Sandrine, mariée depuis quinze ans, deux enfants, découvre que son mari Jean a une relation extraconjugale. Passé le choc, elle décide de rencontrer sa rivale, Virginie, et lui propose un étrange marché : prendre Jean en garde alternée. Les deux femmes se mettent d'accord et imposent à leur homme ce nouveau mode de vie.
La réalisatrice Alexandra Leclère qui avait déjà réalisé des comédies surprenantes comme : « Le grand Partage » ou encore « Maman » revient avec une nouvelle comédie au ton résolument démarqué de ce qui se fait dans la comédie française actuellement. Cette fois- ci elle prend à contre pied la comédie de boulevard en mettant le mari, la femme et la maitresse dans le même bain. Les dernières se partageant le mari comme des parents se partagent les enfants. Du coup s’ensuivent des situations qui ne sont pas forcément attendues et qui viennent prendre le spectateur à revers.
Alors évidemment, on peut toujours regretter que l’ensemble ne fonctionne pas toujours et que le public ne sache jamais vraiment où se situer dans ces situations aussi incongrues que déstabilisantes. Car il faut bien la réalisatrice a pour habitude de puiser dans ses propres souvenirs pour écrire un scénario ciselé au cordeau mais qui ne va pas toujours dans le sens de la comédie pur, avec des sujets pourtant porteurs de situations burlesques à souhait. Du coup, comme le studio ne sait pas forcément comment vendre ce type de film, le public en est pour une déception évidente.
Côté Mise en scène, la réalisatrice ne cherche pas à en mettre plein les yeux mais parvient avec beaucoup de maîtrise et de sens visuel à donner, à son film, une couleur, et une patine qui lui donne une ambiance légère et sombre qui vient appuyer cette frontière très fine entre comédie sentimentale et satyre sociale qui pourrait presque se prendre pour une œuvre féministe. N’allez pas y voir tout de même un chef d’œuvre, le film manque toutefois de puissance narrative et de dynamisme pour être totalement cohérent et répondre à e que l’on pouvait attendre d’un tel pitch. En fait, Alexandra Leclère ne semble jamais totalement décidée à aller aussi loin que le sujet pourrait l’emmener. Elle reste dans une zone de confort qui l’empêche d’être totalement convaincante, comme dans cette scène de soirée où Virginie (Isabelle Carrée) décide de reprendre les choses en main. Le résultat aurait dû être hilarant mais il retombe par manque d’ambition comme un soufflet raté.
Côté distribution même constat, les trois comédiens sont utilisés pour ce qu’ils ont déjà fait de nombreuses fois, à commencer par
Didier Bourdon (Le Pari) que l’on a déjà vu à de nombreuse reprise dans le rôle du mari volage qui se retrouve embourbé dans des situations rocambolesques. Même chose pour
Valérie Bonneton (La Ch’tite Famille) qui ne sort pas de son rôle de femme et mère de famille dévouée mais qu’un rien peut faire exploser, ou encore
Isabelle Carré (Respire) en femme douce et amoureuse qui peut se révéler vénéneuse pour un couple dont elle pique le mari.
En conclusion, avec « Garde Alternée », la réalisatrice Alexandra Leclère continue son exploration de notre société à travers ses errances. Mais par un manque de prise de risque évident ou d’ambition peut-être ne parvient jamais à trouver le ton juste pour donner à son film une direction qui embarque le public dans les aventures de ses héros.