Rebecca (1940) : À Monte-Carlo, le richissime et séduisant Maxim de Winter croise le chemin d'une jeune domestique qu'il ne tarde pas à séduire. Bientôt, ils se marient et retournent habiter dans le manoir de Manderley, demeure familiale au sud de l'Angleterre. Très rapidement, dans cet endroit lugubre et froid, la nouvelle Mme. de Winter se confronte aux domestiques qui ne semblent guère l'apprécier…
La Maison du docteur Edwardes (1945) : Constance, psychiatre dans un établissement spécialisé, tombe amoureuse du nouveau directeur. Cependant, elle s'aperçoit rapidement que l'homme qu'elle aime est malade et se fait passer pour le Dr Edwardes. Quand il prend conscience de son amnésie, il croit avoir tué le véritable docteur et s'enfuit de la clinique. Constance le retrouve et le cache chez son vieux professeur qui va analyser les rêves du malade et trouver l'origine de son déséquilibre…
Les Enchaînés (1946) : Alicia, fille d'un espion nazi, mène une vie dépravée. Devlin lui propose de travailler pour les États-Unis afin de réhabiliter son nom. Elle épouse donc un ancien ami de son père afin de l'espionner. Devlin et elle s'aiment sans oser se l'avouer, attendant chacun que l'autre fasse le premier pas. Lorsque le rôle qu'elle tient est découvert, son mari décide de l'empoisonner…
Le Procès Paradine (1947) : Keane est chargé de la défense de la belle Mme Paradine accusée d'avoir tué son mari aveugle. Marié à une fort jolie blonde, il tombe néanmoins très amoureux de sa cliente qui n'a aucun mal à le convaincre de son innocence. Cependant, peu avant l'ouverture du procès, Keane s'aperçoit que Mme Paradine était la maîtresse de son valet d'écurie...
L’année 1939 correspond à un tournant dans la carrière d’Alfred Hitchcock. Année de son départ aux États-Unis, c’est aussi celle qui marque le début d’une collaboration de près de dix ans avec le célèbre producteur américain David O. Selznick (Autant en emporte le vent, Duel au soleil). Cette association entre le maître du suspense et l’un des plus importants représentants du système hollywoodien donnera naissance à quatre chefs-d’œuvre : la romance gothique Rebecca (1940), le thriller psychanalytique La Maison du docteur Edwardes (1945), le film d’espionnage Les Enchaînés (1946) et le thriller judiciaire Le Procès Paradine (1947).
Maître incontesté du cinéma suspense, Alfred Hitchcock n’en est pas moins une figure incontournable du cinéma des années 40 et encore plus du système hollywoodien. Et ce que l’on oublie trop souvent, c’est que le maître à commencer par les débuts difficiles en Angleterre, mais fut très rapidement appelé par Hollywood, afin de pouvoir y développer une carrière hors normes, et surtout marquante dans l’histoire du cinéma américain. Mais cette carrière n’aurait peut-être pas eu lieu si le producteur David O Selznick, n’était venu donner un coup de pouce au maître, à travers une collaboration de plus de 10 ans qui connut bien évidemment, aux vues du caractère des deux protagonistes, des hauts, mais également beaucoup de bas.
Il est d’ailleurs intéressant, au regard de ces quatre œuvres majeures dans la carrière du réalisateur, de se rendre compte, à quel point la collaboration fut douloureuse pour l’un et pour l’autre par la suite. En effet Hitchcock qui n’apprécie pas beaucoup de voir quelqu’un fourrer son nez dans sa réalisation, et dans ses créations, était particulièrement irrité par l’omniprésence et souvent l’ingérence du producteur David O Selznick dans la conception de ses films. Pourtant l’atmosphère de « Rebecca » ou encore de « La maison du Dr Edwards » gagne en profondeur et en rythme grâce au montage particulièrement inspiré et méticuleux du producteur américain. Et c’est avec « Les enchaînés », et surtout « Le Procès Paradine » que l’on se rend très rapidement compte qu’ Alfred Hitchcock a décidé de se séparer de Selznick, et que le producteur américain a décidé également de voguer vers d’autres aventures.
Et c’est d’ailleurs à travers ces quatre films, que l’on peut mieux comprendre l’évolution du style hitchcockien à travers des effets de caméra, qui viennent appuyer chaque fois la tension existante dans l’intrigue. Et même si « Les enchaînés » est un film qui fut particulièrement douloureux pour le réalisateur comme pour le producteur, qui dut céder les droits à la R. K.O., pour pouvoir sauver son entreprise de la faillite, suite à la production en parallèle d’un film de Cukor, il n’en demeure pas moins l’une des œuvres marquantes du réalisateur qui vient utiliser ici des effets plongeant de caméra, ou encore une fois mettre en valeur un élément clé de l’intrigue pour mieux souligner toute la tension qui existe dans la scène.
Des éléments, que l’on retrouve déjà dans les deux premiers films « Rebecca », et surtout « La maison du Docteur Edwards » dans la scène finale utilise justement un élément de caméra, dont le maître se servira de manière régulière dans plusieurs de ses œuvres majeures comme par exemple « fenêtre sur cour ». Et même « Le procès Paradine », qui fut, pour le coup, le film de la séparation entre Hitchcock et Selznick, n’en demeure pas moins un film emprunté des techniques du maître, qui pourtant ne semblait pas particulièrement inspiré, et réalisa ce film uniquement pour remplir les termes du contrat signé que le producteur américain.
E
n conclusion il n’en demeure pas moins, que ces quatre films d’Alfred Hitchcock en collaboration avec le producteur américain David O Selznick sont des œuvres charnières dans la carrière du réalisateur, puisqu’elles correspondent à l’arrivée sur le territoire américain du maître et au début de sa longue carrière américaine qui le firent entrer au Panthéon des maîtres du genre et surtout des figures emblématiques de l’histoire hollywoodienne.