Pour découvrir ce qui se passe après la mort, cinq étudiants en médecine se lancent dans une expérience aussi audacieuse que dangereuse. Sur eux-mêmes, volontairement, ils provoquent des arrêts cardiaques pendant de courtes périodes afin de vivre des expériences de mort imminente. En poussant le processus de plus en plus loin, ils vont devoir affronter non seulement leur part d’ombre et leur passé, mais plus effrayant encore, les phénomènes paranormaux liés au fait qu’ils sont revenus de l’au-delà.
A l’origine, il y avait une honorable série B réalisée en 1991 par Joel Shumacher, avec un casting de rêve : Julia Roberts (Erin Brokowitch), Kiefer Sutherland (24 Heures Chrono), Kevin Bacon (The Hollow Man), Oliver Platt (les Trois Mousquetaires) et William Baldwyn (Backdraft). Un film qui s’interrogeait autant sur l’ambition des étudiants en médecine, que sur la déontologie de vouloir à tout prix savoir ce qu'il se passe après la mort. Sans être exceptionnel, le film posait des bases d’un renouveau du film d’angoisse, moins gore, plus centré sur la psychologie, qui lui réussit finalement assez bien. Pour autant fallait-il en faire un remake ?
Aux vues du film réalisé par Niels Arden Oplev, un réalisateur Danois spécialisé dans les épisodes de séries telles que « Midnight Texas » ou « Mr Robot », la réponse est non ! D’abord parce que si le scénario de
Ben Ripley (Source Code) reprend les grandes lignes de l’original signé
Peter Filardi (Dangereuse Alliance), il ne ressemble qu’à un simple copié-collé sans grande âme et sans grande profondeur. Car, peut-être pour satisfaire une éventuelle envie d’emmener le film sur un terrain plus « Film d’Horreur », le scénario reste en surface et ne cherche pas vraiment à coller à une psychologie où l’ambition devient la surenchère d’un besoin viscéral d’obtenir des réponses aux questions de la vie et de la mort et pourquoi d'aller chercher un prix Nobel. Nous pouvons d’ailleurs aisément faire un rapprochement entre les personnages de la version originale et ceux de la nouvelle, et se rendre compte de ce qui a été enlevé, pour n’être pas ou peu remplacé par quelque chose de consistant. Ainsi il n’y a plus cette compétition presque cynique qui pousse les intervenants à repousser les limites de l’exploration, il n’y a plus de drames personnels qui pousse l’un des étudiants à s’interroger sur la mort et ce qu'il se passe derrière. Le réalisateur et son scénariste ont choisi de ne garder que le côté fade d’une rédemption tardive ou encore une culpabilité qui, dans cette nouvelle version, se révèle bien mal traitée.
Ajoutez à cela une mise en scène poussive avec des plans trop soigné pour être crédible ou trop académique pour pouvoir s’inscrire dans une véritable dynamique de narration. Sans parler de cette envie mal assumée de faire de « Flatliners », une sorte de film d’épouvante qui puisse rivaliser avec les productions de Jason Blum comme « Get Out », mais qui se prend le mur par une mise en scène qui oublie le sens du rythme en nous faisant croire qu’il innove.
Du coup, la distribution n’est jamais aussi fade que dans ce nouveau casting qui a bien du mal à faire oublier, l’ancien et même la présence en caméo de Kiefer Sutherland ne vient rien changer. Ellen Page (Juno) semble se demander ce qu’elle fait là et Diégo Luna (Rogue One) de tenter de faire croire à un personnage tout en profondeur alors qu’il en manque cruellement. A la différence de la version de Shumacher, la distribution ne semble pas avoir coûté cher et le résultat n’en n’est que plus décevant.
En conclusion, « L’expérience Interdite – Flatliners » est un remake aussi insipide qu’inutile, tant il n’arrive jamais à donner suffisamment de profondeur à son intrigue et encore moins à ses personnages. La mise en scène de Niels Arden Oplev manque de style et d’inventivité et le scénario se perd dans une absence d’effort évident en reprenant maladroitement certains traits d’écriture de l’original.