Masao s'ennuie. Les vacances scolaires sont là. Ses amis sont partis.
Il habite Tokyo avec sa grand-mère dont le travail occupe les journées. Grâce à une amie de la vieille femme, Masao rencontre Kikujiro, un yakusa vieillissant, qui décide de l’accompagner à la recherche de sa mère qu'il ne connait pas. C’est le début d’un été pas comme les autres pour Masao…
Chef de file de la nouvelle vague Japonaise, Takeshi Kitano est aujourd’hui l’un des réalisateurs les plus importants de la scène cinématographique mondiale et aura, tout au long de sa carrière, touché à tous les genres : de la comédie romantique aux polars intenses et musclés, mais toujours avec une très grande profondeur dans ses personnages qui les rendent à la fois intriguant et attachant. Comme Kikujiro, qui apparaît comme un vieil homme lunaire facilement embarqué par le petit Masao, mais qui cache tout de même un parcours de Yakusa. Minimaliste et sans esbrouffe, mais avec une mise en scène tout de même soignée, Takeshi Kitano nous embarque dans une histoire aux antipodes de ce qui a fait sa réputation.
Connu pour son style pince sans rire et comédien cantonné dans les rôles de gangster, Takeshi Kitano s’est imposé, au fil d’une filmographie inspirée, comme la référence du cinéma Japonais.
Le monstre Kitano, réputé pour son franc-parler un brin provocateur, nous livre ici une œuvre sensible, bourrée d’humour et d’autodérision. Le scénario qu’il a lui-même écrit n’a pu s’empêcher d’entretenir son personnage de gangster, mais lui donne subitement une dimension bien différente, puisque cette fois-ci, le monstre s’adoucit et n’hésite pas, d’une certaine manière, à se livrer en s’inspirant de son enfance.
Côté distribution, celui qui avoue volontiers avoir un problème évident avec les enfants ou avec son équipe, semble parfaitement s’accommoder de la présence de ce petit garçon qui va, petit à petit, adopter ce monsieur bien sombre, un brin égoïste et tellement inquiétant pour les autres adultes. Yusuke Sekigushi que signe là sa première composition à l’écran, ne semble pas du tout impressionné par le charisme de l’acteur réalisateur. Ce dernier avoue volontiers avoir joué son personnage jusqu’au bout en l’ignorant au début et en laissant les choses se faire progressivement. Le résultat est évidemment saisissant de réalisme et de cohérence, tant le duo fonctionne avec justesse et précision.
Et pour finir l’éditeur nous permet de découvrir une nouvelle fois « L’Eté de Kikujiro». Une œuvre remarquable de Takeshi Kitano, à la sensibilité palpable tout autant que l’humour décalé qui ressort de la violence de son personnage principal. La mise en scène est tout aussi sobre que précise et la composition d’une justesse remarquable.