Coffret Alfred Hitchcock : les années Selznick

Catégorie
Cinéma
Genre
Pays
USA
Date de sortie
22/11/2017
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Coffret
Producteurs
David O. Selznick
Scénaristes
Divers
Compositeur
Divers
Editeur
Edition
Coffret
DureeFilm
456
Support
Critique de Emmanuel Galais
Rebecca (1940) : À Monte-Carlo, le richissime et séduisant Maxim de Winter croise le chemin d'une jeune domestique qu'il ne tarde pas à séduire. Bientôt, ils se marient et retournent habiter dans le manoir de Manderley, demeure familiale au sud de l'Angleterre. Très rapidement, dans cet endroit lugubre et froid, la nouvelle Mme. de Winter se confronte aux domestiques qui ne semblent guère l'apprécier…

La Maison du docteur Edwardes (1945) : Constance, psychiatre dans un établissement spécialisé, tombe amoureuse du nouveau directeur. Cependant, elle s'aperçoit rapidement que l'homme qu'elle aime est malade et se fait passer pour le Dr Edwardes. Quand il prend conscience de son amnésie, il croit avoir tué le véritable docteur et s'enfuit de la clinique. Constance le retrouve et le cache chez son vieux professeur qui va analyser les rêves du malade et trouver l'origine de son déséquilibre…

Les Enchaînés (1946) : Alicia, fille d'un espion nazi, mène une vie dépravée. Devlin lui propose de travailler pour les États-Unis afin de réhabiliter son nom. Elle épouse donc un ancien ami de son père afin de l'espionner. Devlin et elle s'aiment sans oser se l'avouer, attendant chacun que l'autre fasse le premier pas. Lorsque le rôle qu'elle tient est découvert, son mari décide de l'empoisonner…

Le Procès Paradine (1947) : Keane est chargé de la défense de la belle Mme Paradine accusée d'avoir tué son mari aveugle. Marié à une fort jolie blonde, il tombe néanmoins très amoureux de sa cliente qui n'a aucun mal à le convaincre de son innocence. Cependant, peu avant l'ouverture du procès, Keane s'aperçoit que Mme Paradine était la maîtresse de son valet d'écurie...

L’année 1939 correspond à un tournant dans la carrière d’Alfred Hitchcock. Année de son départ aux États-Unis, c’est aussi celle qui marque le début d’une collaboration de près de dix ans avec le célèbre producteur américain David O. Selznick (Autant en emporte le vent, Duel au soleil). Cette association entre le maître du suspense et l’un des plus importants représentants du système hollywoodien donnera naissance à quatre chefs-d’œuvre : la romance gothique Rebecca (1940), le thriller psychanalytique La Maison du docteur Edwardes (1945), le film d’espionnage Les Enchaînés (1946) et le thriller judiciaire Le Procès Paradine (1947). 

Maître incontesté du cinéma suspense, Alfred Hitchcock n’en est pas moins une figure incontournable du cinéma des années 40 et encore plus du système hollywoodien. Et ce que l’on oublie trop souvent, c’est que le maître à commencer par les débuts difficiles en Angleterre, mais fut très rapidement appelé par Hollywood, afin de pouvoir y développer une carrière hors normes, et surtout marquante dans l’histoire du cinéma américain. Mais cette carrière n’aurait peut-être pas eu lieu si le producteur David O Selznick, n’était venu donner un coup de pouce au maître, à travers une collaboration de plus de 10 ans qui connut bien évidemment, aux vues du caractère des deux protagonistes, des hauts, mais également beaucoup de bas.

Il est d’ailleurs intéressant, au regard de ces quatre œuvres majeures dans la carrière du réalisateur, de se rendre compte, à quel point la collaboration fut douloureuse pour l’un et pour l’autre par la suite. En effet Hitchcock qui n’apprécie pas beaucoup de voir quelqu’un fourrer son nez dans sa réalisation, et dans ses créations, était particulièrement irrité par l’omniprésence et souvent l’ingérence du producteur David O Selznick dans la conception de ses films. Pourtant l’atmosphère de « Rebecca » ou encore de « La maison du Dr Edwards » gagne en profondeur et en rythme grâce au montage particulièrement inspiré et méticuleux du producteur américain. Et c’est avec « Les enchaînés », et surtout « Le Procès Paradine » que l’on se rend très rapidement compte qu’ Alfred Hitchcock a décidé de se séparer de Selznick, et que le producteur américain a décidé également de voguer vers d’autres aventures. 

Et c’est d’ailleurs à travers ces quatre films, que l’on peut mieux comprendre l’évolution du style hitchcockien à travers des effets de caméra, qui viennent appuyer chaque fois la tension existante dans l’intrigue. Et même si « Les enchaînés » est un film qui fut particulièrement douloureux pour le réalisateur comme pour le producteur, qui dut céder les droits à la R. K.O., pour pouvoir sauver son entreprise de la faillite, suite à la production en parallèle d’un film de Cukor, il n’en demeure pas moins l’une des œuvres marquantes du réalisateur qui vient utiliser ici des effets plongeant de caméra, ou encore une fois mettre en valeur un élément clé de l’intrigue pour mieux souligner toute la tension qui existe dans la scène.

Des éléments, que l’on retrouve déjà dans les deux premiers films « Rebecca », et surtout « La maison du Docteur Edwards » dans la scène finale utilise justement un élément de caméra, dont le maître se servira de manière régulière dans plusieurs de ses œuvres majeures comme par exemple « fenêtre sur cour ». Et même « Le procès Paradine », qui fut, pour le coup, le film de la séparation entre Hitchcock et Selznick, n’en demeure pas moins un film emprunté des techniques du maître, qui pourtant ne semblait pas particulièrement inspiré, et réalisa ce film uniquement pour remplir les termes du contrat signé que le producteur américain.

