toutes les techniques d’effets spéciaux qui ont fait le cinéma, mais plutôt cette évolution et l’impact qu’elle a eu d’abord sur les hommes, sur les œuvres mais aussi sur le public. Et puis il y a cet effet pervers qui consiste à se passer des humains pour donner corps à des personnages ou à des créatures de tout bord. C’est évidemment le cas de « Planète des singes » ou de « King Kong », dont les adaptions ont profité de l’ensemble des techniques, que ce soit de la marionnette, des hommes dans un costume ou de la Motion Capture ces deux licences permettent une réflexion sur cet art de l’imaginaire qui dépasse tous les autres par cette envie inflexible de recréer le réel.
Les réalisateurs mettent en lumière ces hommes de l’ombre dont certains sont devenus des superstars : Rick Baker ou Phil Tippett par exemple, mais que la technique a voulu rendre obsolète pour en fait les rendre symbole d’une nostalgie d’un âge d’or que l’on aimerait bien revoir. En ayant accès à des trésors de production depuis longtemps rangés dans des caisses poussiéreuses, les créatures retrouvent la lumière et permettent aux réalisateurs de pouvoir s’appuyer sur des exemples bien précis avec une certaine émotion, comme celle de découvrir, la sculpture qui a servi de base au personnage de Regan dans « L’exorciste », ou encore le Critters, poussiéreux et rouillé qui réapparait après l’oubli. « Le complexe de Frankenstein » nous ouvre les yeux sur un art trop souvent limité à une image ou à une annexe dans les making of. Un art parfois snobé par les informaticiens qui ont pris le pouvoir mais qui ne cesse d’avoir besoin des sculptures de base comme pour les films d’animations par exemple.