Chauffeur pour des braqueurs de banque, Baby a un truc pour être le meilleur dans sa partie : il roule au rythme de sa propre playlist. Lorsqu’il rencontre la fille de ses rêves, Baby cherche à mettre fin à ses activités criminelles pour revenir dans le droit chemin. Mais il est forcé de travailler pour un grand patron du crime et le braquage tourne mal… Désormais, sa liberté, son avenir avec la fille qu’il aime et sa vie sont en jeu.
Alors qu’il venait d’être lessivé par une expérience difficile sur le tournage de « Ant-Man », qu’il quitta par la suite, le réalisateur Edgar Wright, qui avait déjà mis en images les différentes élucubrations du duo Simon Pegg Nick Frost, s’est lancé à corps perdu dans l’écriture et la réalisation d’un de ses projets les plus anciens, celui d’une bande de braqueurs dont le chauffeur vivrait au rythme de la musique, qu’il écoute en permanence dans ses oreilles. Petit à petit cette simple phrase, va commencer à devenir un film dont il ressent et dont il imagine chaque plan, chaque position de caméra et surtout chaque étape de narration qu’il cale sur une bande-son qu'il écoute au moment de l’écriture.
Et autant le dire « Baby Driver » est LA véritable surprise de 2017. À la fois par le succès qu’il rencontra dans les salles, qui montre à quel point la vision de ce réalisateur, encore méconnu du grand public malgré une filmographie déjà bien remplie, a touché les spectateurs en mélangeant un style qui pouvait faire penser à un nouveau "Fast and Furious", mais à qui il donne ses lettres de noblesse. Et puis critique, car le film est une véritable bonne idée à la fois sur le papier, et à l'écran tant le film fourmille de bonnes idées. Évidemment on peut penser à du Baz Luhrmann dans la période "Roméo et Juliette" et "Moulin-Rouge", dans cette espèce de folie qui se dégage des scènes de braquage ou des scènes de fusillade. Mais le réalisateur parvient à insuffler dans sa mise en scène une signature personnelle, qui montre à quel point la musique a inspiré son écriture et sa réalisation. D’ailleurs il suffit de voir l’introduction de ce film qui, de parole de l’équipe, n’était pas forcément très apprécié du studio, mais qui donne tout de suite le ton du film en créant une espèce de de folie surprenante qui permet aux spectateurs tout de suite d’être imprégné par l’atmosphère du film. S’ensuivent après une succession de plans calés à la virgule près, y compris lors des fusillades dans le bruit des armes automatiques qui résonnent au rythme du tempo.
Alors bien sûr, le scénario ne va pas chercher midi à 14 heures, il ne concourt pas non plus pour l’Oscar de la tragédie ou du drame personnel, mais il a l’intelligence de suivre une ligne simple et pourtant compliquée dans laquelle se mélange à la fois l’histoire de ce héros au don particulier : la conduite et les braquages de ses coéquipiers. Mais surtout qui évolue dans un univers qui n’est pas le sien, et qui pour des raisons de santé s’enferme, un peu comme de l’autisme, dans la musique qu’il écoute, et laisse sa vie évoluer dans ce sens. De ce fait, Baby va alors confronter ces deux mondes : Le sien, sa musique et la jeune fille dont il tombe amoureux, et celui dans lequel on l’oblige à rester, celui des braquages, de la violence, et de la folie. Ces deux mondes ne sont pas forcément incompatibles, mais forcément à un moment donné il doit y avoir un point de rupture. Et sans chercher à faire dans le renversant, le scénario, que le réalisateur a signé lui-même, s’évertue à tisser une intrigue cohérente et solide qui puisse donner à son film une véritable perspective.
C
ôté distribution évidemment le jeu est de grande qualité à commencer par Ansel Elgort (Nos étoiles contraires) qui interprète le rôle de Baby, et qui fait d’ores et déjà penser à tous ces grands artistes multicartes comme Hugh Jackman ou encore Ryan Goslin. Face à lui deux acteurs déjà bien installés dans le métier : Kevin Spacey (House of Cards) et Jamie Fox (Ray). Les deux stars signent des compositions forcément impeccables, le premier tout en retenue (comme il sait si bien faire depuis qu’il interprète son personnage dans "House of cards") et l’autre une folie violente qui lui colle à la perfection.
En conclusion, « Baby Driver » est à n’en pas douter la surprise de l’année, notamment parce que le film ne se limite pas à présenter l’histoire d’un jeune homme dont le don principal est de savoir conduire son véhicule comme personne, mais c’est surtout d’avoir créé un film en ayant d’abord pensé à sa bande-son, et en calquant sa mise en scène sur le tempo de chacun des morceaux inclus dans le film. Le film est une véritable bouffée d’originalité et se regarde avec grand plaisir