Grâce à une coopération sans précédent entre États, un réseau de satellites contrôle désormais le climat et protège les populations. Jusqu'à ce que le dispositif se dérègle… S'agit-il d'un complot ou d'une faille dans le système ? S'engage alors une véritable course contre la montre…
On croyait le genre moribond, mais le studio Warner semble vouloir nous prouver le contraire avec « Géostorm ». Un film catastrophe qui mélange anticipation et fureur climatique, avec une société dans laquelle les satellites ont pris le contrôle du climat, et permettent de réguler les différentes saisons suivant les critères imposés par les scientifiques. Mais bien sûr nous ne serions pas dans un film catastrophe, si un grain de sable ne venait pas perturber le système informatique et déregler ainsi un système qui paraissait pourtant fonctionner à merveille.
Le problème avec les films catastrophes, c’est que l’on peut très vite, par péché d’orgueil, vouloir aller dans le meilleur et finalement s’engouffrer dans le pire. Notamment à vouloir être plus spectaculaire que le spectaculaire, on en vient à accumuler des scènes quasiment sans aucun intérêt et surtout dont la crédibilité laisserait dubitatif même un enfant de cinq ans. Car il fallait quand même pouvoir oser imaginer des catastrophes aussi ridicules qu’incroyables comme celle de faire cuire un œuf sur l’asphalte pour ensuite faire exploser toutes les canalisations planquées sous terre, suite à une trop forte température extérieure, tout en imaginant, évidemment, que les humains continuent à marcher comme si de rien n’était et que leurs chaussures n’aient pas déjà fondue sur l’asphalte.
Et en fait, c’est tout le problème de « Géostorm » que d’avoir voulu aller plus loin que n’importe quel film-catastrophe, tout en manquant terriblement d’inspiration, pour créer une histoire qui soit à la fois crédible, passionnante ou tout au moins captivante. Ici comme d’habitude on se retrouve avec exactement les mêmes codes que n’importe quel autre film-catastrophe de bas niveau comme ceux de Roland Emmerich (2012), dans laquelle tous les pays du monde restent finalement assez inertes et où seuls les Américains sont en capacité de sauver de la catastrophe notre planète bien-aimée. Du coup pendant que le héros, forcément un brin rebelle et particulièrement investi dans sa mission, tente, par son sacrifice, de sauver la Terre, le reste du monde continu à vaquer à ses occupations sans se soucier un instant de ce qui se passe au-dessus de nos têtes.
Et question mise en scène et effets spéciaux, évidemment une vague de 10 m, qui fut l’un des raz-de-marée les plus meurtriers en Asie, ne suffisant pas, on crée finalement des vagues de près de 300 m qui viennent engloutir les tours de Dubaï, ou alors un énorme raz-de-marée qui se déverse dans le désert parce qu’effectivement dans un film-catastrophe on a peur de rien et on peut même s’amuser à faire fondre des bâtiments qui s’écroulent comme des dominos dans la baie d’Hong Kong. On l’aura donc très vite compris, si « Géostorm » avait pour ambitions de faire renaitre le film-catastrophe, il le fait d’une certaine manière, mais pas forcément la bonne, puisqu’à défaut de nous passionner, il aurait pu au moins nous en mettre plein les yeux alors que même de ce côté-là le spectateur affiche une déception pas forcément dissimulée.
D’ailleurs côté distribution si le film pouvait se valoir d’un casting d’exception avec Gérard Butler (300) qui n’en fait pas plus que d’habitude ou en tout cas pas moins,
Jim Sturgess (Across the Univers) qui semble se demander à chaque plan ce qu’il est venu faire dans cette galère, et nous offre certainement la pire composition de sa carrière, lui qui nous avait habitué à faire quand même beaucoup mieux,
Andie Garcia (Le parrain 3) se révèle être un président bien fade et continu à nous prouver que l’acteur se cherche une nouvelle carrière, et
Ed Harris (The Rock) qui continue à capitaliser sur ce qui l’a rendu célèbre et ne change rien à son jeu et n’y apporte aucune nuance. On peut peut-être se consoler avec la composition d’
Abbie Cornish (3 Billboards, les panneaux de la vengeance) qui apporte une touche de glamour dans un film qui en manque terriblement.
En conclusion, si on pouvait imaginer que le film-catastrophe était moribond, « Géostorm » ne vient certainement pas renouveler le genre, au contraire il nous plonge dans ce que le plus célèbre de ses représentants : Roland Emmerich, avait pu nous faire de pire. Ce film peut être effectivement un exemple pour les amateurs de cinéma dans la manière de transformer une bonne idée en un amoncellement d’inepties aussi inintéressantes que mal mises en valeur.