En conclusion il n’en demeure pas moins, que ces quatre films d’Alfred Hitchcock en collaboration avec le producteur américain David O Selznick sont des œuvres charnières dans la carrière du réalisateur, puisqu’elles correspondent à l’arrivée sur le territoire américain du maître et au début de sa longue carrière américaine qui le firent entrer au Panthéon des maîtres du genre et surtout des figures emblématiques de l’histoire hollywoodienne.
Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
HD 1080p
Format Cinéma
1.33:1
L’ensemble des films a été restauré à partir d’un Master original, et bénéficie ainsi d’un transfert remarquable, qui met en valeur tout le travail d’éclairage si important dans l’œuvre du maitre. Les contrastes apportent une profondeur, et un volume nécessaire pour pouvoir redonner à l’ensemble des films une nouvelle jeunesse, même si « Les enchainés » souffrent encore de quelques présences de grains assez appuyées. Force est de constater que le soin apporté à la restauration des films d’Hitchcock permet aux spectateurs de mieux apprécier les clés de la mise en scène du maitre qui utilisait autant les effets de caméra que les effets de lumière pour appuyer la tension dans ses intrigues. 
Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Anglais
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Disponibles en mono d’origine, les films bénéficient toutefois d’un travail de restauration qui permettent ainsi au spectateur de profiter agréablement des œuvres du maitre, à travers une piste sonore nettoyée de ses défauts dus à l’âge et aux méfaits du temps. Pas trop criarde les voix sont les premières à profiter de cette restauration. De la même manière, la musique ne se fait pas trop omniprésente et parvient à se faire discrète lorsque cela est nécessaire.
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 330 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
Côté bonus, le moins que l’on puisse dire c’est que l’éditeur Carlotta a su mettre les petits plats dans les grands ! Car en plus des différentes analyses et entretiens avec Laurent Bouzereau, Cinéaste et auteur de nombreux ouvrages dont : « Hitchcock : Pièces à conviction », qui viennent donner un éclairage nouveau et surtout une analyse précise de chaque film, en mettant en lumière les différents éléments clés du film, on peut également bénéficier sur chaque Blu-ray, des entretiens entre Hitchcock et Truffaut augmentés d’une postface inédite de Nicolas Saada.

C’est sur le cinquième Blu-ray, que les choses deviennent intéressantes avec notamment les Screen test de Rebecca dans laquelle on voit Margaret Sullavan, Viviane Leigh et sir Laurence Olivier faire des essais pour les premiers rôles du film. 

Ensuite, et c’est là que le coffret commence à devenir intéressant, le cinquième Blu-ray propose un entretien exclusif avec Daniel Selznick fils de David O. Selznick le producteur associé à ce coffret. Cet entretien réalisé par Bertrand Tessier permet de mieux comprendre le personnage du producteur américain qui était adepte des mémos qu’il envoyait de manière compulsive toutes les nuits à ses réalisateurs ou au reste de ses équipes. Une habitude qui irritait profondément Alfred Hitchcock.

« Mr Truffaut meets Mr Hitchcock » : la jeunesse d’un livre de légende et d’une relation singulière. Sur les quatre Blu-Ray précédents, chacun des films est agrémenté d’un extrait de ces entretiens entre le réalisateur français et le maître du suspense. Les deux hommes revenaient sur l’ensemble de la carrière du maître, et l’on pouvait reconnaître un certain goût pour l’autodérision du maître tout en gardant une certaine prestance dans ses déclarations, et une véritable affection de la part de François Truffaut. Claude Chabrol, Laura Truffaut, Patricia Hitchcock et bien d’autres encore reviennent devant la caméra de Robert Fisher sur cette relation singulière qui donna naissance un livre de légende dans lequel le réalisateur français permettait au lecteur de mieux comprendre le maître Hitchcock.

Le documentaire « Daphné du Maurier sur les traces de Rebecca », est un film passionnant qui permet de mieux comprendre à quel point le réalisateur s’est intéressé à l’aspect psychologique des personnages plus qu’à l’intrigue écrite par l’écrivaine américaine. C’est aussi un documentaire qui permet de mieux comprendre les différents points de vue du réalisateur et du producteur qui finirent par donner naissance à l’une des œuvres majeures du réalisateur.

« Home Movies » sont des films personnels d’Alfred Hitchcock qui permettent de le découvrir en famille ou sur les plateaux de tournage. Une façon pour les fans de découvrir le réalisateur emblématique du cinéma hollywoodien dans des images, pour certaines, inédites. 

La section bonus sur le cinquième DVD se termine par les bandes-annonces.

Mais le coffret ne s’arrête pas là puisqu’il comprend également un ouvrage de 300 pages, passionnant, qui revient sur toute cette période charnière de la carrière Américaine d’Hitchcock et dans lesquelles on peut également découvrir les mémos de David O. Selznick à destination d’Alfred Hitchcock, mais également dans lequel on retrouve des articles d’époque de Claude Chabrol, Pascal Bonitzer, et des entretiens avec Jean Douchet et Peter Bogdanovich. Le livre est passionnant parce qu’il permet réellement de porter un regard différent, et peut-être plus expert dans le parcours d’Hitchcock, et notamment sur ces 10 années qui le propulsèrent au rang de réalisateur majeur de la scène hollywoodienne.

En conclusion ce coffret « Alfred Hitchcock : Les années Selznick » que nous propose Carlotta est certainement l’un des plus beaux coffrets en hommage à un personnage majeur du cinéma américain.