60 Ans de carrière, trois générations de spectateurs, Jean-Paul Belmondo a tout joué, pris tous les risques. Sportif accompli en dehors des plateaux de cinéma, il va, à partir de « Cartouche » et de « L’Homme de Rio », conjuguer ses deux passions à l’écran, grâce à sa rencontre avec les cascadeurs Gil Delamare, Claude Carliez et bien sûr Rémy Julienne. Du tournage de « Peur sur la ville », du « Guignolo » ou du « Marginal », ce film revient sur ses cascades les plus célèbres et les plus dangereuses. Il montre aussi comment cette passion pour l’action a façonné son personnage à l’écran, laissant une trace indélébile dans le cœur des spectateurs. On découvre comment, sans se départir de son humour et apparente décontraction, Jean-Paul Belmondo a réalisé ces morceaux de bravoure à une époque où les effets spéciaux ne permettaient pas de tricher.
A notre époque où faire des cascades en France et, d’une certaine manière, se mettre en danger est tout simplement inenvisageable pour nos stars actuelles, le cas de Jean-Paul Belmondo est unique. Unique parce que cet acteur, star incontestée et adulée, particulièrement dans les années 70 et 80 a pris durant ces deux décennies une direction particulière dans sa carrière. Le comédien qui fut découvert par Godard et tourna dans des œuvres phares du cinéma français : « A bout de Souffle », « Un singe en Hiver » etc… se découvrit une passion pour les cascades avec une philosophie de vie surprenante : « Si ce n’est pas moi qui fait les cascades de mes personnages cela n’aura pas de sens à l’écran. Il s’est donc lancé à travers une série de films tous plus populaires les uns que les autres : « le professionnel », « Peur sur la Ville », « Flic ou voyou » etc, dans une course à la cascade la plus spectaculaire, quitte à donner des sueurs froides à ses partenaires de jeux qu’ils soient réalisateurs ou responsables des cascades.
La filmographie et le parcours de Jean Paul Belmondo ressemble à un grand terrain de jeu dans lequel l’acteur se lance des défis plus fous les uns que les autres. Bien avant Tom Cruise et ses filins de sécurité, « Bebel » à parcouru plusieurs stations de métro sur son le toit des rames, à fait plus de trente voyages en hélicoptère accroché à un filin, a dévalé une multitude d’escaliers en roulant, et j’en passe et des meilleurs. Le tout simplement par une mise en place minutieuse du plan de tournage et une orchestration d’orfèvre des cascades par les maitres français du genre. Jamais rechigneur, l’acteur, aussi producteur du film s’est lancé dans une course aux défis qui ne s’arrêtèrent que lorsque le public sonna la fin de la récréation.
Le réalisateur Jérôme Wybon auteur de nombreux documentaires sur le cinéma et de making of, reprend les témoignages d’archives et de nouvelles interventions de réalisateurs ou de collaborateurs de Belmondo, la carrière film d’action de cet acteur absolument inclassable mais source d’inspiration pour de nombreux acteurs actuels. Jamais dans la symbolique du dieu vivant, il ressort tout de même de ce documentaire assez court il faut bien le dire, une certaine admiration, non pas pour l’acteur mais pour l’homme qui porta ses projets et assuma tous les dérapages liés à ses propres cascades avec un professionnalisme touchant. Avec des extraits de tournage qui viennent mettre en lumière toutes les difficultés que peuvent engendrer certaines séquences, au risque de se blesser, ce qui de temps en temps, Belmondo y apparaît comme quelqu’un de cordiale, joueur, drôle et en même déterminé à tenir le rôle qu’il s’est imposé.
En conclusion, « Belmondo, le Goût du risque » n’est pas à proprement parlé une leçon de cinéma, mais c’est en tout cas un très bel exemple d’humilité et de lucidité d’un acteur qui assuma avec un grand professionnalisme et un gout du risque évident des cascades impressionnantes qu’il serait impossible refaire maintenant sans une floppée d’assurances et de doublures en tout genre.